Régime de l’étalon-or

Régime de l’étalon-or au Canada

Du 1er août 1854, date de la promulgation de la loi sur la monnaie dans le Canada-Uni et jusqu’au déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, le pays resta sous le régime de l’étalon-or.

Le fonctionnement du régime de l’étalon-or est apparemment simple: en vertu de ce régime, la valeur de la monnaie est fixée par rapport à l’or et est convertible à vue.

D’ailleurs, au Canada, les pièces d’or frappées aux États-Unis et celles émises au Royaume Uni avaient cours légal. Le dollar canadien était alors à la parité avec le dollar américain. Le souverain britannique équivalait à 4,8666$ CAN.

Sous le régime de l’étalon-or, la politique monétaire fonctionne dans une large mesure «en mode automatique». Le papier monnaie est converti en or sans aucune restriction. À l’époque, au Canada, les exportations et importations d’or n’étaient assujetties à aucun contrôle. Par conséquent, cela impliquait que les autorités canadiennes n’avaient pratiquement aucune marge de manœuvre pour gérer le taux de change ou conduire une politique monétaire autonome.

Les fluctuations enregistrées sur le marché par le taux de change entre le dollar canadien et le dollar É.-U., d’une part, et la livre sterling, d’autre part, autour de leur valeur officielle étaient limitées par les points d’entrée et de sortie de l’or qui déterminaient le seuil à partir duquel il était avantageux de jouer sur les différences entre les taux de change sur le marché et les taux officiels, en effectuant des exportations ou des importations d’or entre le Canada et les États-Unis ou le Royaume-Uni.

La différence entre les points d’entrée et de sortie de l’or et les cours officiels correspondait au coût de l’assurance et du transport de l’or entre New York ou Londres et Montréal, le métropole et le centre financier du Canada.

Les marges par rapport au dollar américain, de part et d’autre de la parité, étaient très étroites. En effet, le point de sortie de l’or était de 1,0008 $ CAN, et le point d’entrée, de 0,9992 $ CAN. Cela s’expliquait par la proximité géographique entre Montréal et New York.

Quant à la Grande-Bretagne, étant donné l’éloignement de Londres, la marge établie de part et d’autre de la parité de 4,8666 $ fixée pour la livre sterling était un plus large et s’établissait à 1%.

Le dollar canadien se négocia parfois en dehors de la fourchette des points d’or. Cela semble indiquer que des obstacles, imposés par les gouvernements afin de protéger leurs réserves d’or, entravaient les opérations. En fait, ces entraves instituées par le gouvernement canadien au flux transfrontière d’or n’étaient pas importantes avant la Première guerre mondiale, mais les restrictions devinrent une pratique courante depuis 1914. En vue de conserver les réserves d’or du pays, ces mesures furent renforcées vers la fin des années 1920, avec l’avènement de la crise économique.

En raison du fonctionnement du régime de l’étalon-or et du «mode automatique» de la politique monétaire, le gouvernement n’avait pas de recours à la politique budgétaire. Il n’existait aucun moyen susceptible d’amortir l’impact des fluctuations économiques et des importants mouvements de capitaux internationaux. Cette situation explique que le Canada ait connu durant les années du régime de l’étalon-or des périodes caractérisées par une forte expansion suivie d’une récession.

C’est pourquoi entre 1840 et le début du XXe siècle le Canada subit plusieurs contractions économiques accompagnées d’un effondrement des prix. Dès 1900 et jusqu’à 1913, des entrées massives de capitaux étrangers (en pourcentage du PIB canadien) mènent à l’intensification des pressions inflationnistes.

Notons que Terre-Neuve (qui ne faisait pas partie du Canada à l’époque), émit des pièces en or dès 1865, mais le Dominion du Canada ne fit de même que de 1912 à 1914, lorsque la nouvelle succursale d’Ottawa de la Monnaie royale de Londres frappa des pièces de 5 et de 10 dollars. Au début de la Première guerre mondiale, l’arrêt du remboursement en or des billets du Dominion marqua la fin de la production des pièces en or canadiennes.

Pour résumer, voici un extrait du roman Le Continent perdu, écrit par C.J. Cutliffe Hyne et paru en 1899 :

– Dans l’ancien temps, quand le métal précieux était extrait once par once de cailloux qu’il fallait aller chercher dans les Terres Dangereuses, un lingot coûtait une fortune. Alors seuls les hauts dignitaires pouvaient s’offrir des parures en or. Depuis que nous tamisons l’eau de mer, le prix du métal jaune s’est mis à chuter.

Voir aussi :

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Dans l’ancien temps, quand le métal précieux était extrait once par once de cailloux qu’il fallait aller chercher dans les Terres Dangereuses, un lingot coûtait une fortune. Alors seuls les hauts dignitaires pouvaient s’offrir des parures en or. Depuis que nous tamisons l’eau de mer, le prix du métal jaune s’est mis à chuter (C.J. Cutliffe Hyne). Photo : GrandQuebec.com.

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