
Au-delà du bois et des arbres – Écosystèmes forestiers
Toutes les composantes de l’écosystème, incluant les humains, doivent être considérées comme partie intégrante du processus de planification de l’aménagement forestier. Il faut aussi travailler pour assurer la protection et le maintien de la diversité biologique.
La foresterie québécoise n’est plus ce qu’elle était, mais elle n’est pas encore ce qu’elle devrait être ! Les défis de la foresterie d’aujourd’hui ne résident pas dans la résolution de questions tech niques complexes mais plutôt dans la résolution des conflits croissants sur les valeurs asso liées à la forêt.
Cependant, l’acceptabilité sociale des pratiques forestières n’exige pas seulement que ces pratiques soient compatibles avec les valeurs dominantes de la société, elle nécessite aussi que la confiance du public envers les gestionnaires forestiers soit restaurée. Pour y arriver, les gestionnaires devront faire la preuve qu’ils ne détruisent pas les écosystèmes forestiers. Gardons toujours en mémoire que les arbres sont plus que du bois et que les forêts sont plus que des arbres…
Actuellement, la plupart des scientifiques voient l’aménagement écosystémique comme le meilleur moyen pour maintenir à la fois, la diversité des espèces animales et végétales, les différentes composantes de l’écosystème et la production soutenue de produits forestiers commerciaux.
L’aménagement écosystémique intègre les principes de la gestion intégrée des ressources mais va encore plus loin sur le plan environne mental. Ce type d’aménagement diffère de la philosophie de l’utilisation multiressources des années 60 et 70 dans le fait que toutes les composantes de l’écosystème, incluant les humains, doivent être considérées comme partie intégrante du processus de planification de l’aménagement. Cette nouvelle forme d’aménagement exigera cependant des gestionnaires forestiers une plus grande ouverture aux autres ressources, aux autres valeurs et aux autres professionnels.
Travail d’équipes La prise en compte des autres ressources et valeurs de la forêt dans la planification nécessitera bien des ajustements. Les fores tiers ne pourront plus, faire cavalier seul comme avant. À l’instar des autres juridictions canadiennes et américaines, ils devront travailler en collaboration avec d’autres spécialistes tels que des sociologues, des récréologues, des géographes et des biologistes.
Ces équipes multidisciplinaires permettront ainsi un enrichissement de la planification non seulement à l’échelle du peuplement forestier mais aussi à l’échelle du paysage afin d’y intégrer la notion de biodiversité. Par paysage, on entend ici une échelle géographique suffisamment grande pour que la forêt puisse être modelée ou aménagée.
La protection et le maintien de la diversité biologique, ou biodiversité, n’est pas une nouvelle lubie des scientifiques. C’est à la fois une réalité préoccupante et une responsabilité collective que nous devons partager en tant que citoyens peu importe notre statut ou nos fonctions. Il est vrai que la biodiversité est un concept complexe dont on ne maîtrise pas toute la connaissance. Toutefois, ce n’est pas une raison valable pour ne pas s’en préoccuper sérieusement et rapidement.
La biodiversité s’exprime de différentes façons et à différentes échelles. Au Québec, la biodiversité en milieu forestier se caractérise entre autres par différentes sortes de forêts (résineuses, feuillues ou mélangées), dans lesquelles on retrouve différents types d’habitats et différentes espèces, animales ou végétales, qui sont parfois communes et abondantes mais qui, dans certains cas, peuvent être rares, vulnérables et même menacées.
Biodiversité
Cela étant dit pourquoi les scientifiques québécois et les gestionnaires gouvernementaux doivent-ils s’inquiéter pour la biodiversité? Par nos activités, nous modifions parfois profondément les habitats et quelquefois, de façon irréversible. Actuellement le Québec ne compte pas encore d’espèce menacée par l’exploitation forestière. Cependant il y a des exemples dans d’autres pays nordiques qui suggèrent que la situation québécoise pourrait se détériorer si nous ne réagissons pas adéquatement.
En Scandinavie, des inquiétudes ont été soulevées quant à la réduction de populations de plusieurs es pèces d’oiseaux. Selon les scientifiques, cela serait le résultat de la simplification de la structure des forêts dans les peuplements aménagés qui ont remplacé les peuplements naturels, plus diversifiés à l’origine.
Comme nous ne désirons pas «artificialiser» nos forêts, nous devons mettre en œuvre des pratiques forestières plus proches de la nature. Un aménagement forestier qui s’inspirera de la nature implique l’établissement de pratiques forestières qui favorisent la régénération naturelle et le respect de la dynamique naturelle des peuplements. En forêt boréale, la répartition et la superficie des coupes devraient s’inspirer du régime de perturbations naturelles (feux, épidémies d’insectes, chablis) mais tenir compte aussi de l’occupation et de l’utilisation actuelle et prévisible du territoire par fa population.
De plus, les gestionnaires devraient mettre autant l’accent sur les caractéristiques de fa forêt résiduelle (lisières boisées, blocs forestiers, massifs forestiers, interconnexion entre ces éléments) que sur les caractéristiques des coupes (dimension et forme des coupes, méthodes d’exploitation). En effet, la forêt résiduelle joue un rôle extrêmement important dans les secteurs récemment perturbés. Selon sa dimension et sa forme, elle servira de refuges biologiques pour certaines espèces et de foyers d’ensemencement pour d’autres, d’écrans visuels, de couloirs de déplacement, de lieux de récolte de plantes médicinales ou de chasse aux petits et gros gibiers.
Il ne fait aucun doute que les Québécoises et les Québécois sont attachés à leur forêt et qu’ils y tiennent de plus en plus. Ils expriment cet intérêt en profitant de l’attrait des paysages, en fréquentant la forêt pour des activités très diverses et en exploitant ses multiples ressources. Cet intérêt populaire pour la forêt se manifeste aussi par la volonté de participer aux décisions relatives à son aménagement, à sa protection et à la gestion de ses ressources. Même si fa coupe forestière a été un sujet très controversé au cours des dernières années, il faut poursuivre l’aménagement de nos forêts mais en utilisant des alternatives qui assurent le maintien de la diversité biologique, tout en étant socialement acceptables et économiquement réalistes. Ces alternatives existent, exigeons des !
Par Nathalie Perron.
(Texte daté du 26 mai 2001).

Depuis la publication de cet article, 20 ans se sont écoulés. Une coïncidence, il y a exactement 20 ans, j’ai commencé à travailler à l’école publique. Le gaspillage du papier y était énorme et insensé.
Je n’ai vu aucun changement depuis 20 ans. Un/e enseignant/e fait 5000 copies par année. Dans une seule petite école de 400 élèves et 36 enseignants, 180 000 copies par années s’envolent en fumée (façon de parler). Des forêts entières à abattre pour un service éphémère de 20 minutes faute de manuels bien adaptés. Et cette pratiques est avantagée et même exigée au nom d’adaptation scolaire.