Colibri en Nouvelle-France

Colibri en Nouvelle-France

Voici une description des colibris, faite par Gabriel Théodat Sagard en 1632, dans son récit Le Grand Voyage du pays des Hurons. Dans ce texte, ce frère Récollet exprime sa fascination pour cet oiseau-mouche :

Premièrement, je commencerai par l’oiseau le plus beau, le plus rare et le plus petit qui soit, peut-être, au monde, qui est le viciln ou oiseau-mouche, que les Indiens appellent en leur langue ressuscité.

Cet oiseau, en corps, n’est pas plus gros qu’un grillon, il a le bec long et très délié, de la grosseur de la pointe d’une aiguille, et ses cuisses et ses pieds aussi menus que la ligne d’une écriture; l’on a autrefois pesé son nid avec les oiseaux et trouvé qu’il ne pèse davantage que vingt-quatre grains (0,05 grammes).

Il se nourrit de la rosée et de l’odeur des fleurs sans se poser sur celles-ci, mais seulement en voltigeant par-dessus.

Sa plume est aussi déliée que duvet est très plaisante et belle à voir pour la diversité de ses couleurs.

Cet oiseau (à ce qu’on dit) se meurt, ou pour mieux dire s’endort, au mois d’octobre, demeurant attaché à quelque petite branchette d’arbre par les pieds, et il se réveille au mois d’avril, quand les fleurs sont en abondance, et quelques fois plus tard, et pour cette cause est appelé, en langue mexicaine, ressuscité.

Il en vint quantité en notre jardin de Québec lorsque les fleurs et les pois y sont fleuris, et je pensai plaisir de les y voir; mais ils vont si vite que n’était qu’on en peut parfois approcher de fort près, à  peine les prendrait-on pour oiseaux mais pour papillons; mais y prenant garde de près, on les discerne et reconnaît à leur bec, à leurs ailes, plumes et à tout le reste de leur petit corps bien formé.

Ils sont fort difficiles à prendre, à cause de leur petitesse et pour n’avoir aucun repos; mais quand on les veut avoir, il se faut approcher des fleurs et se tenir coi, avec une longue poignée de verges, de laquelle il les faut frapper si on peut, est c’est l’invention et la manière la plus aisée pour les prendre.

Nos religieux en avaient un en vie, enfermé dans un coffre; mais il ne faisait que bourdonner là-dedans et quelques jours après il mourut, n’y ayant moyen aucun d’en pouvoir nourrir ni conserver longtemps en vie.

colibri canada
Colibri (mais ce n’est pas un colibri à gorge rouge, le seul qui niche au Québec – v. le commentaire d’un lecteur), © Lucie Dumalo.
Abrouvoir colibri
Abreuvoir pour les colibris. Photographie de GrandQuebec.com.

Pour en apprendre plus :

2 réflexions au sujet de “Colibri en Nouvelle-France”

  1. Je crois que la photo ne représente pas un colibri à gorge rubis, la seule espèce de colibri qui niche sur le territoire du Québec. Le texte de Gabriel Sagard datant de 1632 est extraordinaire!

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