Étudier au Québec

École de Bibliothécaire

École de Bibliothécaire

L’École de Bibliothécaire

Par Lucien Lusignan

« Cette École, nous apprend son prospectus, a été fondée le 13 mai 1937, à l’Université de Montréal, par un groupe de bibliothécaires, de bibliophiles et de bibliographes. Elle a pour objet l’étude des connaissances indispensables aux bibliothécaires, c’est-à-dire à toutes personnes, religieuses ou laïques, commises à la garde d’un dépôt de livres dans une institution publique ou privée. »  Le principal artisan de sa fondation fut Mlle Marie-Claire Daveluy, écrivain réputé et bibliothécaire adjointe à la bibliothèque de la ville de Montréal.

L’érudit conservateur de celle-ci, M. Aegidius Fauteux devint le directeur, et le R.P. Émile Deguire, C.S.C., supérieur du Collège de Saint-Laurent, le secrétaire général de la nouvelle École.

Le succès de l’inscription des élèves justifia la nécessité d’une telle initiative. Malgré l’indifférence de la majorité des nôtres envers la culture intellectuelle et la quasi-absence de nos bibliothèques publiques, plus de quatre-vingts personnes des deux sexes suivirent la première série de cours donnée en juillet 193 7 à la Bibliothèque municipale. Plusieurs vinrent de Québec et d’Ottawa. Ces cours se poursuivirent en juillet 1938.

Un examen les clôtura : il permit à trente-cinq élèves d’obtenir le diplôme de bibliographie et de bibliothéconomie au cours d’une collation solennelle présidée par Mgr Olivier Maurault, P.D.

On inaugura, en octobre, les cours de l’année académique qui se termineront en juin prochain. Citons parmi les plus importants: la classification systématique des livres, la rédaction des catalogues de bibliothèques, les répertoires, la recherche et la compilation bibliographique, la technique et l’histoire du livre, les bibliographies spéciales au Canada et à l’histoire de l’Eglise et tout ce qui concerne l’administration des bibliothèques (notamment l’acquisition, le classement, la conservation, la reliure et le prêt des livres). Chaque élève doit faire personnellement des exercices techniques. Ces études sont complétées par la visite de bibliothèques populaires ou spéciales, d’ateliers de reliure et d’imprimerie.

L’enseignement de l’École vise à adapter au milieu canadien-français, les méthodes françaises et américaines employées en bibliothéconomie. Le prospectus ajoute que l’École, du fait de son existence comme par l’enseignement qu’elle dispense, espère susciter un mouvement d’ensemble autour de nos bibliothèques. Ce mouvement favoriserait l’expansion de nos dépôts de livres. Il assurerait cette indispensable uniformité de méthodes nécessaire à l,efficacité pratique, au progrès de cet effort culturel canadien-français.

Le personnel enseignant a été trié sur le volet. Chaque professeur est un spécialiste en sa matière; plusieurs sont diplômés en bibliothéconomie de l’Université McGill. M. Aegidius, bibliothécaire et historien de renom, s’est chargé du cours sur les répertoires bibliographiques. Il a aussi remplacé le regretté Père Hugolin Lemay, franciscain, qui, en 1937, professa l’histoire du livre au Canada. La directrice des études, Mlle Daveluy, initie à l’art de la rédaction des catalogues de bibliothèques.

M. l’abbé Philippe Perrier pose les principes de la censure et présente l’histoire et la législation de la Congrégation de l’Index. Le R.P. Léon Pouliot, S.J. explique les bibliographies de l’histoire de l’Église au pays et à l’étranger. Le R.P. Thomas Charland, du Collège dominicain d’Ottawa, enseigne la recherche et la compilation bibliographiques, de même que Mlle Laurette Toupin. M. Raymond Parent, bibliothécaire diplômé de l’Université de Paris, traite de la technique et de l’histoire générale du livre en y ajoutant quelques cours sur le classement des archives. M. Joseph Brunet, B.L.S. des Universités McGill et Columbia, de New York, enseigne comment administrer une bibliothèque publique, Mlle Hélène Grenier raconte l’histoire des bibliothèques. Mlle Cécile Lagacé parle des bibliothèques rurales. A Mlle Thérèse Desrochers a été confié le cours portant de la classification systématique des livres, professé en 1937 par le directeur-adjoint de l’École, le R. P. Roméo Boileau, C.S.C. actuellement en repos au Collège de Saint-Laurent. M. Philippe Beaudoin, directeur de la section de reliure à l’École technique, est chargé du cours sur cette matière. Mlle Blanche Thériault, l’assistante de Mlle Daveluy, est le reviseur attitré des cours. Le R.P, Auguste Morisset, O.M.I., bachelier en sciences bibliothéconomiques (B.L.S.) de l’Université Columbia de New York et bibliothécaire de l’Université d’Ottawa, a été invité, cette année, à parler de la rédaction des catalogues d’incunables et de la critique des codes catalographiques. Ajoutons que le Père Morisset prépare actuellement sa maîtrise à l’Université Columbia.

Un certain nombre de diplômés de l’École se dévouent à l’enseignement primaire ou secondaire. Tout en formant des bibliothécaires, elle aura contribué à répandre dans le peuple le goût de la lecture sérieuse. Il faudra pour cela ériger des bibliothèques dans les quartiers populeux. C’est le contraire qui existe dans notre métropole. Les 120,000 volumes de la bibliothèque de Saint-Sulpice sont inutilisés comme les talents de notre jeunesse oisive. Notre bibliothèque municipale n’a pas de succursales tandis que celle de la capitale fédérale en a deux pour une population sept fois moins nombreuse.

Cette situation n’est guère encourageante pour ceux et celles qui projettent d’entrer dans la carrière de bibliothécaire. Pour corriger cela, il faudra que les éducateurs et les parents instruits inculquent aux enfants et aux collégiens le goût de la culture intellectuelle ou au moins la curiosité de l’esprit. Chaque école devrait avoir une bibliothèque avec une salle de lecture. Plus tard, Montréal et Québec verront surgir les centres de lecture et d’étude exigée par une génération convaincue de la nécessité de la culture postscolaire.

Dans une conférence prononcée au Cercle universitaire, il y a cinq ans, S. Éminence le cardinal Villeneuve affirma qu’une université doit être « une école de haut savoir ». L`École de bibliothécaires est une preuve nouvelle que notre université, malgré sa détresse matérielle, n’est pas indigne de ce titre. Souhaitons à cette jeune pousse de la culture catholique et française, de croître rapidement dans la portion canadienne-française de cette terre d’Amérique

Lucien Lusignan

Diplômé de l’École

Source : Action Universitaire, janvier 1938.

Note de GrandQuebec : Aujourd’hui, l’École de Bibliothécaire est devenue École de bibliothéconomie et des sciences de l’information. Adresse : Pavillon Lionel-Groulx, 3150, rue Jean-Brillant Montréal, H3T 1N8.

ecole bibliothècaire

Campus de l’UdeM. Photo : © GrandQuebec.com.

Voir aussi :

1 commentaire

  1. Diouf dit :

    bonjour, je suis un étudiant sénégalais agé de 23 ans qui est en Licence 3 à l’Ecole de Bibliothécaires,archiviste et documentaliste ( EBAD) je suis comme filiére bibliothécaire je trouve votre site trés intéréssant surtout avec les différentes rubiques.Celui qui veut poursuivre ses études de master quel est chemin qu’il deverait suivre pour venir étudier dans votre école.

Vous devez vous enregistrer pour ajouter un commentaire Login

Laissez un commentaire