Musaraigne cendrée

Musaraigne cendrée – Sorex cinereus

(Famille des soriecidés. En anglais – Cinereous Shrew, Masked Shrew)

Répartition géographique : La musaraigne cendrée est le mammifère le plus répandu en Amérique du Nord, et l’un des plus communs dans la forêt boréale. On la trouve presque partout au Canada à l’exception de la toundra, de l’île d’Anticosti et des Îles-de-la-Madeleine. Elle habite également tout le nord des États-Unis.

Mensurations : Longueur totale : 80 à 115 mm ; queue : 33 à 49 mm ; pied : 10 à 13 mm ; oreille : 5 mm.

Poids : Les mâles et les femelles adultes sont de taille identique et pèsent de 2,9 à 6,6 g. Le poids des nouveaux-nés est de 0,32 à 0,36 g.

Caractères distinctifs : Cette espèce se distingue par son museau pointu, sa longue queue, son ventre gris et son dos brunâtre. Sa queue est brune et le dessus, plus pâle en dessous et son extrémité noire. Elle a cinq petites dents unicuspidées derrière ses incisives supérieures, ce qui la distingue de la musaraigne pygmée qui n’en a que trois.

Habitat : La musaraigne cendrée fréquente les habitats les habitats les plus divers : forêts naturels de conifères et de feuillus, terrains broussailleux, pâturages, bordures de marécages. Elle a une prédilection pour les endroits humides et son domaine vital couvre en moyenne 0,55 ha.

Gîte : Son nid à la forme d’une petite sphère d’herbes et de feuilles entrelacées de 4 à 6 cm de diamètre. Il est habituellement construite sous une souche, une bûche ou une pierre et comprend deux tunnels d’accès. Elle ne creuse pas de terriers, sauf dans le son très meuble et dans la mousse, et utilise volontiers les galeries creusées par les campagnols, les souris et les grandes musaraignes.

Reproduction : Les femelles pourraient avoir jusqu’à 5 portées entre mars et septembre, mais en général, elles en ont seulement 1 ou 2. Chaque portée comprend de 2 à 11 petits (moyenne 6 à 8). L’ovulation est provoquée par l’accouplement et la gestation dure environ 18 jours. Nus et aveugles à la naissance, les petits ouvrent les yeux à 17 ou 18 jours et sont sevrés à 3 ou 4 semaines. Ils atteignent la maturité sexuelle à 2 mois, mais la plupart ne se reproduisent qu’au printemps suivant. Les femelles élèvent seules leurs petits et défendent âprement leur nid. S’ils sont dérangés ou qu’ils doivent quitter le nid, les jeunes d’une même portée circulent parfois à la file indienne, chacun enfouissant son museau dans la fourrure du bas du dos de celui qui le précède.

Régime alimentaire : La musaraigne cendrée se nourrit d’insectes, pupes, larves et adultes, de centipèdes, de limaces et d’escargots, d’araignées et de lombrics. Elle consomme parfois des salamandres et de jeunes souris. Diverses graines figurent parfois à son menu, surtout en hiver. La musaraigne cendrée est un important prédateurs des cocons de la mouche-à-scie. Certaines femelles gravides consomment chaque jours plus de trois fois l’équivalent de leur poids en nourriture.

Comportement social : La musaraigne cendrée vit généralement seule et défend son nid contre ses congénères. La femelle tolère toutefois la présence du mâle au moment de la reproduction. Il est possible que les sécrétions nauséabondes des ses glandes latérales odoriférantes servent à marquer le territoire occupé par l’animal. Plutôt bruyante, elle émet une sorte de gazouillement lorsqu’elle se déplace et des cris stridents lorsqu’elle se sent menacée. Cette espèce produit aussi des ultrasons qui pourraient, par écholocation, faciliter l’orientation de l’animal et la localisation de ses proies. Mais ceci reste à démontrer.

Longévité : En milieu naturel, la musaraigne cendrée vit rarement au-delà de 14 ou 16 mois. En captivité,c certaines ont atteint l’âge de 23 mois.

Prédateurs : Ses principaux prédateurs sont les buses et les hiboux, les belettes, la grandes musaraigne, le renard roux et le lynx roux. Elle est parfois victime d’une couleuvre, d’une pie-grièche, d,un grand héron ou d’un chat.

Notes : Bien qu’on l’observe parfois le jour, elle est surtout nocturne. Durant l’été, elle préfère les nuits pluvieuses et ralentit son activité lorsqu’il fait froid. À l’automne, à mesure que les nuits refroidissent, elle s’active davantage durant le jour, devenant plus facile à observer. Elle reste active tout l’hiver, circulant parfois sur la neige, d’un arbre à l’autre, par temps doux, en y laissant l’empreinte de sa longue queue. Elle se déplace rapidement, peut faire des bonds de 10 à 15 cm de long et grimper sur la végétation basse.

La musaraigne cendrée s’avère des plus utiles en consommant de grandes quantités d’insectes qui affectent les cultures et la production forestière. Elle fut introduite à Terre-Neuve en 1958 pour combattre les infestations de tenthrède du mélèze. Depuis elle s’y est établie et on la retrouve maintenant dans presque toute l’île.

(Mammifères du Québec et de l’est du Canada. Éditions Michel Quintin. 2004. Imprimé en Chine).

Musaraigne, la cannibale.

La musaraigne est même cannibale. C’est vrai qu’elle exécute indistinctement le ver blanc, le hanneton el le bénéfique lombric, sans parler des oisillons qui ont nid à terre. Ces petits animaux, fort intolérants entre eux, pratiquent un cannibalisme particulièrement actif.

Le chercheur Pierre Pellerin se procura un jour une musaraigne — encore en pleine croissance — réunissant tous les signes particuliers d’une race qui prête tant a confusion corps mince, cou ramassé, museau allongé el pointé en forme de trompe, yeux vifs mais minuscules. oreilles nettement détachées, queue poilue et longue à elle seule comme la moitié du corps, pattes postérieures plus allongées que celles de devant. Le pelage, d’un gris brunâtre, était soyeux au toucher.

Un appétit stupéfiant : Le chercheur prépara un nid de fibre et de mousse et le plaça dans un grand bocal transparent où fut déposée sa nourriture : débris de viande, vers de terre, mouches communes. La prisonnière provisoire parut indifférente tant que l’homme la regardait. Il s’éloigna donc pour une bonne heure. À son retour, toute la nourriture avait été consommée.

Voulant varier le menu et poursuivre l’expérience, il ajouta une demi-douzaine de crevettes dûment épluchées, deux papillons et un hanneton. Il mit aussi à tout hasard (faut-il être naïf!) une rondelle de navet, un bout de carotte, des grains de riz et un petit morceau de poire.

L’épreuve fut concluante. À la nuit, toute la viande avait disparu. En revanche, l’alimentation végétale, dont se serait régalé n’importe quel rongeur, était totalement intacte. Impossible de la rassasier en ne lui offrant que des bagatelles du type sauterelle où araignée.

Pour calmer très momentanément son appétit, il eût fallu lui donner le cadavre d’une souris au sang encore chaud ou celui d’une de ses pareilles. Comme les fruits et légumes n’avaient toujours pas plus de succès, M. Pellerin se décida, parfaitement édifié, à libérer son exigeante pensionnaire. D’autres que lui ont poursuivi leurs tests en attachant un fil à la patte d’une musaraigne, pour la laisser entrer dans ces petits trous que l’on distingue au milieu des champs. Peu après, sortait un campagnol en prise panique que mordait au au cou, jusqu’à ce qu’il fût saigné, la musaraigne.

Voir aussi:

Si on lui donne le choix, la musaraigne dévorera toutes sortes de viandes avant de toucher à quelque légume que ce soit. Elle préférera même se repaitre de la chair de ses semblables avant de manger des carottes ou du chou. Photo d’Andrey Arkashev.
Musaraigne cendrée et sa progéniture. Photo de libre des droits.
Musaraigne cendrée et sa progéniture. Photo de libre des droits.

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