Poissons de la rivière Sainte-Anne
Selon les différentes études menées dans le bassin de la rivière Sainte-Anne, son réseau hydrographique compterait une soixantaine d’espèces de poissons réparties en une vingtaine de familles. Toutes ces données ne s’appliquent pas à l’ensemble de la rivière et de ses affluents. En effet, les cours d’eau voisins de Sainte-Anne-de-la-Pérade renferment une plus grande diversité d’espèces que ceux des autres secteurs, probablement parce que certaines espèces du fleuve Saint-Laurent sillonnent l’embouchure de la Sainte-Anne.
La diversité nettement inférieure dans le reste du bassin versant dépendrait de la faible quantité de nourriture disponible pour les poissons. Rappelons que la légère acidité des eaux qui proviennent du Bouclier canadien en diminue la productivité biologique. La pollution pourrait être en cause : peu d’espèces intolérantes à la pollution sont recensées à l’échelle du bassin versant. Parmi les espèces présentes, la famille des cyprinidés est de loin la mieux représentée. L’alose savoureuse et l’esturgeon jaune, déjà susceptibles d’être rangés parmi les espèces menacées ou vulnérables, ont été observés à l’embouchure de la rivière. Le tronçon supérieur abrite des espèces dites d’eau fraiche; le segment sud du bassin renferme plus d’espèces d’eau tempérée.
L’omble de fontaine dans la portion supérieure du bassin et le poulamon atlantique à l’embouchure sont les espèces les plus recherchées pour la pêche. D’autres espèces appréciées des amateurs de pêche sportive, le doré jaune et l’achigan à petite bouche, sont récoltés dans la rivière Sainte-Anne, en aval du barrage de Saint-Alban et à d’autres endroits dans le bassin versant. Les lacs du bassin abritent le touladi, la truite arc-en-ciel, l’omble chevalier, le grand brochet et la perchaude, en plus de l’omble de fontaine.
Deux poissons familiers
Nullement des rares dans les eaux du Québec, la perchaude (Perca fluviatilis) et le crapet-soleil (Lepomis gibbosus) figurent au nombre des espèces de poissons qui ont été répertoriées dans la rivière Sainte-Anne. Les pêcher ressemble parfois à un jeu d’enfant. On croirait que l’hameçon est de trop : il suffit d’un ver de terre tenu du bout des doigts pour titiller leur appétit!
La perchaude, ou perche, a tendance à former des bancs groupant des individus de taille similaire, issus d’une même génération. Leur propension à l’attroupement les aide peut-être à faire face aux prédateurs. Poisson aux flancs et au dos jaunâtres striés de sept bandes caractéristiques, aux yeux tirant sur le vert, il consomme des larves d’insectes, des vers, de petits poissons et des alevins. La perchaude est la proie du brochet, de la loutre, du vison et d’une multitude d’experts dans le maniement de la canne à pêche.
Dans plusieurs régions du Québec, l’espèce est récoltée pour le commerce et fait l’objet d’une pêche sportive très populaire, hiver comme été. Elle se reproduit au printemps à travers les souches et les broussailles. Les femelles relâchent quelque 60 000 œufs liés entre eux dans une espèce de tube gélatineux transparent qui peut atteindre deux mètres de longueur. L’éclosion prend de 8 à 27 jours, selon la température de l’eau. Après avoir résorbé leur sac vitellin, les jeunes se nourriront de larves d’insectes et de minuscules crustacés. Ils atteindront la maturité sexuelle après trois ou quatre ans. Ils disposent d’une espérance de vie d’environ dix ans.
Comme la perchaude, le crapet-soleil est facilement reconnaissable : ses couleurs vivantes et contrastées en font l’un des plus beaux poissons d’eau douce du Québec. Peu de pêcheurs lui accordent leur attention, pressés qu’ils sont de s’en débarrasser. Le craper-soleil pond à la fin du printemps dans un nid que le mâle a construit dans le lit du cours d’eau. Après la ponte, les œufs fécondés adhèrent au substrat. Ils sont aérés et jalousement gardés par un mâle au comportement très territorial. Les jeunes atteindront environ 8 centimètres après deux ans de croissance; la taille moyenne des adultes est de 20 centimètres. Le crapet-soleil consomme toutes sortes d’invertébrés, surtout des mollusques.
(Source : Rivières du Québec, Découverte d’une richesse patrimoniale et naturelle. Par Annie Mercier et Jean-François Hamel. Les éditions de l’Homme, une division du groupe Sogides).
Note historique : Rivière Sainte-Marie fut le nom primitif français de ce cours d’eau. Samuel de Champlain qui l’a baptisé ainsi en 1609, n’a cependant pas fourni le motif d’attribution de ce nom. Champlain a répété la même appellation dans son ouvrage de 1632, Les Voyages de la Nouvelle-France occidentale dite Canada. La carte de Jean Bourdon dressée vers 1641, qui décrit le cours du fleuve Saint-Laurent de Tadoussac à Montréal, attribué, attribué le nom de R. St Anne à ce cours d’eau. Cette appellation devait dès lors s’imposer. On ignore l’origine de cette dénomination et aucune hypothèse ne peut être formulée sur le sujet. Cette rivière fut parfois appelée Sainte-Anne-de-Pèrade parce qu’elle arrose la municipalité de ce nom.
Voir aussi :
- Situation écologique de la rivière Sainte-Anne et son bassinhttps://grandquebec.com/eaux-du-quebec/ecologie-du-bassin-de-la-sainte-anne/
