
La plate-forme Hibernia entre dans l’histoire
Après un périple de 300 kilomètres qui aura duré huit jours, l’immense plate-forme pétrolière Hibernia est arrivée tout près de sa destination finale, au large des côtes de Terre-Neuve.
À raison de trois kilomètres par heures, six remorqueurs ont amené l’immense structure à 315 kilomètres au sud-est de St-John’s est écrit une nouvelle page d’histoire.
Cette allure peut sembler lente mais il faut rappeler qu’on déplace sur l’eau une structure haute comme la moitié de l’Empire State Building.
« Nous avons besoin d’une fenêtre de 60 à 70 heures de beau temps pour procéder à l’installation finale », a déclaré à La Presse, M. Brian Crawley, porte-parole de la société Hibernia Management and Development company.
Le temps était trop maussade dans cette partie de l’Atlantique-Nord pour permettre l’arrimage final.
« Il est essentiel qu’il fasse beau durant les dix derniers kilomètres, ainsi que pendant l’installation » a ajouté le représentant d’Hibernia.
La plate-forme comprend une superstructure métallique de 37 000 tonnes servant à l’extraction du pétrole et de quartier général aux travailleurs en haute mer.
Celle-ci est reliée à une structure de béton de 555 000 tonnes qui sera coulée dans l’océan. Le tout mesure 224 mètres de haut et sera installé à cinq mètre du fond de l’océan, une opération fort délicate et qui demande une précision inouïe.
Le défi technologique est colossal. Cette structure doit résister à des vagues qui peuvent atteindre 30 mètres et repousser des icebergs du genre de celui qui a fait couler le Titanic au début du siècle.
Au plus fort des travaux de construction de la plate-forme dans la localité terre-neuvienne de Bull Arm, plus de 5000 personnes ont travaillé sur le chantier.
Le champs pétrolifère Hibernia contient environ 3 milliards de barils de pétrole, dont 615 millions de barils sont récupérables sur une période de 20 ans. Les propriétaires sont confiants toutefois de produire une plus grande quantité que les projections initiales.
Le gisement appartient à Mobil Oil (33,1%), Chevron (26,9%), Petro-Canada (20%), Canada Hibernia Holding Corporation, une société du gouvernement canadien (8,5%), Murphy Oil (6,5%) et Norks Hydro (5%).
La structure de béton enfouie sous l’eau peut emmagasiner près d’un million de barils de pétrole. Des navires ravitailleurs viendront chercher l’or noir extrait et le transporteront vers les raffineries de l’est du Canada, du nord-est des États-Unis, du golfe du Mexique et de l’Europe.
Les prochaines étapes clés sont les suivantes : le forage du premier puits commencera en août et la première extraction du pétrole en décembre, ce qui est conforme aux projections établies en 1994.
Le coût du projet (construction et infrastructure) est évalué à 8,5 milliards de dollars, comprenant une somme de 5,8 milliards pour construire et transporter la plate-forme, 592 millions pour la construction de deux navires ravitailleurs et 2,1 milliards pour le forage des puits.
Les coûts d’exploitation sur la durée de vie du projet sont de 7,5 milliards, ce qui porte le coût total d’Hibernia à 16 milliards.
Le prix de revient nécessaire du pétrole sur 20 ans est fixé à 13 dollars américains le baril pour que l’investissement soit rentable.
Actuellement, le pétrole de la mer du Nord se transige à 19$ le baril et celui du West Texas cote à 20$ le baril. Le pétrole du gisement Hibernia est de qualité inférieure à celui de la mer du Nord; il se compare à celui qu’on retrouve en Afrique de l’Ouest.
Le projet Hibernia n’aurait pas vu le jour sans une participation abondante de fonds publics, surtout du gouvernement fédéral.
Au seul chapitre des subventions gouvernementales, la somme dépasse un milliard de dollars. Puis, Ottawa a accordé un prêt de 1,8 milliard, dont les intérêts ne seront remboursés qu’après un certain nombre d’années.
Lorsque la production atteindra son maximum, soit vers le milieu de l’an 2000, Hibernia produira 135 000 barils de pétrole par jour
(Texte publié le 30 mai 1997).

Hibernia aura coût 16 milliards, dont 5,8 milliards pour la construction et le transport. L’imposante plate-forme est une structure haute comme la moitié de l’Empire State Building. La mise en place de la plate-forme a exigé beaucoup de chevaux vapeur et un grand doigté. Photo du domaine public.
Voir aussi :
Facebook
Twitter
RSS