Adieu à Skype après 15 ans à avoir connecté le monde par vidéoconférence : voici son histoire
Son rôle de pionnier dans les appels vidéo a été fondamental pour une ère numérique qui nous semble aujourd’hui banale, mais qui a commencé avec une idée improbable.
Pendant près de deux décennies, Skype a été synonyme de connexion. Bien avant l’arrivée de Zoom, WhatsApp ou Google Meet, cette application a permis à des millions de personnes de se voir et de s’entendre par Internet.
Aujourd’hui, alors que le calendrier avance sans date précise annoncée, Microsoft prépare la fermeture définitive du service, prévue à un moment donné en mai. Une fenêtre d’adieu qui marque la fin de l’un des chapitres les plus importants de l’histoire de la communication numérique.
L’histoire de Skype commence en 2003, en pleine euphorie du partage de fichiers en pair-à-pair. Janus Friis et Niklas Zennström, connus pour leur travail sur Kazaa, ont eu l’idée de transformer les réseaux P2P en un outil capable de remplacer le téléphone.
Avec l’aide de trois programmeurs estoniens — Ahti Heinla, Priit Kasesalu et Jaan Tallinn — est née la première version du logiciel, permettant de passer des appels vocaux gratuits depuis un ordinateur connecté à Internet. Le nom, dérivé de « Sky Peer-to-Peer », a dû être raccourci en « Skype » pour des raisons de nom de domaine. Ce fut le début d’une révolution.
Le précurseur des appels vidéo
La croissance de Skype a été fulgurante. En peu de temps, des millions d’utilisateurs ont adopté cet outil comme moyen habituel de communication avec leurs proches, amis et collègues à travers le monde. Le secret de son succès ne résidait pas seulement dans sa gratuité, mais aussi dans la qualité de la transmission, fondée sur la technologie VoIP.
Skype proposait également d’autres fonctionnalités comme la messagerie instantanée, les appels vidéo, la messagerie vocale, l’envoi de SMS et les appels vers des téléphones classiques à des tarifs réduits.
En 2012, Skype représentait 34 % de l’ensemble des appels internationaux dans le monde. L’impact fut tel que, dès 2005, eBay racheta l’entreprise pour 2,6 milliards de dollars. Malgré les améliorations techniques et l’expansion vers des plateformes comme Mac, le service connut des conflits internes, des changements de direction et des désaccords avec ses fondateurs.
Finalement, en 2009, Silver Lake Partners en devint l’actionnaire majoritaire. Peu de temps après, en 2011, Microsoft racheta la totalité des parts pour 8,5 milliards de dollars.
Le début de la fin de Skype
Avec l’acquisition par Microsoft, Skype remplaça Windows Live Messenger et devint la solution officielle pour les communications numériques. Pendant plusieurs années, il conserva une certaine pertinence, notamment dans les milieux professionnels et éducatifs.
Cependant, l’essor irrésistible des téléphones mobiles et l’émergence d’applications plus légères et plus fonctionnelles provoquèrent son déclin. WhatsApp, Telegram, Zoom, Meet, et même Microsoft Teams l’ont surpassé en termes d’usage et de présence.
La version mobile de Skype n’a jamais eu l’impact de sa version pour ordinateur. Son poids, son interface et sa consommation d’énergie en faisaient une option peu attrayante pour les nouveaux utilisateurs. Face à cette situation, Microsoft a décidé de regrouper tous ses outils de communication dans Teams, une plateforme initialement conçue pour les entreprises, mais qui assume désormais aussi des fonctions de messagerie plus informelle.
Au-delà de sa fermeture, Skype laisse une empreinte indélébile. Non seulement il a annoncé l’ère des appels vidéo, mais il a aussi appris à des générations entières à communiquer en ligne avec aisance. Son histoire est celle d’une idée visionnaire qui a marqué un tournant dans notre manière d’interagir. Et même s’il a été dépassé par des plateformes plus modernes, son héritage survit dans chaque conversation virtuelle que nous tenons aujourd’hui pour acquise.