Caisse de dépôt du Québec
Avec un actif de plus de 28 milliards de dollars, la Caisse de dépôt et placement du Québec est le plus important gestionnaire de fonds publics au Canada.
Par Suzanne Brochu.
La Caisse de dépôt et placement du Québec gère une partie de l’épargne de millions de Québécois depuis près de 23 ans. Dépositaire à l’origine d’un seul organisme, la Régie des rentes du Québec, la Caisse s’est enrichie au fil des ans des cotisations de dix autres déposants dont, notamment, la Commission de la construction du Québec (1970), la Commission de la santé et de la sécurité du travail (1973), le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (1973), la Régie de l’assurance automobile du Québec (1978).
Une institution unique
La Caisse est unique! Institution parapublique autonome, dirigée par un président nommé pour dix ans par l’Assemblée nationale du Québec, la Caisse jouit d’une relative autonomie dans sa politique de placement.
Alors que le mandat de rentabilité financière et de contribution à l’essor économique du Québec a été défini par sa loi constitutive, les décisions concernant les grandes orientations stratégiques de la Caisse sont prises au conseil d’administration. Y siègent des décideurs des secteurs public, privé et coopératif ainsi que du milieu syndical, afin de garantir la représentativité des tendances essentielles de l’économie québécoise.
Évolution des placements
En 1987, la plus grande partie de l’actif a été investie en obligations (58%), alors que la répartition des autres véhicules financiers s’établissait comme suit : actions et valeurs convertibles (29%), hypothèques (7%), investissements immobiliers (2%) et valeurs à court terme (4%).
Jean Lesage disait, lors de la création de la Caisse en 1965, « qu’en raison des sommes considérables qui vont s’accumuler au cours des prochaines années, il serait contraire aux intérêts du Québec et contraire d’ailleurs au principe d’une saine diversification du portefeuille, de concentrer tous les placements (de la Caisse) dans un seul secteur ou dans une seule direction »
Ce principe étant bien établi, le législateur proposait une répartition de l’actif entre le financement des activités gouvernementales, celui des collectivités locales (municipales et scolaires), le financement d’entreprises québécoises et, enfin, le crédit hypothécaire et l’acquisition d’immeubles.
Obligations
Le 14 février 1966, la Caisse effectuait sa première transaction : l’achat de 500 000$ d’obligations de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement. Plus de 22 ans plus tard, la Caisse possède un portefeuille obligataire de quelque 15,7 milliards de dollars !
Appelée, à ses tout débuts, à régulariser un marché jusqu’alors dominé par quelques grands trusts, la Caisse a contribué à améliorer la gestion de la dette publique du Québec en élargissant le marché pour les obligations du Québec et en intensifiant le volume des transactions.
De même, sa présence sur le marché des obligations locales (municipalités, établissements scolaires et de santé) a augmenté les ressources disponibles pour ces organismes et accru la liquidité de leurs titres.
La Caisse a évolué au rythme des économies québécoise, canadienne et mondiale. Elle est aujourd’hui un acteur important sur un marché obligataire devenu global, où le milliard constitue l’unité de mesure. Elle consacre toujours une large part de son actif aux obligations, quoique la proportion de ce véhicule soit passée de presque 100 % en 1966 à 74 % en 1980 et-à 58 % sept ans plus tard.

Actions et valeurs convertibles
À l’inverse, la part des actions et des valeurs convertibles de la Caisse est passée de 12 % en 1980 à 30 % en 1987. Il s’agit là d’un virage important qui répondait à la fois aux impératifs de rendement du portefeuille – sur une base historique de 30 ans, les actions rapportent 3 % de plus annuellement que les titres à revenu fixe – et aux besoins croissants des jeunes entreprises québécoises.
Outre ses placements dans les grandes entreprises canadiennes, effectués sur le marché boursier (Alcan, B.C.E., O.P.) ou sous forme de participation (pensons à Provigo, à Vidéotron, à Canam Manac) la Caisse amorçait, en 1981, un mouvement de participation au capital-actions de moyennes entreprises québécoises.
La Caisse détient aujourd’hui le plus important portefeuille d’actions au Canada et le plus grand nombre de participations dans les moyennes entreprises au Québec. Parallèlement, la Caisse investit, avec des partenaires financiers, dans des sociétés d’investissement dans la petite entreprise – Capidem, CapitalEstrie – et dans des sociétés de capital de développement – Novacap, Altamira, Capital Mont-Royal.
Tout en poursuivant ses activités de placement au pays, la Caisse décidait, en 1983, d’investir en actions étrangères. Mais c’est en 1986 que le mouvement a pris véritablement de l’ampleur.
Un souci de diversification, en vue d’atténuer le niveau de risque et d’atteindre un plus haut rendement, allié à la forte tenue des marchés internationaux par rapport au marché canadien, a été un facteur crucial dans la prise de décision d’affecter des sommes importantes à l’achat d’actions étrangères. Ainsi, la valeur du portefeuille d’actions internationales de la Caisse a plus que doublé en 1986, dépassant le milliard de dollars par rapport à 410 millions l’année précédente.
En 1987, le portefeuille atteignait plus de 1,2 milliard de dollars. La Caisse détient aujourd’hui le plus important portefeuille d’actions au Canada.
Immeubles
Dès 1967, la Caisse se dote d’un service des immeubles et hypothèques, affecté principalement, jusqu’en 1980, à des activités de placement reliées au financement hypothécaire et au financement d’entreprises.
Une seule exception : l’achat en 1970 d’un terrain à Québec qui marque vraiment le début des activités de la Caisse dans l’immobilier.
La période 1980-1987 est une période de forte croissance de portefeuille. Alors que sa valeur nette est de 31 millions en 1980, l’actif immobilier atteint une valeur marchande de 659 millions en fin d’année 1987.
Durant cette période, la Caisse acquiert des immeubles à bureaux de qualité à Montréal et à Québec. Elle s’associe à des projets de développement majeurs : Centre commercial Rockland, place Montréal Trust, Centre de commerce mondial.
Elle crée, en 1983, avec des partenaires financiers, la Société immobilière Trans-Québec qui fera l’acquisition et la gestion d’immeubles détenus en partie ou en tout par la Caisse. Enfin, en 1987, elle amorce sa diversification géographique avec l’acquisition d’une participation dans Cadillac-Fairview. Il est maintenant reconnu par plusieurs intervenants du secteur que la Caisse a joué un rôle de locomotive dans l’intérêt que les Québécois portent maintenant à l’immobilier.
Une institution reconnue
La Caisse est, avec raison, un objet de fierté pour les Québécois. La justesse de ses critères d’investissement, la qualité de ses placements et l’excellence de son rendement en font un partenaire recherché par les gens d’affaires. Que l’on soit dirigeant d’entreprise, investisseur ou financier, une association avec la Caisse est souvent synonyme de croissance et de succès. Sa taille, importante au Québec, lui permet de jouer un rôle dynamique et compétitif sur la scène internationale, sans pour autant la faire figurer en tête de peloton.
Ses atouts sont considérables. Sa performance l’est également.
(Texte paru dans les Diplômés, N° 364, hiver 1989. Suzanne Brochu a été conseillère à la Direction des communications de la Caisse de dépôt et placement du Québec, au moment de rédiger cet article).
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