Célébrer la forêt sous toutes ses formes
Une fête, une forêt
l’été sera le temps donné en Mauricie pour souligner comment une région s’est construite en s’appuyant sur sa principale ressource naturelle. Le bois en héritage.
La Mauricie n’est pas encore sortie du bois. Après que Trois-Rivières, sa ville la plus importante, eut porté le triste titre de capitale nationale du chômage, voilà que la région s’est vu affublée d’une nouvelle étiquette, mais beaucoup plus enviable.
C’est l’Association forestière de la Vallée du Saint-Maurice qui a longuement tergiversé pour que la Mauricie devienne, pendant toute l’année 2001, capitale forestière canadienne. Il suffit à peine de monter dans l’arrière-pays trifluvien ou de faire le long trajet qui mène jusqu’à La Tuque pour réaliser à quel point l’industrie forestière demeure un moteur important de l’économie régionale. Aux quatre coins de la Mauricie, la forêt se veut omniprésente et son impact positif sur l’emploi de la région est indéniable. Les milliers de travailleurs et les millions de dollars rattachés à l’exploitation forestière ainsi qu’à la transformation de la matière ligneuse sont loin d’être négligeables.
L’idée lancée par l’Association forestière de la Vallée du Saint-Maurice de poser la candidature de la Mauricie au titre de Capitale forestière canadienne pour l’an 2001 s’avère des plus justifiées. Vrai que les promoteurs misaient sur le fait qu’aucune ville ou région québécoise n’ait obtenu ce titre depuis 1993. Mais la réalité forestière de la Mauricie reste tout de même le meilleur atout pour remporter la palme. La Mauricie sera donc reconnue, l’espace d’un an, comme centre de l’univers forestier canadien.
«C’est un titre bien mérité, car les forêts constituent un héritage de grande valeur et contribuent toujours fortement au développement économique de la région, souligne Marc Bergeron, directeur général de l’événement. Nous voulons faire reconnaître la Mauricie comme une zone forestière majeure au pays, susciter la fierté des travailleurs et encourager la relève, mais aussi sensibiliser la population à l’importance de la forêt et de ses produits dans la vie quotidienne.
Un événement, une fête
Le programme des activités promet d’être assez diversifié : visites d’industries, de chantiers et de centres de recherche, activités forestières comme la plantation d’arbres et ateliers d’arboriculture. Des activités éducatives, de même que sportives et de loisirs (chasse et pêche, course de canots) seront aussi organisées en parallèle avec des activités thématiques (congrès, colloques).
«Nous célébrons la forêt sous toutes ses formes. Pour la Mauricie, cette année sera remplie de nature», note M. Bergeron. Et la forêt sera aussi synonyme de culture. De mai à octobre, 24 musées, centres d’interprétation, lieux historiques et centres d’exposition de la Mauricie et du Centre-du-Québec proposeront au public des expositions sur le thème du bois. Cette manifestation culturelle constitue le plus grand projet de réseautage muséologique au Québec.
Pour ses promoteurs, ce projet structurant aura non seulement un effet mobilisateur au sein de la région mauricienne, mais celle-ci bénéficiera du même coup d’une fenêtre privilégiée dans tout le pays et même à l’étranger. Plusieurs organismes tant forestiers, culturels, municipaux que touristiques ont déjà manifesté leur intérêt à tenir des activités sous le thème retenu « La forêt, notre héritage, le cœur de notre avenir ». Et quand on considère l’ampleur de cette ressource, pareille initiative s’avère pleinement justifiée.
Caractéristiques d’une forêt
Mais qu’en est-il de cette forêt? En fait, on sait qu’elle est principalement composée en Mauricie de peuplements résineux (36 %) et de peuplements mélangés (35 %). Les feuillus y étant présents pour 17 %, le reste du territoire est en voie de régénération. Près de 80 % du territoire relève du domaine de l’État alors que 88 % du territoire public est constitué de terrains forestiers. Quelque 2,8 millions de mètres cubes de bois ont été récoltés par les détenteurs de contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestier (CAAF) en 1999 sur une possibilité forestière annuelle de quatre millions de mètres cubes. Ce sont 20 000 hectares qui ont fait l’objet de coupes avec protection de la régénération et des sols (CPRS), alors que la coupe partielle a été pratiquée sur près de 4000 hectares. Les détenteurs de CAAF ayant l’obligation de régénérer les superficies récoltées pour assurer le renouvellement des forêts, ce sont environ 12,7 millions de plants qui ont été reboisés en sol mauricien afin de donner un coup de pouce à Mère Nature là où la régénération était insuffisante. C’est sur un peu plus de 6700 hectares que ces plants ont été mis en terre. Par ailleurs, la forêt est privée à 14 %, et partagée entre 6600 propriétaires forestiers. Parmi ceux-ci, 2100 détiennent leur statut de producteurs forestiers actifs. Quant à l’acériculture, on y trouve 166 exploitations sur terre privée et 37 sur terres publiques, pour une superficie totale de 2340 hectares exploités.
Une industrie génératrice d’emplois
Les grandes industries forment un noyau important de l’économie régionale. La fabrication du bois d’œuvre, du papier et l’aménagement des forêts sont des activités économiques de premier rang en Mauricie.
En 2000, l’exploitation forestière et les services forestiers fournissent de l’emploi à 1370 personnes en Mauricie, ce qui représente environ le quart de l’emploi total de l’industrie primaire de la région. La transformation des ressources forestières, quant à elle, constitue un élément majeur de la structure manufacturière régionale. En effet, plus de 35 % de l’emploi manufacturier se concentre dans l’industrie du bois et du papier.
Plus d’une centaine d’établissements spécialisés dans la transformation des produits forestiers fournissent de l’emploi à 7210 personnes. En tenant compte des 1600 emplois de l’industrie du meuble, la transformation des ressources forestières occupe en tout 44 % de la main-d’œuvre manufacturière de la région.
Les usines de première transformation dominent l’industrie régionale des produits forestiers. L’industrie du papier et des produits connexes occupe une place prépondérante en première transformation avec plus de 4000 emplois répartis dans seulement huit établissements. En tenant compte des usines de bois de sciage, de panneaux OSB et de placage, on parle de près de 5300 emplois en première transformation. De plus, quelque 67 établissements composent le secteur de la deuxième transformation des produits forestiers en Mauricie.
Ce secteur compte environ 1900 emplois dont 80 % dans la deuxième transformation du bois, les 20 % restants se trouvant dans la seconde transformation du papier et des produits connexes. Les MRC les plus nordiques regroupent principalement la main-d’œuvre affectée à l’aménagement forestier alors que les emplois manufacturiers se trouvent principale ment dans les agglomérations urbaines. Et si la forêt c’est l’industrie des produits forestiers, elle est également l’industrie récréotouristique du plein air. Polyvalente, la forêt remplit à la fois des fonctions sociale, économique et écologique. On n’a qu’à penser à la division de la région en aires communes où plusieurs industriels s’approvisionnent et s’assurent de remettre le couvert forestier en production pour un rendement soutenu. Ou encore à cette concertation avant-gardiste avec les différents utilisateurs de la forêt dont, entre autres, les pourvoyeurs. L’apport de la forêt mauricienne est donc important dans la promotion touristique de la région. Chasse, pêche, villégiature, motoneige, canot-camping, camping rustique, auto-cueillette et excursions d’aventure sont quelques-unes des nombreuses activités inscrites au répertoire qui génèrent des retombées économiques et touristiques des plus significatives.
Faire revivre la rivière Saint-Maurice
C’est aussi sans compter qu’avec la fin du flottage, l’industrie forestière et la communauté régionale ont uni leurs efforts pour assainir la qualité de l’eau du bassin de la rivière Saint-Maurice. À tout cela vient finalement s’ajouter la contribution de maisons d’enseignement et de centres de recherche en pâtes et papiers. Et les choses bougent encore. Depuis une quinzaine de jours, la compagnie Kruger est officiellement propriétaire de l’usine Wayagamack qu’elle a acquise au coût de 58 millions de dollars.
Même si la haute direction a réaffirmé la volonté ferme d’en faire un complexe de fabrication de papiers couchés légers d’ici deux à quatre ans, soit le temps d’effectuer des travaux de réfection, elle n’exclut pas la possibilité de conserver certaines lignes de production actuelles. Pour la papetière, c’est une présence de plus de 25 ans à Trois-Rivières. Avec ses 1250 travailleurs et le milliard de dollars injectés en plus d ’ un quart de siècle pour moderniser les équipements et en ajouter de nouveaux, sa participation au développement du milieu est indéniable. D’ailleurs, l’industrie papetière de l’agglomération trifluvienne occupe une place prépondérante dans la MRC de Francheville. Et c’est sans compter que d’autres activités liées à la ressource forestière contribuent aussi à l’économie, à l’essor régional et à la qualité de vie de la population.
Au nord, les entreprises de transformation de la matière ligneuse occupent 95 % de la main-d’œuvre manufacturière de la MRC du Haut-Saint-Maurice. À cela viennent s’ajouter la cinquantaine d’entreprises qui travaillent en forêt et procurent de l’emploi à près de 1000 personnes. Dans la région, cette MRC se classe au premier rang en matière d’exploitation forestière, suivie des MRC de Mékinac et du Centre-de-la-Mauricie.
