Monts Notre-Dame
Les monts Notre-Dame, qui comprennent les monts Chic-Chocs, forment la partie des Appalaches, sur la rive droite du Saint-Laurent, qui s’étend de l’Estrie jusqu’en Gaspésie. Il est vraisemblable de penser que Jacques Cartier ne serait pas étranger à la création de ce nom de lieu, ayant découvert le massif gaspésien le 15 août 1535, jour de l’Assomption : « Le lendemain jour Notre Dame d’août XVe… eûmes connaissance de terres qui nous (apercevons) vers le sud qui est une terre à hautes montagnes à merveille).
Au cours de l’automne 1535, Jacques Cartier désigne ces reliefs sous le nom de « hautes montagnes de Honguedo ». Le toponyme Monts Notre-Dame s’est implanté rapidement au XVIe siècle. Dans sa « Cosmographie » (1544), le pilote Jean Fonteneau, dit Alfonse de Saintonge mentionne quatre fois « monts Notre-Dame » et « cap des monts Notre-Dame » pour identifier cette chaîne. Il en va de même sur les cartes de Mercator (1569) et de Wytfliet (1597).
Pierre Boucher donne une autre extension à Monts Notre-Dame en 1664 : « Depuis l’Isle Percée, qui est à l’embouchure du fleuve, jusque vis-à-vis de Tadoussac du côté du Sud, que les navires fréquentent quand ils montent à Québec, toutes les terres paraissent hautes, et la plupart grandes montagnes : c’est ce qui a donné le nom aux Monts Notre-Dame ».
Au XVIIe siècle, on baptisait symboliquement les nouveaux arrivants lorsqu’en doublait ces montagnes : « Tous ceux qui viennent en la Nouvelle-France, connaissent assez les Monts de Notre-Dame, parc que les Pilotes et les Matelots étant arrivés à l’endroit du grand fleuve, qui répond à ces hautes montagnes, baptisent ordinairement par récréation les nouveaux passagers, s’ils de détournent par quelque présent l’inondation de ce baptême, qu’on fait couler en abondance dessus leurs têtes » (Relation des Jésuites de 1648).
D’autres noms ont été en usage pour caractériser, en tout ou en partie, cette chaîne de montagnes : mont Louis, Les Monts Louis, Monts Sainte-Anne, Albany Ridge. L’utilisation régionale du toponyme apparaît en particulier dans le nom de la seigneurie de la Grande-Vallée-des-Monts et dans celui de Sainte-Anne-des-Monts.
Selon le « Répertoire toponymique du Québec », les monts constituent la partie des Appalaches qui s’étend de la région de la Beauce jusqu’à Gaspé. En effet, cette nomenclature toponymique indique que le point prélevé approximativement au centre géographique de ce massif est situé à 68 degrés de longitude ouest, ce qui est à la hauteur de la ville de Mont-Joli, dans le Bas-Saint-Laurent.
Cependant, les avis restent partagés sur la limite méridionale de cette masse orographique, l’unanimité étant loin d’être faite sur ce sujet.
Pour certains, les monts Notre-Dame s’étendent au sud-ouest jusqu’à la frontière du Québec avec les États du New Hampshire et du Vermont. Ainsi, J.-C.-K Laflamme, géologue et professeur à l’Université Laval, leur avait donné cette extension dans son étude « Les Montagnes Notre-Dame et les Chic-Chocs », publiée en 1909. De même, l’Atlas-Géographique, célèbre manuel scolaire du Québec, publié par les Frères Maristes en 1923, et qui a connu plusieurs éditions et réimpressions jusque vers les années 1950, leur avait attribué également cette limite sud-ouest.
Ce manuel écrit notamment que : « Les Monts Notre-Dame qui se séparent des Alléghanys (les « Appalaches » dans des éditions ultérieures) à la hauteur du lac Champlain se dirigent vers le nord-est, jusqu’en face de Québec, où ils apparaissent, pour aller former, un peu plus loin, le massif des Chic-Chocs. À l’entrée de la péninsule de la Gaspésie, la chaîne des monts Notre-Dame se divise en deux dont l’une, les monts Chic-Chocs suit la rive du Saint-Laurent, tandis que l’autre forme la limite sud d’un massif assez élevé, connu sous le nom de Plateau de la Gaspésie ».
Pour d’autres, les monts Notre-Dame ont pour limite méridionale le lac Memphrémagog. Ainsi le « Dictionnaire Larousse édité par la librairie Beauchemin, en 1948, et le Belisle de 1974 leur donnent cette extension. Dans son étude « Les Monts Notre-Dame, publiée en 1968 par la Société historique de la Côte-du-Sud, l’abbé Adrien Caron partage aussi cette opinion.
Canton Joncas
Situé dans les monts Notre-Dame à quelque kilomètres au nord-ouest de Grande-Rivière, ce canton, proclamé en 1936, fait partie de la MRC de Rocher-Percé. Il est traversé par la Grande Rivière que ses embranchements, la Grande Rivière Nord et la branche de l’Est, rejoignent au lieu-dit des Trois-Fourches. Le toponyme commémore depuis 1928 Louis-Zépirin Joncas (1846-1903), originaire précisément de Grande-Rivière. Président de la Commission internationale des pêcheurs dès 1873, il deviendra shérif du comté de Gaspé en 1876 et occupera cette fonction pendant une douzaine d’années. Député conservateur à la Chambre des communes de 1887 à 1896, il sera par la suite surintendant de la Pêche et de la Chasse dans le gouvernement provincial. Auteur d’un grand nombre d’articles sur la pêche et de pamphlets de caractère politique, souvent signés de pseudonymes, Joncas fut pendant plusieurs années membre correspondant de la célèbre Smithsonian Institution de Washington.
Canton Le Clerq
| 15 km au sud-est de Matane et au cœurs des monts Notre-Dame, se retrouve le territoire de ce canton qui est ponctué de sommets, notamment les monts Pointu, Craggy et Blanc, entre lesquels s’insèrent les lacs Beaulieu et Pérot de même que les étangs Tallard et de la Montagne. La désignation de ce canton, qui remonte à 1916, souligne l’œuvre missionnaire du père récollet Chrestien Le Clerq (1641-vers 1700). Débarqué à Québec en 1875, le religieux se rend à Percé dès l’automne de la même année où il y sera missionnaire jusqu’en 1686, année où il préside la bénédiction de la petite église et fait ses adieux aux Micmacs, avant de retourner en France au début de 1687. Entre-temps, le père Le Clerq avait passé quelques hivers à Québec, à Montréal et à Sorel. Avec l’agrément de ses supérieurs, il compose deux importants ouvrages qui seront tous deux publiés à Paris en 1691 et qui ont connu un grand succès.
La « Nouvelle Relation de la Gaspésie » traite des Micmacs qu’il appelle « Gaspésiens », décrit leurs mœurs et leur territoire, que l’auteur est le premier à appeler Gaspésie. L’autre ouvrage, intitulé « Premier établissement de la Foy en Nouvelle-France », fut réimprimé la même année à Lyon et il connut une seconde édition dès l’année suivante. Il s’agit d’une histoire des missions de 1645 à 1691, dans laquelle l’auteur critique volontiers la propagande excessive que renferment, selon lui, les « Relations de Jésuites », largement diffusés en France et qui mettaient souvent en cause les Récollets. Proclamé en 1916.
À lire aussi :
