Les étourneaux – oiseaux nuisibles ou adorables ?

Les étourneaux sansonnets au Québec et en Amérique du Nord : oiseaux nuisibles ou adorables

Étourneaux au Québec : Après leur introduction en Amérique du Nord à la fin des années 1800, les étourneaux européens envahirent le continent comme une armée conquérante. Ils étaient voraces, bruyants, tenaces et se reproduisaient rapidement, passant de centaines à des millions en peu de temps.

Dans les airs, d’immenses nuées formaient des nuages fascinants, ondulant comme des rubans noirs au rythme mystérieux. Cependant, au sol, leur présence provoquait des conséquences bien plus graves pour l’agriculture et l’environnement urbain.

Les étourneaux pouvaient ravager donc une récolte entière en un ou deux jours, détruisant des efforts annuels des agriculteurs. Les arbres urbains pliaient sous leur poids, tandis que l’on voyait des trottoirs et bâtiments recouverts d’excréments nauséabonds.

Parfois, ils restaient dans une région pendant plusieurs semaines, voire des mois, causant des nuisances presque apocalyptiques. En quelques décennies, les étourneaux devinrent l’une des espèces d’oiseaux les plus nombreuses et détestées en Amérique du Nord.

La biologiste Rachel Carson plaisanta un jour que l’étourneau « a probablement moins d’amis que n’importe quel autre oiseau ». Un écrivain suggéra que François d’Assise, confronté à eux, aurait fabriqué une fronde en désespoir de cause.

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Face à la prolifération des étourneaux, les gens tentèrent, sans succès, diverses techniques audacieuses et parfois absurdes pour les éloigner. Ils utilisèrent des filets, de la poudre irritante, des hiboux vivants ou factices, des feux d’artifice et des lumières clignotantes.

On a drapé les bâtiments de fils électrifiés, des rebords huilés et des bruits enregistrés diffusés via haut-parleurs. Dans certains cas, des résidents suspendaient des sous-vêtements sales dans les arbres en guise de méthode désespérée.

Des hommes armés de tuyaux d’incendie ou de fusils, ainsi que des primes en espèces, furent mobilisés contre eux. Même l’armée et des experts en biologie animale furent sollicités pour trouver des solutions efficaces.

Des poisons chimiques spécifiques aux étourneaux furent développés, et des moteurs d’avion redessinés après un crash tragique à Boston. Des équipes furent engagées chaque janvier à Washington D.C. pour éloigner les oiseaux le long des routes de la parade présidentielle.

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Malgré les efforts, les étourneaux continuèrent leur expansion en nombre et en territoire, restant mystérieux et tenaces. Pourtant, leur beauté réside dans leurs plumes irisées rappelant des étoiles et leurs formes fluides au crépuscule, véritables œuvres d’art.

Leur démarche maladroite évoque davantage un enfant qui titube qu’un oiseau élégant, ajoutant un charme complexe à leur nature. Ainsi, bien que perçus comme des nuisances, leur présence invite à une appréciation plus nuancée et artistique.

Le fait qu’ils imitent tant de sons animés ou inanimés, du bip d’une clé aux notes de Mozart, est fascinant. Même la cacophonie des milliers d’étourneaux dans un perchoir évoque une certaine admiration pour leur puissance sonore.

Des éclats furieux rappellent parfois les dernières années de John Coltrane, à l’écoute difficile mais insistant pour être entendu. Une grande partie du monde humain tourne autour du contrôle, alors la nature nous rappelle combien elle est merveilleuse.

Il est vrai que les étourneaux ont causé des dégâts, mais nous sommes responsables de leur introduction en Amérique du Nord. Capturés dans leur habitat, transportés à travers l’océan, ils ont été lâchés sur un sol étranger sans le demander.

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Les détester pour survivre dans une terre qui ne leur appartenait pas semble injuste envers eux et leur adaptation naturelle. En abattant des forêts, construisant des villes et labourant des terres sauvages, nous avons rendu le continent accueillant pour eux.

Nos opérations de grande envergure, de l’agriculture aux aéroports, ont offert des habitats attirants aux étourneaux. Ils ont évolué à nos côtés, répondant à nos tentatives de les contrôler par une volonté inflexible et un esprit de persistance.

Cependant, leur population en Amérique du Nord est aujourd’hui réduite, un écho de leur gloire passée victime de l’impact humain. Comme tant d’autres espèces sauvages, ils témoignent des conséquences de l’interaction humaine avec le monde naturel.

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étourneaux au Québec
Étourneaux au Québec. Photo libre de droits.

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