Une femme nouvelle…
(l’après-guerre et les femmes)
Au Québec, la femme a toujours travaillé. Dans la société rurale d’autrefois, en plus de la cuisine et de la lessive, elle se chargeait d’une multitude de tâches : carder et filer la laine, confectionner des vêtements avant l’arrivée du prêt-à-porter, tresser des tapis, etc.
C’est la femme qui nourrissait la volaille et ramassait les œufs, trayait les vaches, sauf l’hiver, quand l’homme n’allait pas travailler aux champs ou au chantier comme bûcheron. C’est elle aussi qui binait le potager familial, qui l’ensemençait et le sarclait.
La femme pouvait être institutrice et un agriculteur illettré était très fier d’avoir épousé une maîtresse d’école. Elle pouvait travailler de domestique, d’infirmière ou de commis de magasin.
C’est l’urbanisation et la guerre qui vont radicalement transformer cette image d’une femme dont la mission et le rôle sont de servir à l’homme. L’urbanisation, d’abord, va augmenter le taux de participation des femmes à la population active. En fait, les familles urbaines ne peuvent pas compter sur les produits de la ferme pour se nourrir et nombre de jeunes filles devront se trouver un emploi pour arrondir le budget familial.
Quant à la guerre, elle apporte un changement important : l’entrée sur le marché du travail d’un nombre important de femmes mariées. Pendant la guerre, la semaine de travail est de 55 à 60 heures par semaine et il n’est prévu aucune période de repos. L’ouvrière d’usine n’a droit donc qu’à une demi-heure pour prendre son repas et, comme les cafeterias n’existent pas, c’est dans un atelier crasseux que la femme mange.
Toutes les classes de la société sont en principe contre le travail de nuit des femmes, mais plus soucieux de l’effort de guerre que du bien-être des citoyennes, le gouvernement fédéral du Canada assouplit la législation et ferme les yeux sur les conditions d’hygiène et de sécurité dans les usines. Cette politique provoque de nombreuses revendications et les organisations syndicales qui représentent les femmes, trouvent des alliés dans le monde médical et chez plusieurs associations politiques. En effet, les médecins signalent que le nombre d’ouvrières qu’il faut envoyer au sanatorium ou mettre au repos complet est de plus en plus élevé, que les grossesses hors mariage s’accroissent, tout comme la fréquence des maladies vénériennes.
Alfred Charpentier, président de la CTCC, s’insurge contre les cas très nombreux de jeunes filles estropiées à l’usine. Dans les fabriques de munitions, on note la fréquence d’une nouvelle maladie industrielle, la cordite, infection des voies pulmonaires provoquée par la manipulation des explosifs.
La fin de la guerre, en faisant disparaître les usines de guerre mal aérées, mal éclairées et souvent excessivement bruyantes, ralentit, temporairement au moins, l’accroissement du taux de participation féminine à la main-d’œuvre. La fin des hostilités amène enfin un changement important dans les conditions de vie des ouvrières.
Ainsi, en 1948, l’industrie de la robe et de la confection fixe la semaine de travail à 44 heures par semaine, tandis que les travailleuses de l’industrie des accessoires de mode et de la chapellerie ne font plus que 40 heures. En 1950, les industries du textile et de l’alimentation réduisent la semaine de travail de 48 à 40 heures. Le taux d’activité de la main d’œuvre féminine augmente d’environ 13% en six ans et ne cessera de s’accroitre par la suite.

Voir aussi :
- Femmes de la Nouvelle-France
- Femmes au XVIIIe siècle
- La discrimination des femmes au Québec d’après-guerre
- Femmes et sciences infirmières
- Femmes avocates