Bois Beckett
La population de Sherbrooke jouit d’un privilège exceptionnel, pour une population urbaine en trouvant sur son territoire une forêt naturelle d’une étendue respectable telle que le Bois Beckett.
En effet, du point de vue écologique, même pour les gens qui ne la fréquentent pas, la proximité d’une telle forêt, facilement accessible, constitue une ressource majeure pour l’ensemble de la population.
Le 21 juillet 2000, le ministère des Ressources a confirmé le Bois Beckett à titre de Forêt ancienne et écosystème forestier exceptionnel. On fait ainsi état d’une vieille érablière à hêtre sur une superficie de six hectares où l’on retrouve aussi quelques concentrations de pruches. À noter qu’l n’existerait au Québec que deux forêts anciennes en milieu urbain, l’autre étant le boisé Papineau situé à Laval.
Ce site rappelle la famille du Major Henry Beckett (1799-1870) et sa femme Caroline, venue du Hamphsire, en Angleterre, et établie à Sherbrooke vers 1812. Participant activement à l’activité économique de la région, le Major Beckett ouvre une carrière et une briqueterie. C’est lui qui produit les premières briques originaires de la région. Ces briques ont été utilisées pour les premiers édifices de l’Université Bishop.
Vers 1834, Henry Beckett achète cent acres de boisé dans le Canton Orford qui comprend le Quartier Nord de la ville de Sherbrooke. Ensuite, il acquiert le reste des 200 acres. La famille Beckett défriche 120 acres et le reste, qui comprend une érablière, est laissé en boisé. Plus de 900 livres de sucre d’érable y sont produits chaque année. Après le décès du Major Beckett, l’inventaire contient une maison, deux granges, un hangar et une écurie. M. Frederick James Beckett (1844-1922), un fils de Henry Beckett, assura la relève de la terre familiale. En 1885, il fait construire la maison The Willows, au bout de l’allée principale qui est bordée de saules.
Des vestiges des fondations de la famille Beckett sont encore visibles, de même qu’un puits ancien.
Les droits de propriété du boisé Beckett demeureront dans la famille Beckett jusqu’en 1963 alors que la ville de Sherbrooke en fait l’acquisition, ce qui met temporairement le boisé à l’abri des spéculateurs fonciers.
La forêt du Bois Beckett abrite de nombreux oiseaux qui représentent environ 130 espèces, recensées par des ornithologues depuis 1960 jusqu’à nos jours. Plus d’une centaine d’espèces nichent ou fréquentent ce site, souvent lors des migrations : ce qui en fait un lieu tout indiqué pour les sorties ornithologiques. Ainsi, la renommée du Bois Beckett dépasse largement Sherbrooke et d’un peu partout au Québec, des groupes d’ornithologues viennent le visiter.
Parmi les espèces les plus observées, on peut citer le Grand Pic qu’on surprend souvent en train de marteler un vieux tronc d’arbre ; le Pic maculé et le Pic chevelu ; la Chouette rayée ; la Mésange bicolore ; la Mésange à tête noire; la Gélinotte huppée; le Tyran huppé; le Viréo aux yeux rouges ; le Merle d’Amérique ; le Troglodyte mignon ; la Grive des bois ; le Cardinal à poitrine rose ; le flamboyant Tangara. À tous les printemps et à tous les automnes, on peut assister à la migration de plusieurs espèces qui sont de passage avant de s’envoler vers d’autres régions.
Quant à la flore, le boisé Beckett offre un grand éventail de plantes herbacées. Dès les dernières traces de neige disparues, certaines plantes percent le couvert végétal encore encombré des feuilles mortes de l’automne précédent. Elles font leur apparition dès le début et leur floraison se poursuit jusqu’à l’automne. On peut citer le Trille dress, l’Érythrone d’Amérique, l’Aralie à tige nue – salspareille, l’Ariséma rouge foncé – Petit prêcheur, le Maïenthème du Canada, la Tiarelle cordifoliée, le Médéole de Virginie, la Clintonie boréale, le Lycopode claviforme, le Sceau-de-Salomon pubescent, la Smilacine à grappes, le Streptope rose, la Trientale boréale, la Gaulthérie couchée (thé des bois), le Coptide du Groënland, le Pyrole elliptique, l’Airelles, l’Actée à gros pédicelles, l’Oxalide dressée et l’Oxalide de montagne, les Ronces, le Fraisier de Virginie, la Vigne vierge, le Gaillet, la Benoîte des ruisseaux, la Vesce jargeau, le Pigamon dioïque, le Pissenlit officinal et plusieurs autres plantes. Des a arbres et arbustes, citons l’Érable de Pennsylvanie, l’Érable rouge, l’Érable à sucre, l’Aulne rugueux, l’Amélanchier, les Bouleaux jaune, gris et blanc, le Cornouiller stolonifère, les Frênes noir et d’Amérique, le Mélèze laricin, l’Épinette blanche, les Cerisiers de Pennsylvanie et de Virginie…
La destination du Bois Beckett est d’être un lieu où l’on puisse jouir en paix de contact direct avec la nature. Le Regroupement du Bois Beckett s’est donné donc pour rôles premiers d’assurer la conservation et la gestion du site afin de préserver le caractère naturel de ce site et de s’assurer que ses adeptes puissent y marcher et y passer un moment dans des conditions leur permettant d’y regarder, entendre et sentir sans être incommodés par des éléments incompatibles avec cette destination. L’organisme veut assurer la tranquillité des usages dont la randonnée et l’observation de la nature et protéger le Bois Beckett de la pression exercée par le développement urbain, en exerçant une vigie sur l’activité politique afin de contrer des décisions qui seraient nuisibles à cette forêt ancienne. Le Regroupement du Bois Beckett entreprend de nombreuses actions pour protéger ce milieu, entre autres, la formation d’un club de marche; l’établissement d’un partenariat avec la communauté universitaire et collégiale afin de faire connaître le Bois Beckett aux étudiants et élèves; la mise en place des panneaux éducatifs à l’intention du grand public ; le développement des produits promotionnels ; l’amélioration de la signalisation aux entrées du Bois Beckett ; une surveillance accrue durant la saison estivale, etc.
Pour en apprendre plus sur le Bois Beckett et les activités proposées par le Regroupement du Bois Beckett, rendez-vous au site Web Boisbeckett.org.
Voir aussi :
- Ville de Sherbrooke
- Parcs de Sherbrooke