Femmes : 1920 – 1929

Ligne du temps, femmes du Québec : 1920 – 1929

1921 : Le Comité provincial du suffrage féminin fondé par Marie Gérin-Lajoie et Madame Walter Lyman rassemble des femmes francophones et anglophones pour prendre la relève de la Montreal Suffrage Association. Thérèse Casgrain devient lors de sa fondation un des piliers du mouvement féministe dans la lutte pour le droit de vote des femmes au provincial. Les suffragettes se heurtent constamment à l’opposition des autorités civiles et religieuses.

1921 : Agnès McPhail devient la première femme élue députée au Parlement à Ottawa.

1922 : Affiliation à l’Université de Montréal de l’École d’infirmières de l’Hôpital Notre-Dame organisée par les Sœurs Grises en 1898.

1921 : L’Université McGill est la première à offrir une formation universitaire en sciences infirmières au Québec.

1922 : Le premier « bill sur le suffrage féminin » est présenté à l’assemblée nationale par Henry Miles. Mgr Paul-Émile Roy, évêque coadjuteur de Québec s’oppose à ce projet de loi avec énergie. Une pétition signée par des milliers de femmes demande au lieutenant-gouverneur de la province de Québec et au Parlement de ne pas prendre en considération le projet du suffrage féminin ce qui permettra pendant longtemps de repousser la réforme électorale sous prétexte que les femmes elles-mêmes ne souhaitent pas exercer ce droit de vote.

1922 : La faculté d’art dentaire de l’Université McGill ouvre ses portes aux femmes.

1923 : Irma Levasseur et deux collègues fondent l’hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec.

1923 : Partout au Québec, un réseau d’écoles ménagères se déploie dans le système public d’enseignement.

1924 : L’allumetterie Eddy de la ville de Hull menace de réduire les salaires des allumettières consentis lors de la grève du décembre 1919 (v. cette datte), déclenchée par la section féminine de l’Association ouvrière de Hull. Les ouvrières abandonnent leur travail sans consulter le syndicat, réaction à laquelle la compagnie riposte par une contre-grève de neuf semaines. Le syndicat obtient gain de cause mais la conjoncture économique remet en cause la fabrication d’allumettes chez E.B. Eddy qui fermera définitivement cette usine en 1928 pour ne conserver que la seule production du papier.

1925 : Mise sur pied d’une commission d’enquête sur la situation des femmes travailleuses (v. aussi 1919). La commission arrêtera à 12,20 $ par semaine ou 634,40 $ par année le salaire minimum après avoir établi le coût de la vie pour une femme célibataire entre 10,35 $ et 19,81 $ par semaine (v. aussi 1928).

1925 : Marthe Pelland devient la première femme admise à la Faculté de médecine d’une université francophone, l’Université de Montréal.

1926 : La cuisine raisonnée, parue à Ottawa énonce quelques postulats sur la conduite morale de la femme : On parle beaucoup de nos jours des droits des femmes, du rôle qu’elle est appelée à jouer, même sur la scène politique, pour le relèvement de la société. Les uns rient, les autres crient, la plupart gémissent devant le nouvel état des choses. La femme avertie comprend pourtant qu’elle n’a pas à évoluer sur un autre théâtre, ni assumer d’autres charges pour satisfaire aux exigences modernes sans s’attirer les anathèmes des traditionnalistes. Elle se rend vite compte que nulle part, elle ne trouvera à utiliser plus avantageusement les ressources de son cœur, de son esprit et de sa volonté à satisfaire plus largement son besoin de se donner aux siens, d’être utile à la société, de servir son pays qu’en son propre foyer… Et dans son foyer, le problème qui sollicite tout d’abord son attention; c’est la cuisine… La cuisine lui apparaît ce qu’elle est vraiment (…) une fonction qui a sa répercussion même sur les faits moraux (…). Enfin la science de l’alimentation a son influence jusque sur la moralité publique. Que de pauvres ouvriers sont devenus des alcooliques, puis des criminels pour avoir été mal nourris d’abord (…). Comment donc la femme se laisserait elle entrainer loin de son véritable champ d’action? (…) C’est en e comprenant mieux qu’elles rempliront la tâche assignée par Dieu dès le commencement à la femme et dont Marie, la Vierge admirable, a magnifié en les sacrifiant les plus humbles détails ».

1927 : À la suite d’une scission au sein du Comité provincial pour le suffrage féminin, fondé en 1921 (v. cette date), voit le jour l’Alliance canadienne pour le vote des femmes au Québec, avec à sa tête, Idola Saint-Jean.

1928 : Thérèse Casgrain devient la présidente du Comité provincial pour le suffrage féminin.

1928 : Pour la première fois, les femmes sont admises aux Jeux olympiques d’été et des athlètes canadiennes participent aux épreuves d’athlétisme.

1928 : Entrée en vigueur du premier règlement de la commission sur la situation des femmes travailleuses dans l’industrie du textile. L’employée expérimentée comptant plus de vingt-quatre mois d’ancienneté doit recevoir au moins 12,00 $ par semaine pour cinquante-cinq heures de travail. Ce règlement s’applique à 10 189 femmes au travail dans trente-neuf filatures. Pour tromper les inspecteurs, les patrons utilisent toutes sortes de tactiques, comme celle de classer comme apprenties des ouvrières expérimentées, ou encore celle de forcer deux ou trois femmes de la même famille à poinçonner la même carte de présence, de sorte qu’un seul salaire soit versé pour le travail exécuté.

23 avril 1928 : Jugement de la Cour suprême du Canada sur l’éligibilité des femmes au Sénat du Canada en réponse à une demande du gouvernement fédéral. La Cour suprême prononce un jugement unanimement défavorable à l’éligibilité des femmes au Sénat. Pour en venir à ce verdict, la cour s’appuie sur des précédents juridiques et sur l’interprétation à donner à l’expression «personne qualifiée» utilisée dans l’article 24 de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique. Le dernier recours aux femmes pour obtenir gain de cause dans ce cas serait une modification constitutionnelle par le Parlement britannique. Cependant, en 1929, une décision du comité judiciaire du Conseil privé (Privy Counsil) renversera le jugement de la Cour suprême.

1929 : Après un long débat juridique et politique, le Conseil privé (Privy Counsil) de Londres décide que les femmes sont des personnes au sens juridique du mot et, par conséquent, qu’elles ont des droits et des privilèges les autorisant, notamment, à se présenter comme membres du Sénat du Canada.

28 juillet 1928 : Pour la première fois, les femmes sont admises aux épreuves d’athlétisme des Jeux olympiques. Aux Jeux olympiques d’Amsterdam, parmi les 290 femmes qui se présentent, il y a l’équipe canadienne, les Matchless Six, les six femmes sans égales comme les appellent les médias : Jane Bell, Ethel Smith, Jean Thompson, Myrtle Cook, Ethel Catherwood et Fanny Bobbie Rosenfeld font sensation lors de ces jeux. Ethel Catherwood remporte l’or au saut en hauteur et l’équipe canadienne triomphe au relais 4 x 100 mètres. Fanny Rosenfeld termine d’ailleurs deuxième au 100 mètres, juste devant Ethel Smith. Nommée la plus grande athlète de la première moitié du XXe siècle, Fanny Rosenfeld maîtrise pratiquement toutes les épreuves sur pistes et pelouses, elle est aussi une excellente joueuse de basket-ball, de hockey et de softball. Myrtle Cook est disqualifiée en raison de deux faux départs, mais elle se reprend au relais, où elle participe à la victoire du Canada. De retour des Jeux olympiques d’Amsterdam, l’équipe canadienne d’athlétisme est accueillie par environ 300 000 personnes à Toronto. L’équipe des Matchless Six aura contribué à briser plusieurs barrières sportives et politiques.

28 février 1929 : L’adoption de la Loi sur le vote des femmes aux élections municipales de Montréal. Le comité des «bills privés» de l’Assemblée législative de la province du Québec accepte la loi à 16 voix contre 13. Dorénavant, toutes les femmes mariées sous le régime de la communauté des biens ou de la séparation des biens qui paient des taxes municipales, ont le droit de vote aux élections municipales. Le maire de Montréal, Camilien Houde, s’oppose à cette loi sous prétexte qu’elle n’a pas été soumise au Conseil et que, préalablement, elle fut refusée devant le Comité de législation. Le député de Trois-Rivières, Maurice Duplessis, s’affirme pour sa part en faveur d’accorder le droit de vote aux femmes.

14 août 1929 : Le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau crée la Commission Dorion, commission d’enquête sur les droits civils des femmes. Cette commission se compose de quatre juristes masculins et francophones, en dépit des demandes d’y inclure une femme. Elle tient deux audiences publiques, une à Montréal et une à Québec, et reçoit de nombreuses soumissions écrites. » Elle émet seize recommandations.

1929 : Thérèse Casgrain donne le nom de Ligue des droits de la femme au Comité provincial pour le suffrage féminin.

1930 : Idola Saint-Jean devient la première candidate québécoises à se présenter à des élections fédérales, sans toutefois être élue.

1930 : Cairine Mackay Wilson est la première sénatrice du Canada. Elle sera la première Canadienne déléguée à l’Assemblée générale des Nations Unies, en 1949.

graffiti sherbrooke femme
Une femme est un spectacle offert par les dieux (Bernard Maris, chroniqueur français). Graffiti sur la rue Sherbrooke Ouest, à Montréal. Photo : © Grandquebec.com.

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