Les finances en Nouvelle-France
Finances en Nouvelle-France : La déclaration royale du 31 mars 1640 définit les espèces en or comme suit: le louis, le double louis et le demi-louis. L’édit de septembre 1641 fixe d’ailleurs les espèces en argent: l’écu, le gros écu, le demi-écu et d’autres pièces divisionnaires.
Ces pièces, frappées en France par les hôtels des monnaies, eurent une teneur en métal fin supérieure à 900 millièmes.
Un siècle plus tard, l’édit de 1726 conserva cet aloi qui fut pourtant ajusté en 1803 et dura jusqu’en 1928.
La monnaie de billon (billon ou billion, à l’époque était un alliage d’argent et de cuivre, ou d’étain) comprenaient surtout le double denier, dit double tournois ou double. Il existait aussi le liard qui comprenait trois deniers et le sou qui se divisait en douze deniers. Ces dernières pièces, de valeur et de qualité médiocres, abondaient en France depuis la fin du XVI siècle, à cause d’une production non contrôlée, mais après 1645, la circulation du double fut réglementée et sa frappe releva des hôtels de monnaies.
La dévaluation de touchait que la monnaie de compte, ainsi le louis cotait dix livres en 1641 et seize à la fin du XVIIe siècle. Toujours en 1641, l’écu valait trois livres et le rapport or-agent était d’un pour treize et demi.
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La comptabilité fut améliorée par le Grand Livre des recettes et dépenses, que la tenue quotidienne d’un Journal permit de contrôler. Cet apurement affina l’état au vrai avant sa vérification annuelle par les chambres des comptes. Ainsi, la notion de budget était définitivement acquise.
L’ordonnance de 1667 établit une seule monnaie de compte légale à l’exception de toute autre : la livre tournois. La valeur nominale des pièces d’argent et d’or était fixée par édit selon la situation financière du pays : on a déjà dit que le louis d’or valait 10 livres en 1641 et 16 vers la fin du siècle.
Les échanges de monnaies dépréciées donnèrent lieu à la remise de billets de monnaie, récépissés remboursables à terme en nouvelles espèces, introduites en 1695. On les mua en obligations à 4% en 1701, puis à 8% en 1703. L’État français en émit pour 180 millions de 1704 à 1706 afin de régler ses dépenses, faute de numéraire. Ensuite, ils perdirent 63% de leur valeur et leur émission cessa en 1707.
Toutes ses mesures et édits étaient valables pour la Nouvelle-France, naturellement, mais force est de dire que personne ne se souciait à Paris, capitale d’un pays de plus de 20 millions d’habitants, de ce que se passait dans un petit village enneigé qu’on connaissait comme Québec, Canada, Nouvelle-France ou terre du froid éternel. Alors, ces terres lointaines ne recoivent jamais la quantité d’argent nécessaire.
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En 1685, à force du manque chronique de pièces d’argent, les autorités de la Nouvelle-France décident d’émettre de la monnaie de carte. Il s’agit des cartes à jouer qui représentent le premier papier-monnaie du Canada. On coupe ces cartes spécialement. Le gouverneur de la colonie les signe. D’ailleurs, pour pallier le manque chronique de pièces d’argent françaises, on utilise souvent des pièces espagnoles.
Les cartes à jouer n’ont aucune valeur intrinsèque. Cependant le gouvernement de la Nouvelle-France garantit leur valeur inscrite. Et cela dans l’ensemble de la colonie. Plus tard, vers la fin du régime français, pour payer les dépenses occasionnées par la guerre de Sept Ans, le gouvernement de la Nouvelle-France émet d’énormes quantités de papier-monnaie. On ne garantit pas sa valeur. Cela entraîne une inflation galopante, mais c’est toute une autre histoire.
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