Survivre aux études : Trucs et ficelles
Étudier, ça s’apprend. Voici quelques astuces pour ne pas laisser sa peau sur les bancs d’école entre les nuits blanches, le boulot, les corvées ménagères et les marathons de fin de session.
1. Savoir s’organiser
Gérer son temps, la belle affaire. Principe ô combien difficile à maîtriser, c’est pourtant la règle numéro un du parfait étudiant. C’est simple : un étudiant qui ne sait pas s’organiser court droit vers l’échec, clament en chœur les spécialistes de l’aide à la réussite.
Pour vous aider à y voir clair, certains cégeps et universités offrent gratuitement des services d’aide à l’apprentissage. De quoi découvrir comment gérer son temps, prendre des notes, se concentrer et mémoriser, ou préparer de longs travaux, des exposés oraux, des rédactions, etc. Mais attention : il n’existe pas de recette universelle : « Tous les trucs ne conviennent pas à chacun, prévient Dominique Dubé du service d’orientation et de consultation psychologique de l’Université Laval. L’étudiant doit se questionner pour savoir si ces méthodes s’harmonisent à sa personnalité. »
Ainsi, rien ne sert d’acheter un agenda si vous êtes du genre à oublier de le consulter. Et si un oiseau de nuit sommeille en vous, ignorez les conseils de ceux qui chantent à tut venant que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il faut respecter son horaire personnel. Certains sont très efficaces le soir, voire la nuit
La clé de l’organisation : se connaître. Pour y arriver, faites d’abord une évaluation rationnelle de votre emploi du temps. Identifiez les moments de la journée ou de la semaine où vous êtes le plus efficace. Puis morcelez le temps d’études en petits blocs : mieux vaut étudier quelques heures par jour que de se farcir une journée marathon. Jamais plus de 10 heures de travail intellectuel par jour. Sinon, l’étudiant travaille à crédit et paiera le prix de ses efforts les jours suivants. Sachez aussi varier le menu pour éviter les indigestions : passez au maximum cinq heures par tâche ou par matière.
S’organiser devient même un reflex de survie en sciences ou en génie, où matières théoriques et laboratoires se succèdent à une cadence infernale. Manquer un cours important ou remettre systématiquement les travaux à plus tard peut s’avérer fatal.
2. Concilier boulot et travaux
C’est bien connu, études à temps plein et travail à temps partiel ne font pas toujours bon ménage. Reste que, pour plusieurs, les subventions aux études sont loin de suffire pour boucler le budget : après avoir payé les frais de scolarité, la carte de métro et le loyer du mois, on racle souvent les fonds de tiroir pour se mettre du macaroni sous la dent.
Un emploi aide à renflouer le portefeuille, mais il peut également un effet bénéfique sur le rendement. Celui qui ne fait qu’étudier a moins d’occasion de se changer les idées. Mais surtout, il développe une perception qu’il a beaucoup de temps avant lui. Et se retrouve souvent à faire ses travaux à la dernière minute. L’idéal? Travailler de 12 à 15 heures par semaine. De façon générale, on constate que 15 heures de travail par semaine ne nuisent pas à l’apprentissage. Entre 15 et 20 heures, l’emploi a une certaine incidence sur les études. Au-delà, cela peut mener à l’échec. Il n’y a pas 36 solutions pour garder la tête hors d’eau : il faut réduire les heures de travail, réduire le temps consacré aux loisirs… ou couper sa charge de cours, quitte à prolonger les études. C’est une question de priorité.
Pascal, étudiant en sciences de la communication au cégep du Vieux-Montréal, a quant à lui choisi de réduire ses disponibilités auprès de son employeur, un restaurant-minute du centre-ville. « Avant, je travaillais presque tous les jours, selon les disponibilités de mon horaire. Maintenant, je n’accepte de travailler que les fins de semaine. »
Il faut éviter également de trop regrouper les cours, même si cela fait l’affaire de votre patron. Un grand nombre d’activités intellectuelles le même jour se soldera souvent par une baisse de productivité le lendemain. Imaginez les fins de session : deux examens le même jour, puis deux autres le lendemain ou le surlendemain.
3. Concentrez-vous
Pas de concentration sans environnement calme, à l’intérieur comme à l’extérieur. Un problème personnel vous préoccupé? Tentez de le régler avant de vous plonger dans les livres, conseille Dominique Dubé. Les services d’un psychologue (gratuits dans la plupart des universités, si l’on accepte de se soumettre aux aléas des listes d’attente) pourront éventuellement s’avérer d’un précieux secours pour parer à l’anxiété, à la procrastination ou à l’angoisse de l’examen.
Pour étudier efficacement, installez-vous loin des divertissements (le téléviseur, le téléphone… ou les colocs), Jean-François, étudiant en histoire à l’UQAM, préfère même déménager ses pénates à la bibliothèque pour lire, étudier ou même faire ses travaux. « Je sais que là-bas, je n’ai pas d’autre choix que de travailler. Même en rédigeant un papier à la main pour le recopier plus tard, je suis plus efficace à la bibliothèque qu’à la maison ».
Comme au gymnase, le réchauffement facilitera l’activité, souligne Dominique Dubé. « Un bref survol de la théorie stimule le cerveau et permet de faire des liens : qu’avons-nous vu en classe la semaine passée? Comment cette lecture s’intègre-t-elle au contenu du cours? » Les fiches de lecture ou les résumés aident également à assimiler la matière.
L’esprit a néanmoins besoin de prendre le large de temps à autre. C’est la règle du un sixième : 50 minutes d’étude, 10 minutes de pause. Pas plus, car vous aurez du mal à vous remettre à la tâche.
Pour certains, l’étude en groupe s’avère une méthode efficace afin de mieux intégrer la matière théorique. Étudiant en microélectronique à l’UQAM, Patrick participe à ce genre d’échanges au local étudiant du module. C’est utile quand on bloque sur un détail, par exemple. Un condisciple nous l’explique et ça nous permet de passer rapidement à autre chose. Mais gare aux versions question-réponse. Ce sont des réunions qui rassemblent à des exercices de mémorisation. Une discussion sur la matière vue en classe peut être valable si chacun apporte sont point de vue.
4. Joindre les deux bouts
Le ministère de l’Éducation est un peu chiche à votre goût? Soyez ingénieux : postulez auprès d’un organisme ou d’une entreprise. Il existe des milliers de bourses privées au Canada. Les critères d’admissibilité sont les plus variés, mais les étudiants pourront trouver chaussure à leur pied, quelle que soit la discipline qui les intéresse.
Une visite au bureau de l’aide financière de votre institution s’impose pour faire un premier tri. Internet fera le reste : un moteur de recherche efficace – Copernic par exemple – vous permettra de découvrir des bourses dont vous ne soupçonniez même pas l’existence. D’autre site, comme celui de l’Université de Sherbrooke, Boursétudes ou Scholarships Canada vous aideront à vous y retrouver. Les critères d’admissibilité étant parfois très pointus, il faut prendre le temps de bien remplir les formulaires.
Produire une déclaration de revenus peut également s’avérer profitable. Ainsi, si vous avez déménagé à au moins 30 kilomètres de votre précédent lieu de résidence pour vous rapprocher de votre établissement scolaire ou de votre lieu de travail – même si ce n’est que pour l’été -, vous pourrez déduire les coûts de déménagement auprès du gouvernement fédéral. Les frais de scolarité sont aussi déductibles d’impôt. Ça ne concerne pas seulement les frais de cours et d’admission : vous pouvez aussi inclure les frais d’utilisation de la bibliothèque ou d’un laboratoire, les frais de délivrance d’un diplôme ou le coût d’un examen auprès d’un ordre professionnel lorsque ce dernier est obligatoire pour exercer la profession. Enfin, les étudiants sont généralement admissibles au crédit remboursable pour la taxe sur les produits et services, un chèque qui n’a rien de négligeable.
Étudiante en sciences de l’administration au collège de Rosemont, Véronique a quant à elle trouvé une façon d’économiser sur les frais de livres : l’emprunt à la bibliothèque. Plutôt que de se ruer à la librairie, elle se pointe à la bibliothèque du cégep ou à la bibliothèque municipale sitôt sa liste de lectures obligatoires en main; il lui suffit de renouveler le prêt par la suite… Si par malheur Véronique ne peut éviter d’acheter un livre ou un recueil de lectures, elle tentera d’en obtenir un exemplaire usagé, et vendra elle-même les livres dont elle n’a plus besoin. « Mais il faut être vite sur les patins : je scrute le babillard dès le premier jour de la session.
5. Écourter ses études
Comment sabrer dans les frais scolaires et joindre le marché du travail un an avant tout le monde? En complétant un DÉC-bac combiné, une formule explorée par certaines institutions. Encore peu répandu, ce type de programme est présentement offert à Trois-Rivières en sciences comptables (cégep de Trois-Rivières et Université du Québec à Trois-Rivières) ainsi qu’à Québec en informatique (Université Laval et cégeps Garneau et Sainte-Foy). L’idée de ce partenariat cégep – université est de créer des passerelles entre les deux niveaux académiques. À Trois-Rivières, l’étudiant qui adhère à ce programme décroche à la fois un DÉC et un bac en quatre ans. En informatique, il obtiendra ces deux diplômes en cinq ans.
D’autres astuces permettent de compléter ses études plus rapidement, comme les cours d’été ou la formation à distance, par Internet ou par correspondance. Mais prudence dans le choix des cours par correspondance, car tous ne seront pas reconnus par l’établissement qui décerne le diplôme. Quant aux cours d’été, ils ne conviennent pas à n’importe qui. Tout le monde a droit à ses vacances. Surtout les étudiants!
(Par Martine Roux, texte tiré de la revue Québec : Science pratique – Décembre 2000 – Janvier 2001).
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