Marmotte canadienne ou siffleux
La marmotte est un rongeur que nous voyons dans toutes les régions et dans presque tus les coins de nos campagnes, au voisinage des terres en culture aussi bien que dans les lieux abandonnés, dans la forêt comme dans les renversais d’arbres causés par le vent.
Comme le putois, ce rongeur a su résister à la destruction systématique par la civilisation si bien que nous retrouvons ses trous dans presque tous nous champs, malgré les efforts du cultivateur pour le détruire.
C’est un pauvre animal qui vit sans malice dans son terrier à deux ou trois entrées et il semble avoir choisi comme le mot d’ordre américain : « Mêlons nous de nos affaires ».
Comme le tamias rayé, son cousin, de très loin et beaucoup plus petit que lui, il ne se tient jamais loin de son trou et au moindre bruit ou dérangement, il s’y cache en vitesse en laissant échapper ce sifflement connu auquel il doit son nom.
Si le sort l’a fait naître hors de la forêt, il a le talent d’établir sa demeure près d’un champ de grain qu’il dévore en herbe. Notre marmotte appartient à la famille des « Sciuridés », comme nos écureuils de toutes sortes et le tamias rayé. Il a passablement les mœurs de ce dernier, bien moins intelligent et moins aimable que lui. Contrairement au tamias rayé, enjoué, tout heureux de vivre, la marmotte du Canada est plutôt timide, renfrognée, flâneuse. Elle ne veut de mal à personne, se mêle de ce qui la regarde et ignore tout le monde autour d’elle en vertu du principe qu’il faut vivre et laisser vivre.
Courage remarquable
Solitaire, paisible, autant qu’un petit chat, le siffleux se défend comme un lion s’il est attaqué et il se montre aussi brave qu’il est paresseux. Qu’on l’y oblige et il vendra chèrement sa vie. Ne reculant pas devant la bataille avec un plus gros que lui, il sait se servir de ses dents aiguës, arme terrible. Engagé dans le combat, il ne demande pas merci : il a raison de son ennemi ou meurt dans l’engagement. Il siffle de colère, tempête à sa façon, mord égratigne, déchire jusqu’à la victoire, ou meurt en héros, saignant et épuisé, à bout de souffrances et de forces. Près de son trou, même s’il est brave, plutôt que de livrer bataille, il préfère fuir ses ennemis : le renard et l’ours de la forêt, le chien et l’homme des champs.
Ce mammifère court et trapu, ne craint guère la belette, l’ennemie terrible de l’écureuil et du tamias; il lui tient tête et la dévore facilement s’il parvient à l lui mettre la dent dessus.
Il y a les yeux vifs et ronds, les oreilles plantées bas, la queue courte et fournie, le corps rond et mou, les muscles et l’ossature cachés sous la graisse. C’est un animal de vingt-quatre pouces du nez au bout de la queue et son poids ne dépasse guère dix livres. Sa fourrure brun roux, plus pâle sur les flancs et le ventre, est mêlée de poils blancs et noirs, qui lui donnent souvent une apparence grisâtre au soleil.
Le siffleux appartient bien à la faune nord-américaine et on le rencontre jusqu’au 55e degré de latitude.
Végétarien de nature, le siffleux se nourrit d’herbe tendre, de trèfle rouge surtout, son régal préféré. Il dévore aussi l’avoine, l’orge et le sarrasin en herbe, ronge les racines, les fruits et les légumes de toutes sortes, rarement il est carnivore. Il boit peu et c’est pourquoi il préfère les sols sablonneux et secs, souvent loin des ruisseaux et des sources. La sève des plantes, la pluie et la rosée lui suffisent amplement.
Animal prudent
La marmotte se perce un terrier dans une inclinaison du terrain pour prévenir l’inondation au printemps. Elle se façonne une sorte de galerie droite remontant un peu qui se terminera par son nid tapissé de foin sec et de feuilles. Plusieurs couloirs disposés en labyrinthe, mesurant jusqu’à trente pieds de longueur, mènent à son domicile. L’entrée principale mesure six ou sept pouces de diamètre et se dissimule ordinairement sous un tas de roches. Un pied d’arbuste ou sous une vieille souche. Ce sera son poste d’observation où une sentinelle, elle surveillera son ennemi tout en se chauffant au soleil.
C’est dans ce gîte modeste que naissent de deux à huit petits à la fin d’avril ou au début de mai. Au contraire de la plupart des autres rongeurs, ses petits naissent faibles, sans poil, mal faits et aveugles. Ils ne voient qu’à l’âge d’un mois et ne sortiront du nid qu’à six ou sept semaines. La période de gestation semble de quarante deux jours environ.
Aux derniers jours de l’été vers la mi-octobre il s’enfouit une dernière fois dans son terrier, se glisse dans sa chambre souterraine s’y installe de son mieux, la queue sur le museau, pour tomber dans son état léthargique de cinq mois. Sa graisse abondante lui tiendra lieu de nourriture pendant son sommeil, car il ne se réveillera pas toutes les semaines comme le fait le tamias. Son sommeil, semblable à la mort, sera profond et continu. Sa respiration sera faible, son pouls très lent, la chaleur de son corps au plus bas. Il se terre comme à regret alors que la nature lui offre la nourriture à profusion, pour réapparaître avec les dernières neiges de la fin de mars, dans une nature pauvre et dénuée.
Amaigri et plus faible, il sortira peu au début, attendra que le soleil de mai lui redonne les forces, en même temps que ses douceurs, et, à son tour, il réapparaîtra songeur et solitaire comme l’âme des champs silencieux, qui attendent la visite prochaine du semeur canadien.
Ce n’est pas un oracle !
Le 2 février de chaque année, c’est le Jour de la marmotte en Amérique du Nord. Lors de cet événement, on utilise une marmotte, telle une clairvoyante, pour savoir combien de temps il reste avant la fin de l’hiver.
Dans les faits nous la dérangeons pendant son hibernation, un état de profonde léthargie au cours duquel la température de son corps varie entre 4 et 14 degrés C et son cœur ne bat plus que quatre ou cinq fois la minute.