Animaux et leur rôle au théâtre
Acteurs à quatre pattes, tragédiens à griffes, comiques à fourrure ou à toison, artistes de tout poil assurés de trouver auprès du public un accueil enthousiaste chaque fois qu’on les fait figurer au théâtre, ou qu’on va jusqu’à leur confier un rôle.
Un observateur a constaté qu’au théâtre les artistes les plus acclamés, ceux auxquels le public a le plus généreusement prodigué l’encens de ses louanges et la griserie de ses applaudissements, ce sont les acteurs à quatre pattes, à plumes, à griffes, à fourrures… Chaque fois que, dans une pièce, un rôle est tenu par un chien, un chat, un perroquet, un éléphant ou un cheval, c’est pour ce chien, ce chat, ce perroquet, cet éléphant, ce cheval que s’enthousiasme le public; c’est cet artiste qu’on vient voir an théâtre.
L’idée de mettre les bêtes à la scène était toute naturelle. Car, puisque le théâtre est l’image de la réalité, il faut bien faire place aux bêtes comme aux gens. Les animaux font partie intégrante de certaines mises en scène. L’ami de l’homme était indiqué d’avance pour prendre rang k la tête des animaux qui tiennent un rôle. Dès le temps de Racine, on vit des chiens figurer sur la scène des Comédiens du Roy.
Le meilleur acteur après le chien est le cheval: c’e.st une des gloires du théâtre au Cirque.
Dans cette corporation des animaux – comédiens, il en est qui amusent par le talent avec lequel il jouent un rôle : d’antres, au contraire, font la Joie du public parce qu’il leur prend soudain fantaisie de se refuser Justement à ce que l’auteur en attendait et de se livrer dans leur conduite à toute sorte d’incartades.
Et, il faut bien l’avouer, ce ne sont pas toujours ceux-là les moins drôles. Un des animaux les plus coutumiers du fait est le singe.
Aussi intelligent que le chien, il n’a pas sa docilité: il est capricieux, volontaire, n’obéit que quand il lui plait, et l’on a toujours à craindre avec lui quelque mauvaise farce…
Le perroquet, lui aussi est capricieux, taquin, méchant parfois, que ce soit dans son rôle ou non. Il amuse toujours.
Après le singe, l’animal le plus difficile à exhiber sur la scène est le légendaire compagnon de saint Antoine (un cochon); il a le sentiment, de l’indépendance poussé à un degré peu commun. Que faire de ce rebelle, de ce « raté »? On le met en loterie.
Le chat est beaucoup plus docile; mais il a souvent des caprices et des révoltes, lui aussi.
Après les animaux qui intéressent par leur talent, après ceux qui font rire par leurs espiègleries ou leurs incongruité, vient une autre catégorie d’animaux qui se recommandent parce qu’ils sont dangereux:
Ce sont les serpents. Il y a des pièces dont l’action exige de gros serpents; et comme ceux-là sont très dangereux, force est donc de se servir de serpents mécaniques qui se manœuvrent par des ressorts et des ficelles.
Un jour, on arriva où le roi des animaux, le lion, se fit cabotin.
Ce n’est pas tout, l’idée ne devait-elle pas venir de faire aux animaux un théâtre en miniature, dont Ils seraient les seuls acteurs, où Ils joueraient des pièces, où ils figureraient non pas en tant qu’animaux, male sous le costume et dans des rôles d’hommes ? Il y a des théâtres où l’on Joue ainsi une sorte de comédie animale. L’entreprise est toujours compliquée, car elle exige une éducation toute spéciale des animaux.
Il y a une chose qui manque pourtant à tous ces comédiens-là et, â vrai dire, c’est la principale. Les comédiens à quatre pattes sont muets ou du moins ils ont un langage que nous ne comprenons pas. En somme, pour être des artistes parfaits. Il manquera toujours aux animaux quelques petites choses.
Mais il est si curieux de leur voir jouer leur rôle sur les planches, parmi les vrais acteurs, qu’ils sont assurés d’obtenir toujours grand succès.
La rage chez le coq
On ne pensait pas que les gallinacés pussent contracter la rage et la transmettre. Or M. Remlinger a communiqué à l’Académie de médecine deux observations rapportées par M. Haïm Nairn, directeur de l’Institut antirabique de Constantinople et qui montrent que cette éventualité peut parfaitement se réaliser. 11 a. â ce propos, entrepris, en collaboration avec M. J Rally, des recherches qui lui ont démontré que le coq mordu à la crête par un animal enragé est susceptible de contracter la rage qui peut prendre chez lui soit la forme furieuse, soit la forme paralytique. Dans la première forme. Il peut communiquer la maladie soit â un autre oiseau, soit à l’animal, soit à l’homme. On fera donc bien, conclut-il de soigner par les inoculations pastoriennes les sujets qui auraient été atteints par Je bec du coq supposé mordu, comme nous venons de le dire.
(Ce texte date du mois de janvier 1930).
Voir aussi :
- La première pièce du théâtre au Canada
- Les animaux, distinguent-ils les couleurs ?
- Prendre soin des animaux