Le royaume des tortues

Le royaume des tortues québécoises

Le bassin de la rivière des Outaouais présenterait la plus grande variété de tortues indigènes au Québec. Presque toutes les espèces dulcicoles répertoriées s’y côtoient : la chélydre serpentine (Chelydra serpentina), la tortue musquée (Sternotherus odoratus), la tortue des bois (Clemmys insculpta), la tortue mouchetée (Emydoidea blanding), la tortue géographique (Graptemys geographica), la tortue peinte (Chrysemys picta).

Bien qu’elles soient présentes, plusieurs figurent sur la liste des espèces menacées ou en voie de le devenir, et s’avèrent peu observables. Trois d’entre elles, les tortues musquée, mouchetée et géographique, semblent reléguées aux secteurs de Montréal et de l’Outaouais. La tortue molle à épines (Apalone spinifera) a déjà été recensée le long de l’Outaouais, mais n’a fait l’objet d’aucune observation récente. Quant à la huitième espèce dulcicole connue, la tortue ponctuée (Clemmys guttata), sa présence n’a pas été confirmée dans le bassin de cette rivière.

La tortue peinte appartient à l’espèce la plus commune; on peut la voir se chauffer au soleil sur une souche ou un rocher. On peut la surprendre en train de déposer ses œufs non loin de la route ou près d’un marécage. De petite taille, 12 cm en moyenne, elle se nourrit de plantes aquatiques, de larves d’amphibiens et d’insectes, de mollusques, de vers et d’écrevisses.

Elle est alléchée à l’occasion par un cadavre de poisson ou par d’autres organismes en décomposition. L’accouplement a lieu au printemps, dans l’eau, et la ponte survient entre juin et la mi-juillet. La femelle dépose de 5 à 8 œufs dans une dépression qu’elle a creusée sur la terre ferme, dans un sol de préférence sablonneux, parfois rocheux ou argileux. Les œufs sont recouvertes soigneusement et l’éclosion se produira en septembre ou au printemps suivant, à condition que les nids ne soient pas dérangés par l’activité humaine ou pillés par quelque prédateur comme le raton laveur.

Les jeunes tortues, autonomes dès leur éclosion, mesurent à peine 3 cm et sont vulnérables à la prédation par l’achigan, le ouaouaron, le grand héron. Le rat musqué, la loutre et le vison. L’âge de la reproduction est atteint vers 3 ou 4 ans, parfois plus tard. Durant l’hiver, la tortue peinte s’enfouit dans la vase ou sous les débris qui recouvrent le fond du plan d’eau.

Les tortues du Québec sont aujourd’hui soumises à une pression accrue sur leur habitat. L’achalandage des plans d’eau et la destruction des zones humides restreignent leur espace vital. Le tracé d’une route ou la modification d’une berge les déloge carrément d’un site de ponte. On s’efforce présentement de sensibiliser les propriétaires riveraines, les pêcheurs, les forestiers, les promeneurs et les autres responsables de la préservation des milieux aquatiques au sort de la faune reptilienne, particulièrement à celui des tortues.

On compte beaucoup sur un partage de l’observation des tortues « rares » avec les organismes voués à l’environnement pour compléter le portrait de leur répartition.

Amis randonneurs, ouvrez l’œil! Votre prochaine excursion peut enrichir le tableau vivant où se dissimule la tortue musquée ou mouchetée de la collection du Québec !

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Tortues du Québec
Tortues du Québec. Crédit photo – GrandQuebec.com.

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