
Du Moyen Âge au XXe siècle
L’université n’est pas une invention des temps modernes, mais le produit d’une évolution !
Pierre Calando (article paru dans Les Diplômés, n° 351, automne 1985)
Les premières universités : Bologne, Paris, Oxford sont nées au Moyen Âge d’un besoin d’indépendance envers les évêques qui gouvernaient les écoles capitulaires installées à l’ombre des cathédrales. Libérés de l’autorité épiscopale, maîtres et escholiers luttèrent pour éviter de tomber dans le giron du pouvoir laïque. Grèves, sécessions, migrations dans une autre ville, tous les moyens furent employés.
Des statuts octroyés par le Saint-Siège et garantissant l’indépendance de l’université mirent fin à ces querelles. La papauté renforçait ainsi l’autorité de facto qu’elle exerçait sur le puzzle européen depuis la chute de l’empire romain.
C’était également le moyen de contrôler la formation des clercs et de s’assurer du respect des dogmes.
Les princes comprirent vite qu’ils avaient intérêt à s’accommode de la nouvelle institution, pépinière de fonctionnaires dont le prestige rejaillissait sur la ville et son prince.
Les universités créées au XIVe et XVe siècle furent donc souvent le fruit des ambitions princières et des rivalités régionales.
Des étudiants agités
L’Universitas studorium était une communauté autogérée qui regroupait par nations les étudiants venus des diverses régions de l’Europe. Une assemblée présidée par un recteur élu réunissait les quatre facultés originelles : arts, théologie, médecine et décrets (droit). Pour être admis à suivre les cours, il suffisait de savoir lire, écrire et de connaître la grammaire latine.
L’université dispensait également ce qu’aujourd’hui on appelle l’enseignement secondaire.
Les étudiants y entraient dès l’âge de quatorze ans. Bien que forcés au célibat, ils menaient souvent des vies dissolues.
Les rixes qui éclataient entre bourgeois (citoyens des villes) et étudiants buveurs et querelleurs dégénéraient facilement en affrontements violents.
Ces universités originelles tentèrent d’élaborer une approche universelle de la connaissance : l’universalisme de la pensée et du raisonnement réalisé par la scolastique qui, à ses débuts tout au moins, fut l’instrument de clarification de la pensée médiévale (cf. l’œuvre de Thomas d’Aquin).
Cet universalisme ne garantissait pas toutefois l’égalité des réputations. Bologne, fondée dès le XIU siècle, était réputée pour son enseignement juridique. Paris était célèbre pour les arts et la théologie, Montpellier, aima mater de Rabelais, pour la médecine et le droit civique.
Renaissance et réforme
À la longue, l’enseignement universitaire, qui tenait plus de l’initiation que de l’innovation pédagogique, scientifique ou technique se sclérosa.
Les idées humanistes de la Renaissance apparues dès le début du XIVe siècle dans les universités italiennes, essaimèrent sur toute l’Europe, insufflant un esprit nouveau dans l’enseignement.
L’invention de l’imprimerie posa dès cette période le problème de la collaboration de l’université avec l’industrie.
Enfin, sous l’influence de la Réforme et de l’expansion du protestantisme, l’université dut assumer son rôle politique en s’alignant, bon gré mal gré, sur la religion du souverain.
L’intolérance de Luther envers les sciences et surtout envers la philosophie raviva la querelle faite à l’université et à son enseignement, cause d’incroyance.
Le «je doute» de Descartes sema l’effroi parmi les maîtres d’alors, imbus d’Aristote, et prépara la voie aux philosophes du siècle des «Lumières».
L’université moderne
Au XIXe siècle, la nécessité d’une communication plus large et plus efficace entre ses rouages oblige la société industrielle à répandre la lecture et le savoir. L’accumulation du capital et l’organisation de la production constituent le moteur du développement économique et social, l’enjeu des rapports de classe. C’est la période où la bourgeoisie capitaliste apparaît comme la classe dirigeante montante.
Le contenu de l’enseignement n’est plus seulement un héritage, le but visé n’est plus de transmettre les éléments d’un système de valeur dominant, mais de participer au développement, au progrès, donc de créer. L’université moderne est le fruit de cette exigence.
C’est au XIXe siècle que les premières universités apparaissent au Québec. Elles se sont développées, comme en Europe, autour des quatre facultés de théologie, de droit, de médecine et des arts. Sauf McGill, elles émanent toutes d’organisations religieuses. En 1954, Sherbrooke est fondée avec une double charte laïque et canonique. Dans le cadre de la réforme de l’éducation du gouvernement Lesage, Laval et Montréal reçoivent des chartes laïques.
Le 18 décembre 1968, la plus jeune des universités québécoises voit le jour, offrant ainsi un enseignement supérieur aux régions éloignées.
L’Université du Québec, avec ses onze composantes (y compris la Télé-Université), porte a 18 le nombre d’établissements dispensant un enseignement de niveau universitaire sur le territoire québécois.

Rue Ontario, UQAM. Photographie de GrandQuebec.com.
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