Crise financière au Québec en 1993
La population ne réalise pas l’ampleur de la crise financière que vivent les gouvernements du Québec et du reste des provinces du Canada. M. Gilles Paquet, professeur d’économie à l’Université d’Ottawa, est d’avis qu’il faudrait un discours à la Churchill, prononcé en 1940, face au danger d’une invasion imminente allemande, pour convaincre les Canadiens d’accepter les grands sacrifices qui s’imposent.
Même en supposant un gel des dépenses – les hausses des dépenses indexés étant compensées par des baisses ailleurs, le déficit des gouvernements provinciaux et fédéral, qui atteint aujourd’hui 60 milliards de dollars, ne baisserait qu’à 30 milliards au bout de trois ans. Pour éliminer le déficit complètement, il faudrait imposer des coupes de 25 à 30% des dépenses et pour rembourser la dette en dix ans, il faudrait sabrer les dépenses de l’État de moitié. Cela signifie renvoyer la moitié des fonctionnaires.
En fait, M. Gilles Paquet ne recommande pas une politique aussi aveugle, mais utilise l’exemple pour montrer l’ampleur de la tâche.
D’ailleurs, selon M. Paquet à force d’entendre crier au loup, les Québécois finissent par ne plus y croire, même si la bête est maintenant à la porte de la bergerie.
(Ce texte a été publié dans La Presse, le 26 avril 1993).
