Ouverture le dimanche : les commerçants divisés
Deux mois après la véritable entrée en vigueur de la controversée loi 59, la libéralisation des heures d’ouverture des commerces ne fait toujours pas l’unanimité. Autant certains commerçants sont en faveur de l’ouverture des magasins le dimanche, autant d’autres sont farouchement contre.
En région, notamment dans la région de Québec, en Mauricie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord, la grande majorité des commerçants se sont entendus pour demeurer fermés le jour du Seigneur. Dans la région de Montréal, la situation est beaucoup moins claire.
Un grand nombre de commerces, situés principalement dans les centres commerciaux, ouvrent leurs portes le dimanche. Mais l’habitude n’est pas ancrée. Plusieurs évaluent la situation hebdomadairement. Ils peuvent accueillir des clients un certain dimanche, mais demeurer fermés la semaine suivante. S’il y une tempête de neige, alors là, vous pouvez les oublier.
Les heures d’ouverture, par ailleurs ne sont pas les mêmes partout. Les plus courageux ouvrent leurs portes dès 10 heures le dimanche matin. La plupart, toutefois, ne débutent leur journée qu’à 11 h. ou midi. Et si l’achalandage est faible, certains peuvent décider de fermer boutique vers 15 h 30 ou 16 h.
Les magasins Eaton ont noté une augmentation des ventes depuis le début de l’année. Le fait de s’ouvrir le dimanche a entraîné des ventes additionnelles, estime Georgine Coutu, directrice des relations publiques et des événements spéciaux au Québec.
« Nous sommes satisfaits, indique-t-elle. L’achalandage est différent, mais il indique qu’il y avait un besoin. Les gens sont plus détendus et prennent le temps de s’informer ».
Par ailleurs, le mécontentement gronde à travers la province, particulièrement à l’extérieur de Montréal. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante qui représente 17 000 petites et moyennes entreprises au Québec et s’était opposée à l’adoption de la loi 59, encourage les commerçants à s’organiser entre eux et à garder leurs magasins fermés le dimanche.
(C’est arrivé en mars 1993, texte publié le 5 mars 1993 dans La Presse).