Vive l’ours noir

Vive l’ours noir

Familier de nos forêts ce fascinant animal qu’est l’Ours noir est pourtant peu connu

Par Serge Houde

Dès qu’on parle de faune canadienne, c’est l’image de l’ours qui vient à l’esprit de beaucoup de gens. Pour certains, ce sera un grand Grizzly escaladant lourdement une pente verdoyante, dans quelque coin reculé des Rocheuses, pour d’autres un imposant Ours polaire parcourant les banquises de son domaine glacé de l’Arctique.

Et notre petit Ours noir dans tout cela ? Avec des cousins aussi impressionnants que le Grizzly et l’Ours polaire, ce membre plus modeste de la famille des ours du Canada est souvent laissé dans l’ombre. Pourtant, l’ours noir de l’Amérique, Ursus americanus, vaut la peine qu’on s’y arrête.
Au Canada, on retrouve l’Ours noir dans toutes les provinces, sauf l’île-du-Prince-Édouard. On le trouve aussi dans le Yukon et les Territoires-du-Nord-Ouest ainsi que dans la plupart des îles proches de nos côtes. Son aire de distribution s’étend vers le nord jusqu’à la limite des arbres et il s’aventure même parfois dans la toundra. Il évite les régions de cultures extensives et les grandes zones urbaines, ce qui fait qu’on ne le trouve pas dans la péninsule du Sud de l’Ontario, ni dans de nombreuses régions des Prairies. En général, la diminution de la population d’ours noirs dans une région n’est pas tant due à une chasse exagérée qu’à l’effet destructeur des changements que l’installation de l’homme fait subir à son habitat.

En général, l’ours noir aime vivre dans les forêts de conifères épaisses et dans les forêts de feuillus, mais on le trouve aussi dans des broussailles denses.

Il lui faut de l’eau et il vit souvent à proximité de criques, de ruisseaux, de rivières et de lacs. Si un coin recèle de quoi se nourrir et s’abriter, et offre une assez bonne sécurité, il y a des chances que vous trouviez un ours noir dans les parages.

L’appellation d’ours noir n’est pas très appropriée et peut mener parfois à des confusions. Logiquement, on pourrait s’attendre à ce que l’ours noir soit tout bonnement ce qui dit son nom, un ours qui est noir. Mais ce n’est pas aussi simple et il existe des ours noirs de couleurs différentes en Amérique du Nord. La majorité d’entre eux sont effectivement noirs, mais beaucoup sont bruns, avec des nuances allant du brun chocolat au marron clair. L’ours de couleur cannelle, Ursus americanus cinnamommlum. Est représenté par un nombre à peu près égal d’éléments noirs et d’éléments bruns et est connu pour ses individus couleur cannelle. En général, les sous espèces qui vivent dans l,Ouest tirent plus vers le brun que celles qu’on trouve dans l’Est.

La nature, dans sa sagesse, a donné à deux des sous-espèces géographiques un choix génétique de couleur encore plus étendu. L’U. à emmeonsii comprend, en plus d’ours bruns et noirs, un certain pourcentage d’individus de couleur bleue, allant du gris bleus au noir bleuté, connus sous le nom d’Ours bleus. ,L’autre sous espèce, L’U. à kermodei, comprend un petit pourcentage d’individus blancs, allant du crème au blanc neige. On compte aussi parmi les ours noirs quelques individus, très rares, de couleur orange et alezan. Tout compte fait, on peut dire que l’Ours polaire mérite plus son nom d’Ours blanc que l’Ursus americanus celui d’Ours noir.

Un ours noir adulte mesure entre 130 et 190 cm. Les femelles atteignent leur pleine maturité à six ans, avec un poids de 135 kg, et les mâles, à sept ans, avec un poids moyen de 170 kg ; certains individus exceptionnellement forts peuvent atteindre les 270 kg.

Les ours adultes paraissent souvent lourds et lents à se déplacer de leur pas dandinant. C’est une fausse impression, car ils sont capables de courir très vite, jusqu’à 55 km à l’heure, sur de courtes distances. Ce sont également de très bons nageurs, capables de traverser des lacs, des torrents et de franchir les bras de mer qui séparent les îles de la côte. On a même vu des ours se mettre à nager sous l’eau pour échapper à un bateau qui s’approchait.

L’arbre est d’ailleurs un élément très important dans la vie de l’ours noir, et il est très rare qu’on en voit là où il n’y a pas d’arbres à proximité.

L’ours noir est un plantigrade, ce qui signifie que la plante de son pied (talon, articulation et orteils) touche le sol quand il marche. Chaque patte compte cinq orteils, munis de griffes non rétractables, courtes et crochues, qui lui servent à déterrer les racines et à éventrer les vieilles bûches et les souches pour y dénicher les insectes.

C’est la souplesse des pattes, alliée à la forme des griffes, qui fait que l’ours grimpe si facilement aux arbres. Il s’agrippe au tronc avec ses pattes de devant, plante ses griffes dans l’écorce et tire vers le bas, tout en poussant vers le haut avec ses pattes de derrière. Ces mouvements se font à une telle vitesse qu’on a l’impression que l’ours est rendu d’un bond en haut de l’arbre.

Les arbres jouent un autre rôle important. Ils leur servent de repères pour marquer leur territoire, La trace des griffes au haut d’un tronc indique aux autres ours qui passeraient par là que le coin est déjà occupé.

À lire aussi :

On retrouve l'ours dans toutes les provinces du Canada, saufs l'île-du-Prince-Édouard, ainsi que dans le Yukon et les Territoires-du-Nord-Ouest. Photographie de GrandQuebec.com.
On retrouve l’ours dans toutes les provinces du Canada, saufs l’île-du-Prince-Édouard, ainsi que dans le Yukon et les Territoires-du-Nord-Ouest. Photographie de GrandQuebec.com.

Laisser un commentaire