Parc de Dunkerque dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal
En déambulant dans le parc de Dunkerque, à Montréal, le promeneur curieux est en droit de se demander pourquoi un tel nom désigne cet espace vert et pourquoi la rue qui longe le parc porte, elle, le nom de Chemin de Dunkirk. En réponse à sa dernière interrogation, on lui dira que le spécifique Dunkirk (version anglaise) est en usage depuis 1953 pour désigner la voie de circulation, celle-ci se prolongeant dans la ville voisine de Mont-Royal sous la même forme écrite, et qu’on a voulu ainsi assurer la continuité.
Par ailleurs, on ajoutera que, présent dans le paysage montréalais depuis 1967, le chronyme Dunkerque, venant du néerlandais dunkerke, signifiant église des dunes, se veut un rappel du rôle historique de la ville portuaire française du même nom, notamment dans la première année de la Seconde Guerre mondiale. Dunkerque, actuellement sous-préfecture du département du Nord, située à quelques kilomètres de la frontière avec la Belgique et à environ 60 kilomètres au nord-ouest de Lille, fut autrefois une possession des comtes de Flandre, puis, au XVIe siècle, passa sous domination espagnole.
Conquise en 1658 par l’armée du vicomte Henri de Turenne, Dunkerque fut immédiatement donnée à l’Angleterre, alors alliée de Louis XIV, pour revenir définitivement à la France en 1659, au Traité des Pyrénées. Point stratégique sur la côte de la Mer du Nord, elle ne cessa toutefois d’être l’objet d’agressions de la part des Anglais et ce, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
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Base navale et militaire de première importance, l’agglomération dunkerquoise subit de nombreux bombardements lors de la Grande Guerre (1914-1918). La ville reçut la Légion d’honneur en 1919, témoignage véritable de ce qu’elle avait enduré au cours de ces violents combats. L’une des pages déterminantes de son destin, qui est d’ailleurs l’objet de la commémoration toponymique à Montréal, ce joua en mai-juin 1940. Les troupes allemandes encerclaient complètement la ville. Des centaines de milliers de soldats alliés refluaient de Belgique vers Dunkerque, craignant de tomber prisonniers.
Les Allemands s’apprêtaient à donner l’assaut, lorsqu’Adolf Hitler ordonna à ses blindés qui se dirigeaient vers Dunkerque de changer de direction. Cette décision surprenante permit ainsi à des milliers de navires d’évacuer, entre le 24 mai et le 4 juin 1940, au moins 224 000 Anglais, 111 000 Français et un certain nombre de Belges vers l’Angleterre, malgré le pilonnage de l’artillerie et le bombardement de l’aviation allemande. On considère cet exploit comme l’un des plus héroïques de la guerre, voire comme un miracle. Néanmoins, cela n’empêcha pas Dunkerque de tomber le 4 juin et de demeurer entre les mains des Allemands jusqu’en 1945.
Illustration : Parc de Dunkerque. Photo de GrandQuebec.com.
Coordonnées du parc de Dunkerque :
2900, avenue Kirkfield
Montréal (Québec).