Ligne du temps : Femmes du Québec entre 1930 et 1939
15 février 1930 : Dépôt du rapport de la Commission Dorion sur les droits civils de la femme au Québec (la commission avait été mise sur pied le 14 août 1929). La commission recommande que les femmes mariées aient le pouvoir de toucher le produit de leur travail et d’en disposer comme bon leur semble, selon des dispositions identiques à la loi française. De plus, le rapport signale la nécessité de la suppression de l’autorisation maritale dans le cas de la séparation des biens mobiliers. L’âge légal du mariage doit passer de 12 ans à 14 ans pour les jeunes filles et de 14 ans à 16 ans pour les garçons. La Commission recommande également que la femme puisse être témoin à un testament authentique. La Commission Dorion estime que 80 % des mariages au Québec se font sans contrat. Moins de 10 % des épouses travaillent en dehors du foyer.
15 février 1930 : Le premier ministre du Canada William Lyon Mackenzie King annonce la nomination d’une première femme au Sénat. Il s’agit de Madame Norman F. Wilson (née Cairine-Rhea Mackay), native du Québec, mais qui habite en Ontario. Madame Wilson était présidente honoraire des femmes libérales du Canada. Enseignante à l’Université McGill, elle avait fondé en 1913 le Montreal Suffrage Association, un mouvement militant pour le droit de vote des femmes au niveau fédéral.
1931 : Le gouvernement de la province du Québec approuve les recommandations du rapport Dorion (v. le 15 février 1930) et amende le Code civil pour permettre aux femmes mariées d’avoir pleine autorité sur leurs salaires personnels. Dorénavant, une épouse mariée sous le régime de la communauté de biens est la seule à pouvoir toucher l’argent qu’elle gagne et à administrer ou disposer des biens qu’elle achète avec cet argent. Jusque là, selon le Code civil, le salaire de l’épouse mariée sans contrat tombait dans la communauté et le mari était libre d’en disposer comme il l’entendait. Il pouvait même demander au gérant de banque de lui remettre les économies de son épouse.
Février 1931 : Manifeste d’Idola Saint-Jean en faveur du suffrage féminin des Québécoise, dans le contexte de revendications législatives. Même si le manifeste est radiodiffusé à la veille du vote de février 1931, la position d’Idola Saint-Jean n’est pas entendue.
1932 : Voit le jour l’Association Solidarité féminine afin de défendre les droits des travailleuses et des mères nécessiteuses.
1932 : Hilda Strike est la première Québécoise médaillée olympique lors des Jeux de Los Angeles de 1932.
1932 : Inauguration d’une première clinique de planification familiale au Canada, en violation de la législation en vigueur. Cette clinique a été ouverte à Hamilton, en Ontario, grâce aux efforts de la docteure Elizabeth Bagshaw (1881-1982).
1932 : Établissement au Québec de la Jeunesse ouvrière catholique féminine (JOCF). Ce mouvement a pris naissance en Belgique, en 1925, en grande partie grâce à l’abbé Joseph Cardijn qui était chargé des œuvres féminines dans une banlieue populaire de Bruxelles. Au Québec, l’organisation a été mise sur pied par l’abbé Henri Roy, oblat d’origine ouvrière. L’objectif de la Jeunesse ouvrière catholique féminine est de pénétrer les couches populaires afin de maintenir l’ordre social et de faire émerger de la classe féminine des femmes «aptes à relever l’âme» de leurs sœurs. Cette orientation offre aux jeunes filles provenant du milieu ouvrier de nouvelles perspectives en matière d’action sociale. Le slogan du mouvement : Pour elles, par elles et entre elles.
14 janvier 1932 : Le comité du Conseil législatif adopte l’article 6 du bill de Montréal. Cet article permet aux femmes mariées et propriétaires de Montréal d’avoir le droit de vote sur la scène municipale. Selon les anciennes dispositions, seules les femmes propriétaires veuves ou célibataires avaient le droit de voter aux élections municipales à Montréal.
18 décembre 1932 : Yvonne Maisonneuve ouvre une maison sur la rue Fairmount à Montréal, un « lieu de dépannage immédiat et inconditionnel » où elle accueille filles et femmes en difficultés ou en détresse. La maison est incorporée sous le nom de Notre-Dame de la Protection et est devenue aujourd’hui l’association d’entraide Le Chaînon. Aujourd’hui, Le Chaînon, situé au 4373 avenue de l’Esplanade, à Montréal, est encore un de ces lieux de dernier recours qui accueille sans les juger les laissées-pour-compte de la société québécoise.
1934 : Mieux connue sous l’appellation de la « grève de la guenille », la grève des travailleuses dans la confection de vêtements pour dames éclate et les femmes y jouent un rôle majeur.
Septembre 1935 : Le Collège Marie de l’Incarnation de Trois-Rivières, fondé par les Ursulines, commence à dispenser le cours classique aux jeunes filles. L’institution est affiliée à la Faculté des Arts de l’Université Laval.
1935 : Léa Roback ouvre à Montréal la première librairie marxiste de Montréal, le Modern Bookshop. On y trouvera un grand nombre de textes sur les droits des travailleuses.
17 janvier 1936 : Prétextant la baisse de profits entraînée par la concurrence japonaise, la Dominion Textile (DT) ferme son usine de soie artificielle de Sherbrooke. Cette fermeture affecte les 600 travailleurs et travailleuses. Le 27 janvier, le gouvernement fédéral met sur pied une Commission royale d’enquête, la Commission Turgeon (du nom de son président, le juge W.F.A. Turgeon). Le 29 janvier, Dominion Textile procède à la réouverture de son usine. Cela n’empêchera pas la tenue de la commission qui révèlera que les hommes gagnent en moyenne 27 cents de l’heure, tandis que le salaire moyen des femmes se situe entre 18 et 21 cents de l’heure. On y apprend qu’une petite proportion d’employés travaillent à temps plein, soit 55 heures par semaine. La majorité des employés ne travaillent que deux ou trois jours par semaine, ce qui réduit d’autant le salaire hebdomadaire de ces employés. L’enquête servira de munitions à la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC) qui tentera de réorganiser tout le personnel des usines de textile de la province de Québec.
Septembre 1936 : Dorothea Palmer, une infirmière ontarienne, est accusée en vertu du Code criminel qui interdit toute promotion et vente de matériel contraceptif. À Eastview (aujourd’hui Vanier), banlieue de la région d’Ottawa, l’infirmière, employée par le Parent’s Information Bureau de Kitchener, visite les familles nombreuses et organise des assemblées de cuisine sur la sexualité et la contraception pour offrir du matériel contraceptif ainsi qu’une brochure décrivant pas moins d’une douzaine de méthodes contraceptives. Elle sera acquittée le 17 mars 1937 et son acquittement contribuera à renforcer l’activité des réseaux informels de diffusion d’informations sur la sexualité. À l’époque, au Québec, les femmes francophones sont sous l’influence de l’Église qui soutient qui interdit toute forme de contraception. Ainsi ce sont surtout les milieux anglophones qui rendent accessible une certaine éducation sexuelle autour de méthodes contraceptives comme la « capote anglaise », mais cette réalité s’est un peu transformée avec l’implication de Rita et Gilles Brault dans l’organisation des assemblées de cuisine sur le cycle menstruel et la méthode sympto-thermique.
19 février 1937 : Laure Gaudreault, institutrice du comté de Charlevoix, fonde le premier syndicat enseignant indépendant du Québec: la Fédération catholique des institutrices rurales. Cette fédération publiera le bulletin syndical «La Petite feuille» jusqu’en 1943. Le siège social de la nouvelle fédération est établi à La Malbaie. Cette fédération est l’ancêtre de la Centrale des syndicats du Québec actuelle qui s’appelait auparavant la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ).
1937 : Agathe Lacoursière-Lacerte devient la première femme admise dans un corps professoral universitaire francophone, celui de l’Université Laval.
14 avril 1937 : Le gouvernement de Maurice Duplessis fait adopter par l’Assemblée législative la Loi d’assistance aux mères nécessiteuses qui vient en aide aux mères, responsables de famille. Cette loi est adaptée à la suite des recommandations de la commission Montpetit. Les conditions d’admission à l’aide gouvernementale sont exigeantes : avoir au moins deux enfants de moins de 16 ans, être mariée, être sujet britannique depuis au moins quinze ans et avoir résidé dans la province du Québec durant les sept dernières années. Il faut d’ailleurs produire deux certificats : l’un provenant d’un ministre du culte, l’autre d’une personne désintéressée et faire preuve de sa pauvreté. On exclut les mères séparées, divorcées ou dont le mari est en prison, ainsi que les immigrantes récemment arrivées. Le montant de 400 $ est octroyé annuellement. En tout, on estime qu’environ 5 000 femmes auront droit à cette somme. Malgré ses limites, cette loi marque un point tournant dans l’histoire des politiques sociales au Québec.
1937 : Yvette Charpentier est la première employée d’une usine de vêtements au Québec à signer un contrat syndical et devient une pionnière dans le monde syndical. L’histoire de l’organisation syndicale des l’industrie du textile sera marquée par les militantes Madeleine parent et Léa Roback. Véritables pionnières, ces femmes ont lutté pour l’amélioration des conditions de travail des ouvrières et des ouvriers.
1938 : On installe dans les gares de Montréal les kiosques Protection de la jeune fille. Ces bureaux accueillent des jeunes filles qui arrivent de la campagne pour se chercher un emploi dans la métropole et les dirigent vers des ressources d’hébergement sécuritaire.
1939 : Marcelle Barthe devient la première femme annonceure à la radio de Radio-Canada.
Février 1939 : La première convention collective entre une commission scolaire et les institutrices qui y travaillent, est signée au Québec. La Commission scolaire de Jonquière adopte une résolution par laquelle elle reconnaît l’Association catholique des institutrices rurales du district no 28 comme interlocuteur pour déterminer des conditions de travail de son personnel enseignant. Le salaire minimum d’une institutrice est établi à 400 dollars. Cette convention entrera en vigueur pour l’année 1940-1941. La Commission scolaire de Saint-Joseph d’Alma suivra de quelques mois.
Juin 1939 : Première participation féminine au congrès d’un parti politique québécois. La participation d’une quarantaine de femmes au congrès du Parti libéral du Québec constitue une première politique au Québec. La présence de ces femmes influencera d’ailleurs le programme du Parti auquel on ajoutera l’enseignement obligatoire et le très controversé vote des femmes, proposé par Thérèse Casgrain.
23 juillet 1939 : Mariage de 106 couples lors d’une cérémonie collective à Montréal au stade de Lorimier (coin de Lorimier et Ontario). Pas moins de 25 000 personnes assistent à la cérémonie et la période de signature dure 7 heures.
Voir aussi :
- Femmes de la Nouvelle-France
- Femmes au XVIIIe siècle
- Femmes du Québec : 1800 – 1899
- Femmes : 1900 – 1909
- Femmes : 1910 – 1919
- Femmes : 1920 – 1929
- Femmes : 1930 – 1939
- Femmes : 1940 – 1949
- Femmes : 1990 – 2000
1950 à 1990
Est-ce possible d’avoir ces études.
J’apprécierais beaucoup.