Le budget qui déceptionne

Le budget provincial est une grande déception pour le public

Québec, 22 janvier – Dans le discours qui a marqué la fin du débat sur le budget, M. Lionel Ross, député libéral de Verdun, a déclaré que le discours sur le budget prononcé par M. Onéasime Gagnon, ministre provincial des finances, avait été une immense déception. Considérant le montant formidable perçu en taxes par le gouvernement de la province depuis 1945, la population québécoise s’attendait à une réduction sensible des taxes au cours de prochain exercice financier – réduction qui ne lui a pas été accordée.

Monsieur Ross a rappelé ensuite comme les revenus dérivés des taxes, qui s’élevaient à $65 millions en 1944, atteignaient aujourd’hui $223 millions – ce qui signifie que le montant des taxes par tête, dans le Québec, est passé de $18,57 en 1944-1945 à $55,76 pour 1951-1952, soit une augmentation de #37,00 par tête après sept années de régime d’Union nationale.

Après avoir dénoncé les nombreuses taxes créées ou augmentées par le gouvernement actuel, le député de Verdun a accusé celui-ci de favoriser la hausse du coût de la vie par ces taxes.

Dans le domaine des mesures sociales, M. Ross affirme que le gouvernement ne fait pas assez. Il a rappelé le système fédéral et provincial qui prévaut actuellement, et en tire la conclusion qu’il faudrait quelque chose pour les infirmes et les accidentés.

L’enseignement

Le député de Verdun a demandé aussi une aide plus substantielle à l’enseignement secondaire, ainsi que la création de bourses pour les élèves « remplis de talent, mais démunis de moyens ».

Passant ensuite au domaine juridique, M. Ross a déclaré désuète la pétition de droit qui impose, à la personne qui veut poursuivre le gouvernement, la permission. Il a suggéré que cette procédure soit ou supprimée ou changée, et que l’on remette à la cour supérieure le droit de donner cette autorisation.

Le député a déploré aussi, la lenteur de la cour supérieure, lenteur qu’il attribue au nombre trop restreint de juges et à l’exiguïté des locaux de justice. Il a demandé au gouvernement la construction d’un nouveau Palais de justice pour les causes civiles à Montréal.

Monsieur Ross a terminé en disant qu’il faut à la province une autre équipe d’hommes qui sauront la diriger, dans la voie de la justice sociale vers ses hautes destinées. « Ce sera, a-t-il déclaré, la mission du parti libéral. 1952 verra la libération de la province et la victoire du peuple.

Participant avant M. Ross au débat sur le budget, M. Robert Lévesque, député de Gaspé-nord, a déclaré vouloir surtout attirer l’attention de la Chambre sur la situation économique de son comté. Parlant plus particulièrement des cultivateurs de la Gaspésie, il a dit qu’elle n’est pas aussi brillante que celle des agriculteurs des autres parties de la province. Voyant dans la prospérité du cultivateur gaspésien une garantie de bonheur pour toute la population, il a invité le ministre de l,agriculture à travailler à l’amélioration des sols dans Gaspé-nord.

Monsieur Lévesque a demandé aussi que l’on aide les gens de son comté à se trouver des marchés pour leurs produits. Ils n’ont pas l’avantage, comme ceux qui sont près des villes, de vendre facilement les fruits et les légumes de la terre.

Relativement à la voirie, le député a déclaré qu’il y a eu des travaux de chemins dans son comté, mais qu’il reste une distance de 124 milles à paver, de Ruisseau Castor à Gaspé. Actuellement, le touriste, à cause de la poussière et de l’état des routes, fuit la Gaspésie et s’en va aux États-Unis. Le député a conclu en affirmant qu’il entrevoit un développement immense pour son comté et pour la Gaspésie, à la suite des découvertes minières qui y ont été faites.

Monsieur Albiny Paquette, ministre de la Santé, a également pris part au débat sur le budget, exposant les progrès accomplis par son ministère, depuis l’avènement du régime d’Union nationale dans la lutte contre la maladie.

(Cette discussion autour du budget provincial a eu lieu le 22 janvier 1952).

Voir aussi :

Les gens avaient commencé à imaginer l’avenir lointain au moment où il leur avait été brutalement arraché, c’était ironique. (Stephen Baxter, Temps.). Illustration : Megan Jorgensen.
Les gens avaient commencé à imaginer l’avenir lointain au moment où il leur avait été brutalement arraché, c’était ironique. (Stephen Baxter, Temps). Illustration : Megan Jorgensen.

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