Une faim de canard

Une faim de canard

Faim de canard : Le simple geste de jeter quelques miettes de pain à une portée de cannelons relève à la fois d’une bonne intention et de l’inconscience. Pourquoi ? À la base, les canards, les oies et les autres oiseaux aquatiques sont adéquatement pourvus pour dénicher la nourriture dont ils ont besoin dans le milieu naturel. Le fait de nourrir les canards les affecte potentiellement et de plusieurs façons :

  • Nous perturbons leur aptitude à chercher leur nourriture;
  • Nous introduisons des éléments moins nutritifs dans leur alimentation et encourageons chez eux une possible dépendance;
  • Nous confions les canards dans un territoire donné et augmentons les risques d’épidémie et de prédation dans ces concentrations anormalement élevées;
  • Nous affectons le cycle migratoire par un apport inhabituel de nourriture, nuisible à la survie si cette alimentation est interrompue ou ne fournit pas les nutriments requis durant la période hivernale;
  • Nous favorisons une accoutumance à la présence humaine qui augmente la vulnérabilité des animaux en période de chasse et provoque des attroupements massifs dans les secteurs récréatifs.

Faim de canard

Éventuellement, les grands rassemblements de canards ont des conséquences peu souhaitables sur l’environnement aquatique en favorisant la contamination par les coliformes fécaux. Une concentration excessive d’excréments constitue une source additionnelle de nutriments. Elle est alors susceptible de provoquer la prolifération estivale d’algues.

En résumé, le fait de nourrir les oiseaux aquatiques accroît leur dépendance. Il provoque donc chez eux le développement de comportements indésirables. Le respect des animaux sauvages nous dicte plutôt de les observer à distance et de les laisser vivre en pais afin qu’ils aient le comportement natif qui aide leurs populations à se maintenir en bonne santé.

Vous voulez les voir se nourrir de plantes et de petits invertébrés aquatiques? Fréquentez les herbiers et les zones humides. La conservation de ces habitats et le maintien de bandes végétales riveraines contribuent à une saine cohabitation entre humains et volatils : l’affluence de canards et d’oies sauvages à proximité des zones habitées ne causera aucun problème tant que la concentration et les habitudes des animaux demeureront naturelles et notre attitude, respectueuse.

canards
Habitués à la présence humaine, les canards deviennent des visiteurs assidus. Crédit photo : GrandQuebec.com.

Une réflexion finale qui s’impose

L’ingérence de l’homme dans l’utilisation du milieu naturel, comme dans le nombre et la distribution des populations animales, ne date pas d’hier. Elle ne se résume pas au cas des canards ou des goélands. On n’a qu’à évoquer les marais sacrifiés au profit de l’urbanisation ou de l’agriculture. Les cerfs et les canards dont on légifère successivement la protection et la chasse. Aux espèces de poissons qu’on implante ici pendant qu’on les extermine ailleurs. Les problèmes invoqués concernant le contrôle démographique d’une espèce s’avèrent le plus souvent liés à des agacements et à des inconforts (pelouses souillées, jardins broutés, etc.). Cela quand ce n’est pas simplement une question de gros sous. Le fait que nos propres agissements soient à la base des problèmes entre rarement dans l’équation.

Pourtant, nous avons bel et bien décimé, par crainte ou par appât du gain, les prédateurs du cerf. D’ailleurs, nous avons multiplié les dépotoirs qui attirent les goélands. Nous nourrissons les outardes et les canards au gré de nos caprices. Pourquoi nous étonner ensuite des conséquences de notre mode d’action sur la faune ? Dans un même ordre d’idées, certains réduisant apprécient la quiétude et la beauté de leur propriété riveraine. (Pourvu qu’il n’y ait pas de plantes aquatiques autour du quai. Pas de canards sur la pelouse, pas de rats musqués dans les plates-bandes. Et que la rivière ne s’avise pas d’éroder la berge). Voulons-nous vraiment une nature à ce point… dénaturée ?

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