Le temps où les parents choisissaient eux-mêmes le mari de leur fille est depuis longtemps révolu
(Extrait du Courrier de Colette, le 4 décembre 1935)
Demande : Je connais une jeune fille qui reçoit depuis des années un garçon pauvre, sans métier et qui ne possède, sauf deux bras, aucun moyen de gagner sa vie. Elle ne voit pas le jour où elle pourra se marier, son amoureux ne gagnant pas suffisamment, mais elle continue de le recevoir. S’étant attachée à ce jeune homme elle n’a pas le courage de le renvoyer; ce serait un chagrin pour lui autant que pour elle, du reste. Elle sait trop bien pourtant que les années passent, que sa jeunesse s’écoule et qu’advenant la mort de ses parents, elle se trouverait comme l’oiseau sur la branche.
Mais, la mère n’a pas fait l’éducation de sa fille à ce sujet. Le premier garçon qui a voulu s’occuper d’elle a été bien vu. Au début, on trouvait moyen de faire son éloge et de lui attribuer des qualités même qu’il ne possédait pas.
Il a fallu des années avant que le bandeau tombe des yeux. Et. ce n’est qu’avec l’âge et à l’école, des autres que le pauvre enfant a appris à regarder le côté pratique et qu’elle a compris qu’on ne peut se marier et vivre heureuse avec un sans le sou.
Puisque les mères ont une certaine connaissance de la vie pourquoi n’enseignent-elles pas à leurs enfants qui s’éveillent à l’amour qu’au lieu de se jeter a la tête du premier venu, elles font mieux d’attendre le brave garçon qui, en même tempi que son cœur, pourra offrir quelques garanties pour l’avenir? Quand on est jeune on a besoin d’être conseillé, dirigé, guidé. Plaignez-vous celles qui ne le sont pas ou qui le sont trop tard? (Signé).
Réponse: Oui, certes! Mais je pense aussi que la direction doit être prudente et que, dans le cas que vous soumettez, il n’y a pas à incriminer la mère. S’il est nécessaire en effet, de mettre en garde les jeunes filles contre un mauvais choix, il peut être fort dangereux de tuer en elles l’idéal et de les tourner trop brutalement vers les considérations exclusivement maternelles. Si le garçon en question était jaloux, ivrogne, paresseux, débauché ou dégénéré, je penserais comme vous que dés le début les parents auraient dû intervenir. Mais il n’est que pauvre. Beaucoup d’autres ont été pauvres à vingt ans qui sont millionnaires aujourd’hui; beaucoup surtout ont eu assez de leurs deux bras pour acquérir de quoi faire vivre heureusement la femme de leur choix. Si la crise n’était venue, qu’une simple mère de famille ne pouvait deviner, il est fort probable que votre jeune amie serait aujourd’hui mariée depuis plusieurs années.
Il n’est pas plus difficile d’aimer un garçon riche qu’un pauvre diable, disait un jour un père à sa fille. Sans doute, mais il y a moins de garçons riches que de pauvres diables et, toute proportion gardée, il y a plus des seconds qui arrivent a la fortune qu’il y en a des premiers qui savent conserver et que leur père a gagne Au surplus, il es: loin d’être prouvé que l’amour sans argent est plus propre à faire le bonheur d’une femme que l’argent sans amour.
Lorsque la jeune fille atteint l’âge du mariage, que sa mère la mette délicatement eu garde contre la faiblesse de son propre cœur, qu’elle lui fasse penser que du choix qu’elle fera dépendre le bonheur de sa vie, qu’elle j’éclaire même sur la confiance mitigée avec laquelle on doit accueillir les propos des jeunes gens, fort bien. Mais, je ne pense pas qu’il soit bien opportun de lui représenter qu’un sac d’écus vaut mieux que deux bras vaillants au service d’un cœur honnête et d une volonté énergique.
Si la jeune fille qui reçoit depuis dix ans le même admirateur s’aperçoit qu’elle perd son temps à l’attendre. Il me semble qu’elle n’a pas besoin de sa mère pour prendre une décision, pas plus qu’elle n’a à lui reprocher sa mésaventure. Il n’est plus dans nos mœurs, depuis longtemps que les parents cherchent et choisissent à leur goût des maris pour leurs filles.
Celle dont il s’agit Ici aurait probablement trouve fort mauvais que sa mère accueillit mai. parce qu’il était pauvre, le garçon qu’elle aimait. Puisqu’elle n enfin compris qu’elle fait fausse route en poursuivant une idylle qui ne ta mènera à rien, qu’elle rebrousse chemin II es; plus facile d’écouter la vote de sa propre expérience que celle de l’expérience des autres. (Colette).
Demande : Où peut-on s’adresser pour recevoir des cartes géographiques murales données, je crois par le gouvernement? (Signé : Rin-Tin-Tin).
Réponse : Le Ministère de l’intérieur avait fait faire de ces cartes. Il y a quelques années, elles étaient vendues et non données, cependant. Vous pouvez écrire : Ministère de l’Intérieur, Hôtel du Gouvernement, Ottawa.
Demande : Je suis en début de la trentaine avec beaucoup de défauts et quelques qualités. Je me suis pas très jolie. Il s’agit de décider du sort de ma vie. Je reçois depuis deux ans un homme de trente-cinq ans qui est un parti avantageux, mais que j’hésite à accepter parce que je n’éprouve pas le grand amour. J’en ai refusé plusieurs autres pour la même raison et, pour celui-ci, je crains de de le regretter plus tard, il me conviendrait sous tous les rapports. Croyez-vous que je pourrais être heureuse en me mariant dans ces conditions (Signé : Manon).
Réponse: Oui, si votre cœur est libre. À trente ans. À défaut du grand amour, on peut se contenter dans le mariage de l’estime qu’inspire un honnête homme.
Demande : Que signifient les noms André, Albert, Anne, Philippe, Jeannine, Armand, Fernande, Denise, Jacques, Suzanne et Colette? (Signé : Brunette).
Réponse : André, avancé. Albert, noble, Anne, gracieuse, Philippe, ami des chevaux, Armand, homme d’armes, Fernande, Brave, Denis, don de Dieu, Jacques, vaillant, Suzanne, pure, Colette, aimante.
Demande : Je suis mariée depuis seize ans à un homme exemplaire et nos avons sept enfants. Mes parents demeurent avec nous et ma mère nos rend la vie fort pénible par sa mauvaise humeur constante : mon père est malade. J’ai trois frères et je leur ai demandé leur aide qu’ils m’ont refusée en me traitant fort mal. Deux sont célibataires et c’est toujours moi seule qui ai eu la charge de nos parents. Dites moi si la loi oblige mes frères : à faire leur part? (Signé : Sympathique).
Réponse : Oui, sans doute. Ils sont obligés de subvenir selon leurs moyens à la subsistance de leurs parents.
On est prié :
- De ne formuler qu’une seule demande à la fois.
- De se demander aucune adresse commerciale, les annonces y pourvoyant.
- De ne pas poser de questions de Loi, la « Constitution légale » du samedi répondant à ces questions.
- De donner son adresse quand on demande à échanger recettes, chansons ou renseignements.
- De ne poser autan que possible des questions d’intérêt général.
- D’être patient enfin parce qu’aucune lettre ne peut recevoir de réponse dans la semaine où elle a été écrite. Le courrier est pour cela trop volumineux.
