Ligne du temps : Femmes du Québec entre 1970 et 1979
1er novembre 1970 : Entrée en vigueur de la Loi sur l’aide sociale, adoptée par l’Assemblée générale du Québec le 12 décembre 1969. Cette Loi définit la notion de famille, de «chef de famille» et d’enfant à charge, ce qui aura une incidence importante sur les femmes monoparentales. Diverses mesures d’aide financière aux personnes nécessiteuses ont été intégrées par cette nouvelle Loi qu’a fait adopter le gouvernement de l’Union nationale.
11 mai 1970 : Manifestation de femmes favorables à l’avortement libre à la Chambre des communes à Ottawa. Cette intervention imprévue force l’interruption des travaux à la Chambre des communes qui ne reprendront qu’une demi-heure plus tard à huis clos. Les militantes prennent les députés par surprise en les interpellant à haute voix pendant les travaux. Pour éviter leur expulsion de la chambre, certaines d’entre elles vont même jusqu’à s’enchaîner à leur siège. À l’époque, la question de l’avortement libre occupe une place importante sur la scène politique et l’avortement n’est permis que dans les cas où la santé de la mère est menacée.
28 septembre 1970 : La commission présidée par Florence Bayard Bird propose diverses mesures pour combattre la discrimination contre la femme au Canada (voir aussi la nouvelle du 7 décembre suivant).
7 décembre 1970 : La Commission Bird, du nom de sa présidente, Florence Bird, dépose le rapport de la Commission royale sur la condition de la femme devant la Chambre des communes du Parlement du Canada. Ce document présente des faits qui alimentent le militantisme des femmes. Le rapport de 540 pages contient 167 recommandations visant à améliorer la situation des femmes. Les suggestions de la commission touchent notamment les congés de maternité, l’égalité salariale pour un travail égal, le contrôle des naissances, fonction publique, responsabilités familiales, garderies, santé, armée, les possibilités d’éducation et les pensions. Ce document étoffé inspirera l’orientation de plusieurs programmes fédéraux. En plus de mettre en évidence les problèmes vécus par les femmes autochtones, ce rapport révèle des données inquiétantes sur la discrimination subie par les femmes et sur leur pauvreté. Le rapport de la Commission Bird, par les mémoires, les rencontres et les réflexions qu’elle suscite, aura une influence majeure sur l’articulation de la pensée et de l’action féministes des années à venir. La Fédération des femmes du Québec (FFQ) publie un guide de discussion utilisé dans presque tous les groupes féminins. L’Université de Montréal offre un cours du soir où les participants peuvent se familiariser avec le rapport de la Commission Bird.
1970 : La clinique privée Morgentaler voit le jour. Elle offre des services d’avortement, défiant ainsi la loi.
1970 : L’écrivaine Gabrielle Roy reçoit le prix Athanase-David.
1970 : Le régime légal de la communauté de biens est remplacé par celui de la société d’acquêts, qui combine les avantages de la séparation de biens durant le mariage et de la communauté de biens à la fin du mariage. Le code civil du Québec et modifié pour reconnaître certains droits à l’enfant naturel. C’est un premier pas vers la reconnaissance de l’égalité des enfants quelles que soient les circonstances de leur naissance.
1971 : Au fédéral, le régime assurance-chômage accorde aux femmes 15 semaines de prestations de maternité.
1971 : Parution du premier numéro du journal féministe Québécoise deboutte ! qui devient, en 1972, l’instrument d’analyser du Centre des femmes.
1er mars 1971 : Les femmes obtiennent le droit d’occuper la fonction de jurée à la suite d’une manifestation organisée par le Front de libération des femmes (FLF) au cours du procès du felquiste, Paul Rose. C’est au moment de la comparution de Lise Balcer au procès de Paul Rose, sept femmes, membres de la cellule « X Action Choc » du FLF sautent dans le box des jurés, scandant « Discrimination! » et « La justice c’est de la marde ». Elles appuient ainsi les arguments de Lise Balcer exigeant que les femmes puissent être également jurées si elles sont obligées d’être témoins. Elles eurent toutes des condamnations d’un mois ou deux de prison par le juge Marcel Nicols. En 1971, seules les provinces de Québec et Terre-Neuve interdisaient aux femmes d’être jurées, la loi sera abrogée au Québec quelque mois plus tard.
8 mars 1971 : Le FLF lance une campagne nationale en faveur d’un avortement libre et gratuit.
Décembre 1971 : Dissolution du Front de libération des femmes du Québec (FLF), fondé en octobre 1969. (v. octobre 1969). D’autres groupes autonomes de femmes seront formés partout au Québec, dans les années qui suivront. Le féminisme d’inspiration marxiste cesse de constituer le pivot du mouvement et fait place à un féminisme pluralisme.
1972 : Création du Centre des femmes à Montréal. Ce Centre organise une clinique d’avortement et publie, avec d’autres groupes, un manifeste pour une politique de planification des naissances.
1972 : La Loi sur l’indemnisation des victimes d’actes criminels reconnaît aux victimes le droit d’être indemnisées. Les femmes victimes d,agressions sexuelles ou de voies de fait, y compris les voles de fait commises par un conjoint violent, peuvent bénéficier des avantages prévus par cette loi.
30 octobre 1972 : Les libérales Monique Bégin, Albanie Morin et Jeanne Sauvé sont les premières Québécoises à occuper le poste de député à la Chambre des communes, à Ottawa (et ça malgré le droit d’éligibilité datant de 1920). La députée de la circonscription de Saint-Michel, Monique Bégin, sera ministre du Revenu (1976-1977) et ministre de la Santé nationale et du Bien-être social (1977-1984). La députée d’Ahuntsic, Jeanne Sauvé, deviendra la première femme à occuper le poste d’orateur de la Chambre des communes (1980-1984), puis de gouverneur général du Canada (1984-1990). Les trois femmes seront réélues en 1974.
1973 : Fondation du Théâtre des Cuisines par Solange Collin, Carole Fréchette et Véronique O’Leary. Le théâtre regroupe des militantes féministes, des travailleuses, des chômeuses et des comédiennes. Le premier spectacle, Nous aurons les enfants que nous voulons, prend position dans le débat sur la contraception et l’avortement. La deuxième production, Môman travaille pas, a trop d’ouvrage, abordera la question du travail ménager.
1973 : Claire L’Heureux-Dubé est la première femme nommée juge à la Cour supérieure. Elle sera la première femme à être nommée à la Cour d’appel du Québec, en 1979 et la première femme nommée à la Cour Suprême du Canada en 1987.
1973 : Un groupe de femmes artistes ouvre Flaming Apros (Tabliers enflammés), une galerie d’art à Montréal sur la rue Saint-Dominique. En 1974 la galerie change de nom pour Powerhouse. C’est le premier centre d’exposition multidisciplinaire pour les femmes au Québec et au Canada et le deuxième en Amérique du Nord.
1er juillet 1973 : Création du Conseil du statut de la femme (CSF) par le gouvernement du Québec, à la suite des demandes du mouvement des femmes. Le CSF aura onze bureaux régionaux qui desserviront l’ensemble du territoire de la province. Depuis sa création le conseil produit des rapports qui analysent tous les aspects de la condition féminine et des avis qui orientent les politiques gouvernementales pour améliorer les conditions de vie des femmes : développement des services de garde à l’enfance, services d’interruption de grossesse, égalité juridique des époux, fiscalité, formation, autonomie économique des femmes, équité salariale, etc. Les premières femmes à occuper le poste de présidente ont été mesdames Laurette Champigny-Robillard, Claire Bonenfant, Francine C. McKenzie, Marie Lavigne, Thérèse Mailloux (présidente par intérim) et Diane Lemieux.
1973 : La Cour suprême du Canada décide que la Déclaration canadienne des droits de 1960, qui garantit l’égalité devant la loi, ne s’applique pas à l’article 12 de la Loi sur les Indiens. Par conséquent, les femmes autochtones qui ont marié des non autochtones ne peuvent retrouver leur statut d’Indienne. C’est la première fois qu’au Canada, les tribunaux jugent un cas de discrimination fondée sur le sexe.
1973 : Gabrielle Vallée est la première femme élue bâtonnière du Barreau de Québec.
1er juillet 1973 : Parution de la première publication féminine québécoise traitant d’homosexualité, Long Time Coming, dirigée par un groupe autonome de lesbiennes issues de la section féminine de l’association Gay de l’université McGill.
1974 : Sœur Marguerite Jean, de la Congrégation des Sœurs du Bon-Pasteur de Québec, est la première Canadienne à obtenir en un doctorat en droit canonique.
1974 : Les femmes de l’Office National du Film du Canada lancent la série « En tant que femmes » : des films sur les garderies, les stéréotypes, l’avortement, les femmes au foyer. Du jamais vu sur les écrans québécois… et sur les plateaux de tournage. Rejoignant un vaste public au moyen de la télévision ces films, en plus de faire connaître les conditions de vie des femmes, questionnent les attitudes sexistes et les politiques.
1974 : La sénatrice Renaude Lapointe est la première femme francophone à être nommée présidente du Sénat au Parlement du Canada.
1974 : Le gouvernement du Québec adopte une première politique en matière de services de garde à l’enfance, le plan Bacon, du nom de la ministre titulaire.
1974 : Fondation du premier Comité de lutte pour l’avortement et la contraception libres et gratuits est formé de représentantes de la CEQ, de l’Association pour la défense des droits sociaux (ADDS) et du Centre des femmes. Ce comité publie le manifeste Nous aurons les enfants que nous voulons puis en 1975 un Dossier spécial (v. aussi 1973, le Théâtre des Cuisines).
Juillet 1974 : La chambre nuptiale de l’artiste montréalaise Francine Larivée est exposée au Complexe Desjardins. Il s’agit d’un concept inusité (une vaste sculpture dans laquelle le public pénètre) dans l’histoire de la pratique artistique du Québec. Cet œuvre monumentale met en lumière les difficultés des rapports de couple, la consommation du corps-objet féminin, l’oubli de soi par la soumission aveugle aux diktats socio-religieux consacrant le mariage. L’œuvre est présentée à nouveau la même année dans un centre commercial à Laval et en 1982 dans le cadre de l’exposition Art et féminisme au Musée d’art contemporain de Montréal.
23 septembre 1974 : 32 femmes canadiennes arrivent à l’École de la GRC (Gendarmerie royale du Canada ou RCMP en anglais) pour former la première troupe de membres régulières depuis la création de la Gendarmerie. Cette décision fait suite aux recommandations de la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada. La première tunique rouge (tenue de cérémonie) remise aux membres féminins est assortie à une jupe, des souliers à talons hauts et à un sac à bandoulière. Depuis 1989 les membres régulières portent le même uniforme que les hommes : stetson, tunique rouge, culotte marine, bottes longues et ceinturon – baudrier.
1975 : L’ONU déclare 1975 l’année internationale de la femme. Le Secrétariat d’État du gouvernement fédéral du Canada offre des subventions pour les projets reliés à la thématique de l’année de la femme.
1975 : Les premières maisons d’hébergement pour les femmes victimes de violence voient le jour grâce à l’initiative personnelle ou collective de femmes. Avant cette date, seules les communautés religieuses offraient des refuges pour les femmes qui devaient quitter le domicile conjugal.
1975 : Nicole Juteau devient la première femme policière au Québec.
Février 1975 : Fondation des Éditions de la Pleine Lune. Il s’agit d’une première maison d’édition de femmes au Québec. Le premier livre lancé par les Éditions de la Pleine Lune est Le Journal d’une folle de la poète Marie Savard. Le manuscrit le Journal d’une folle est refusé par les maisons d’édition. Marie Savard décide alors de fonder une maison où l’on ne retrouverait que des femmes à la direction. Elle réunit Ginette Nault, imprimeure, Louise Petitclerc, Reuwena Ross et Daphné Savides pour lancer l’entreprise (en 1978, Marie-Madeleine Raoult prendra la relève. La maison publiera 67 titres entre 1975 et 1990 et fera très bonne figure en récoltant quatorze prix littéraires. Parmi les récipiendaires : Nicole Houde, Jeanne-Mance Delisle, Pauline Harvey, Jovette Marchessault, Yolande Villemaire, Esther Rochon, Rosali Bertell).
23 juin 1975 : Lise Payette présidente du comité des fêtes de la Saint-Jean s’entoure d’une équipe extraordinaire pour organiser sur le mont Royal « la plus belle fête nationale de mémoire de Québécois ». Le 23 juin, la quatrième soirée des fêtes, est celle des femmes. 15 comédiennes font le tour de la « question des femmes ». Le spectacle conçu par Jacqueline Barrette et mis en scène par Mouffe a soulevé toutes les facettes de la vie des femmes, l’historique de la moitié du monde.
27 juin 1975 : La Charte des droits et libertés de la personne est adoptée. Elle interdit au Québec, pour la première fois, toute discrimination fondée sur le sexe.
1976 : Le Groupe interdisciplinaire pour l’enseignement et la recherche sur les femmes (GIERF) est créé à l’UQAM. Bien que depuis 1972-73 certains cours sur la condition des femmes, notamment en sociologie et en histoire, aient été dispensés, le groupe est né de la volonté d’une quinzaine d’enseignantes de créer un ensemble d’activités ayant pour but la promotion de la condition féminine. Le GIERF a réussi à constituer à l’UQAM l’un des plus vastes champs interdisciplinaires au Québec et au Canada sur la situation des femmes et les rapports de sexe. En 1990, le GIERF deviendra l’Institut de recherches et d’études féministes (IERF).
1976 : Présentée sur la scène du Théâtre du Nouveau Monde, la pièce La nef de sorcières marque une étape importante de la prise de parole féministe. Les textes commandés par les comédiennes à un collectif d’auteures brisent le silence qui entoure le vécu des femmes.
Mars 1976 : Parution du premier numéro de la revue Les têtes de pioche qui sera publiée jusqu’en juin 1979. Fondée par un collectif d’écrivaines, la revue comptera parmi ses collaboratrices Nicole Brossard, Madeleine Gagnon, France Théorêt et autres femmes.
8 mars 1976 : Fondation des Éditions du Remue-Ménage par un groupe de militantes constitué de Louise Toupin, Raymonde Lamothe, Claire Brassard, Sylvie Dupont, Louise Vandelac, Catherine Germain, Nicole Lacelle et Lise Nantel, représentantes de différents associations (FLF, Centre des femmes, Comité de lutte pour l’avortement). Ce sont là les racines des fondatrices des Éditions du Remue-Ménage. La pièce Môman travaille pas, a trop d’ouvrage du Théâtre des Cuisines est le premier ouvrage publié. Jusqu’à la fin de l’année, les Éditions du Remue-Ménage lanceront trois livres. Les choix éditoriaux du collectif couvrent tout le champ de l’expérience des femmes. Parmi les auteures connues publiées chez Remue-Ménage, on verra Nicole Brossard, Louky Bersianik, Simone Monet-Chartrand, Louise Cotnoir et plusieurs autres. L’Agenda des femmes sera publié tous les automnes, jalonné de textes et de courtes réflexions. À chaque année, ces textes abordent un nouveau thème qui reflète l’évolution des préoccupations féministes.
22 octobre 1977 : Cinquante policiers arrêtent près de 150 personnes au bar Truxx, sur la rue Stanley à Montréal. Le lendemain, l’Association pour les droits des gai(e)s du Québec organise une manifestation pour protester contre la descente. Deux mille personnes y participent.
1977 : Le Centre YWCA de Montréal offre la session Nouveau Départ, premier programme destiné à aider les femmes à retourner sur le marché du travail.
1977 : La notion de puissance paternelle disparaît du Code civil du Québec, remplacée par la notion d’autorité parentale. Désormais, la signature de la mère est requise juridiquement pour toutes les décisions relatives aux enfants. Disparaît aussi la notion d’enfants illégitimes.
1977 : Un important réseau d’aie subventionné pour les maisons d’hébergement se met en place pour venir en aide aux femmes violentées.
2 avril 1977 : Environ deux mille femmes défilent dans les rues de Montréal pour le droit à l’avortement libre et gratuit.
26 septembre 1977 : Francine Maltais devient la première femme à conduire un bus de la CTCUM à Montréal.
15 décembre 1977 : Le gouvernement québécois décide d’inclure dans la Charte des droits et libertés de la province l’interdiction de discrimination face à l’orientation sexuelle dans l’emploi, l’habitation ou dans l’accès à certains services publics. Cette loi constitue en quelque sorte une reconnaissance des communautés gais et lesbiennes au Québec. Comme le droit criminel n’est pas du ressort de cette charte, la police continue à effectuer des descentes, à arrêter des gais pour conduite immorale et à saisir des documents jugés illicites aux douanes, mais peu à peu, le changement des mentalités et des valeurs traditionnelles permet aux gais et aux lesbiennes de se manifester collectivement. N’étant plus considérés comme des criminels grâce au « bill omnibus» de 1969, les gais et les lesbiennes du Canada forment des associations pour l’obtention de droits civils.
1977 : Le gouvernement annonce la mise sur pied des cliniques de planification des naissances dans les milieux hospitaliers, dotées de services d’avortement.
1978 : Pol Pelletier fonde le Théâtre expérimental des femmes avec Nicole Lecavalier et Louise Laprade suite à une rupture avec le Théâtre expérimental de Montréal dont elle était cofondatrice. Elle quittera le TEF en 1985 et elle racontera son expérience dans un spectacle solo Joie.
1978 : Fondation de l’Institut Simone de Beauvoir à l’Université Concordia de Montréal par Maïr Verthuy. Institution féministe, l’Institut Simone de Beauvoir proposera des programmes interdisciplinaires qui « englobent et modifient tous les champs du savoir », contribuent à la croissance féministe et ouvrent de nouvelles perspectives sur la société.
1978 : Le gouvernement du Parti québécois crée des cliniques de planning des naissances dotées de services d’avortement appelées « cliniques Lazure » du nom du ministre de la Santé d’alors. En agissant ainsi, le gouvernement du Québec, n’ayant aucun pouvoir en matière de législation pour décriminaliser l’avortement, fait porter son intervention sur l’accessibilité du service aux femmes.
23 juin 1978 : L’Assemblée nationale adopte le Projet de loi nº 43. Cette loi modifie la Loi sur le salaire minimum et institue un congé de maternité payé de dix-huit semaines pour les québécoises salariées. Depuis 1971, le programme fédéral d’assurance-chômage accordait aux travailleuses admissibles quinze semaines de prestations de maternité. Le projet de loi adopté par le gouvernement du Québec protège davantage l’emploi de ces travailleuses. De plus, la loi québécoise instaure le programme d’allocations de maternité pour combler le délai de carence de deux semaines de l’assurance-chômage.
20 septembre 1978 : Le Conseil du statut de la femme dépose le rapport Pour les québécoises : égalité et indépendance. Le rapport de plus de 350 pages fait la somme des revendications des Québécoises à la fin des années 1970. Pour faire suite aux 306 recommandations pour l’établissement d’une politique d’ensemble de la condition féminine le gouvernement de René Lévesque décide de faire de ce rapport sa politique en matière de condition féminine et met sur pied un Secrétariat à la condition féminine chargé de sa mise en œuvre.
1978 : Julie Evan-Cameron devient la première femme pilote de ligne au Québec.
1979 : Claire L’Heureux – Dubé est la première femme nommée juge à la Cour supérieure du Québec et sera, en 1987, la première Québécoise à siéger à la Cour suprême du Canada.
1979 : L’Office de la langue française recommande la féminisation des titres.
1979 : Lise Payette devient la première ministre d’État à la Condition féminine.
1979 : Christine Tourigny devient la première secrétaire générale associée (équivalent de sous-ministre) du gouvernement du Québec.
1979 : Création de l’Office des services de garde à l’enfance.
1 janvier 1979 : Entrée en vigueur du congé de maternité de 18 semaines pour les Québécoises salariées après la naissance d’un enfant. Les travailleuses enceintes obtiennent la protection de leur emploi par un amendement à la Loi sur le salaire minimum.
25 janvier 1979 : Levée de l’injonction sur le texte «Les fées ont soif» de Denise Boucher. Après cette décision de la Cour d’appel du Québec, la pièce continuera d’être jouée à guichets fermés à travers le Québec lors d’une tournée qui se déroulera à l’automne 1979. Les détracteurs de l’œuvre, choqués par son contenu, iront jusqu’en Cour suprême du Canada pour empêcher sa présentation, mais ils seront déboutés en février 1980.
Février 1979 : Fondation du Regroupement provincial des maisons d’hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale. On y accueille gratuitement les femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants. Au total, on comptait une dizaine de maisons en 1976 et une vingtaine en 1978. Vers la fin du siècle, il y aura plus de 50 réparties à travers le Québec.
1979 : Le Conseil du statut de la femme lance une publication gratuite : La Gazette des femmes, nom d’un journal féministe français du XIXe siècle. Cette publication gratuite constitue rapidement un point d’ancrage important pour tous les groupes de femmes du Québec. Une journaliste trop tôt disparue, Catherine Lord « lui a donné une impulsion significative. L’équipe éditoriale maintiendra la revue à la fine pointe de l’actualité en matière de condition féminine. e Conseil du statut de la femme publie une nouvelle revue intitulée «La Gazette des femmes». Elle se veut un outil d’information privilégié pour l’ensemble des femmes du Québec. Le premier numéro comprend un dossier sur la révision du Code civil, une entrevue avec Azilda Marchad, membre du Conseil du statut de la femme (CSF), et un reportage sur l’avortement. Publié six fois par année, La Gazette des femmes se veut «une véritable référence pour toute personne qui s’intéresse au mouvement féministe, à la condition des femmes au Québec et ailleurs dans le monde.» Au début des années 2000, le magazine accède au rang d’acteur médiatique alors que sont repris certains de ses reportages dans d’autres médias. La Gazette des femmes sera vendue dans plus de 400 points de vente et sur abonnement. Elle rejoindra 100 000 lectrices pour un tirage moyen de 26 000 exemplaires par numéro. En 2011, La Gazette des Femmes deviendra webzine : gazettedesfemmes.ca.
21 septembre 1979 : Lise Payette devient la première femme à occuper le poste de ministre à la Condition féminine. Elle occupera ce poste jusqu’au 30 avril 1981 et elle quittera ensuite la vie politique.

Pour en apprendre plus :
- Femmes de la Nouvelle-France
- Femmes au XVIIIe siècle
- Femmes du Québec : 1800-1899
- Femmes : 1900 – 1909
- Femmes : 1910 – 1919
- Femmes : 1920 – 1929
- Femmes : 1930 – 1939
- Femmes : 1940 – 1949
- Femmes : 1950 – 1959
- Femmes : 1960 – 1969
- Femmes : 1970 – 1979
- Femmes : 1980 – 1990
- Femmes : 1990 – 2000