Noms d’oiseaux

Noms d’oiseaux

Pour désigner les oiseaux, le profane dispose d’un vocabulaire restreint, qui est celui des noms communs: « canard », “pigeon » et « moineau » font partie de ce vocabulaire vernaculaire, propre à tous Les francophones. Pour bien des gens, le seul mot « oiseau » suffit d’ailleurs à l’essentiel de leurs besoins nomenclaturaux.

À un moment ou l’autre, des gens ont cependant été forcés de désigner des oiseaux pour lesquels aucun des mots de leur vocabulaire ne semblait convenir.

Certains ont créé un nom nouveau (pionne, limard, ou goglu, par exemple). D’autres ont utilisé un nom plus connu, qui leur semblait approprié (mais qui ne l’était pas); plusieurs des noms communs du folklore français (rossignol, pinson, ou alouette) sont ainsi passés dans les Langues Locales pour désigner des oiseaux tout-à-fait différents de ceux pour lesquels ces noms avaient originellement été créés.

Le vocabulaire peut varier d’un individu à l’autre, mais il a toujours une logique, qui peut être définie comme suit: des noms différents pour des choses différentes. Les désignations vernaculaires qui sont communes au vocabulaire de tous les francophones se retrouvent dans le bassin des noms communs. Même à l’intérieur de ce bassin réduit, le champs d’application donné à un même nom diffère souvent d’un Locuteur à l’autre: au Canada, rouge-gorge et grive peuvent souvent servir a désigner ce que d’aucuns appellent le merle. Ceux qui véhiculent un nom ont chacun l’assurance d’utiliser le nom juste (puisqu’ils l‘ont souvent appris de leurs parents!) et ignorent généralement les emplois autres que le leur. Dans le domaine de la culture populaire, tous les noms (outarde, gode, ou rouge-gorge, par exemple) ont leur valeur propre: il n’existe pas de « folklore officiel ».

Le vernaculaire et le technique

Par delà le vocabulaire vernaculaire élastique, commun à tous les locuteurs, il existe des vocabulaires techniques, propres à chaque discipline; on retrouve cette réalité Linguistique dans tous Les domaines de l’activité humaine. Sel est un terme du vocabulaire vernaculaire, qui, pour le chimiste francophone, peut devenir chlorure de sodium. Ce chlorure de sodium est différent du chlorure d’argent, qui est également un sel. En plus des vocabulaires techniques propres à chaque langue, plusieurs disciplines ont des notations scientifiques, qui ne sont pas du domaine de la langue; notre chlorure de sodium, par exemple, y devient NaCl.

En ornithologie, Merle d’Amérique est un terme technique français (sa notation scientifique est Turdus migratorius). C’est évidemment au spécialiste qu’il revient de démêler cet écheveau qu’est le vocabulaire technique d’une discipline, en se basant sur les principes de terminologie. Personne n’oserait s’adresser au profane pour établir Le vocabulaire de
l’informatique ou de l’aéronautique; la nomenclature des quelque 9 000 espèces d’oiseaux mérite bien plus qu’une attention superficielle, ponctuelle ou folklorique.

La diffusion des connaissances

Si les espèces d’oiseaux étaient peu nombreuses, elles auraient sans doute chacune un nom unique (le Merle, Le Moineau, l’’Hirondelle) comme c’est le cas pour les éléments chimiques (le Plomb, l’Argent, le Mercure). Mais la quantité d’espèces à nommer, face au peu de vocabulaire disponible pour les nommer, a fait que les spécialistes nomment les oiseaux, en français, selon un mode foncièrement bipartite.

Cette façon de procéder a pour effet de regrouper, autour d’un même substantif français, Un ensemble de déterminatifs qui servent chacun à désigner les espèces apparentées. À partir du vernaculaire hirondelle, par exemple, on a ainsi créé près de 80 noms différents, pour désigner 80 espèces, là où le profane n’a généralement qu’un seul nom Hirondelle).

La seule vue des noms Hirondelle bicolore et Hirondelle à front blanc nous permet de savoir que ces deux espèces sont plus apparentées l’une à l’autre qu’à tout autre oiseau qui porte un nom différent (moineau, merle, ou bécasse). Même si elle ne distingue pas les niveaux de parenté, la nomenclature française doit quand même tenir compte des liens de parenté entre les diverses espèces, qui constituent l’unique base objective que nous ayons pour juger de la pertinence de tel ou tel noms.

On pourrait bien sûr faire fi de telles notions et distribuer les noms a gauche et à droite, selon les caprices du moment. Nous aurions alors une nomenclature ou les mots perdraient tout sens propre. Or il est important de conserver le sens du substantif, puisque c’est lui qui permet de faire le lien entre le nom technique (Merle d’Amérique) et le nom vernaculaire dont il est issu (merle). Si le Merle d’Amérique n’était pas un merle et le chlorure d’argent n’était pas un sel d’argent, nous perdrions le sens même de la nomenclature technique française, qui est de permettre l‘expression, la diffusion et la vulgarisation des connaissances.

(Michel Gosselin, Musée national des sciences naturelles).

Des oiseaux qui ne passent pas inaperçus

Le chardonneret jaune, l’emblème de la Ville de Montréal

Le chardonneret jaune (Carduelis tristis) est un élégant petit oiseau reconnaissable à son plumage flamboyant. Mais l’hiver, le reconnaîtriez-vous? En effet, cet oiseau mue façon spectaculaire, c’est-à-dire qu’il change son plumage et, du même coup, sa couleur. Le mâle passe du jaune soleil à l’olive terne alors que la femelle, plus discrète, demeure verdâtre à l’année.

Ce petit granivore se reproduit en été, après la mue nuptiale. La femelle érige son nid dans les branches terminales d’un buisson ou d’un arbre, à une hauteur pouvant atteindre 10 mètres. Le mâle y nourrira sa compagne en couvaison comme s’il s’agissait d’un oisillon.

Le chardonneret jaune préfère les habitats ouverts, mais il est possible de le voir partout avant la reproduction. C’est un oiseau sociable qui recherche la compagnie de ses semblables pour se nourrir et se déplacer.

Le chardonneret jaune est devenu l’oiseau emblème de la Ville de Montréal en mai 2000, à la suite d’un vote populaire.

Jaseur d’Amérique : un grand romantique…

Il n’est pas rare de voir le jaseur d’Amérique (Bombycilla cidrorum) offrir des pétales de fleurs de pommier à sa femelle. Messieurs, prenez-le en exemple.

Le jaseur d’Amérique se reconnaît à son plumage d’aspect soyeux et à sa huppe. Dans le parc, cet oiseau fréquente la lisière du boisé et la friche, où il trouve des arbres et des arbustes fruitiers comme les amélanchiers, les sureaux, les groseilliers et les cerisiers. En effet, il est le seul de nos oiseaux à être frugivore, c’est-à-dire qu’il se nourrit de petits fruits.

Grégaire, le jaseur d’Amérique est un oiseau qui vit et se déplace en groupe.

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Canards de la Jacques-Cartier
Canards de la rivière Jacques-Cartier. Source de la photographie : GrandQuebec.com.

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