La santé de La Grande rivière
Un bilan de santé à deux faces
Sur le plan des effets entraînés par la mise en eau de réservoirs dans le bassin versant de la rivière La Grande, aisni que par le détournement des rivières Eastmain, Opinaca et Caniapiscau, les intervenants sont loin d’être unanimes. Hydro-Québec, pour qui la majorité des études ont été réalisées depuis un demi-siècle, estime la qualité de l’eau et des habitats plus que satisfaisante, et que le bilan illustre on ne peut mieux la thérorie de « l’énergie verte » Certains chercheurs soutiennent au contraire que l’impact des aménagements sur l’intégrité du milieu est loin d’être négligeable.
Ces derniers jugent que la réduction, souvent marquée, du débit des cours d’eau détournés est susceptible d’avoir des conséquences sur l’ensemble des paramètres psysicochimiques et biologiques des écosystèmes associés. Il ne faut pas davantage sous-estimer la présence des barrages qui empêchent les poissons anadromes d’effectuer la montaison en vue du frai.
On soulinge que l’inondation de la végétation et des sols forestiers provoque un apport subit de matière organique dans les milieux aquatiques. La décomposition qui en résulte consomme l’oxygène dissous dans l’eau, relâche des minéraux et des éléments nutritifs tels que le phosphore, en plus d’entraîner l’acidificaion de l’eau.
Mais le principal problème relié à la formation de réservoirs hydroélectriques reste l’augmentation du mercure biodisponible et le cheminement de cette matière dans la chaîne alimentaire. Dans le milieu naturel, le passag du mercure d’origine géologique ou anthropique vers le milieu aquatique se fait lentement, par l’érosion et le ruissellement dans le bassin versant.
Par contre, l’inondation de grands territoires libère rapidement le mercure dans l’environnement aquatique sous l’action de processus biogéochimiques complexes. La décomposition bactérienne de la matière organique submergée favorise la formation de méthylmercure, une forme de mercure absobable par les organisme vivants et transmis dans la chaîne trophique. L’ampleur de l’accroissement de cette biodisponibilité dépend de nombreux facteurs, comme la superficie terrestre inondée, la durée de mise en eau, le volume et la stagnation des eaux dans le réservoir, la proportion de zones peu profondes où le transfert biologique est maximal, la dynamique des popualtions de poissons, etc.
Le fonctinnement des réservoirs de la rivière La Grande provoque par conséquent une augmentation des teneurs en mercure total mesurées dans la chair des poissons. Selon l’espace et le réservoir examinés, les concentrations maximales en mercure peuvent atteindre des valeurs de 3 à 7 fois supérieures à celles mesurées dans les milieux naturels. Em raospn du phénomène de bioaccumulation, les espèces prédatrices qui se nourrissent de poisson présentent une concentration de mercure supérieure à celle des espèces dont le régime se compose surtout de végétaux ou d’invertébrés.
Ainsi, certaines espèces de poissons piscivores (touladi, brochet, doré) affichent une concentratiion moyenne de mercure supérieure à la norme de mise en marché de produits de la pêche. En fait, les maillons supérieurs de la chaîne alimentaire, y compris les oiseaux et les mammifères, s’en trouvent affectés. L’humain n’échappe pas à la règle : les Cris de la Baie-James, dont l’alimentation est largement basée sur le poisson, ont dû faire face à la contamination de leur organisme par le mercure. Dans ce dossier, Hydro-Québec soutient que cette contamination provient peut-être en grande partie de la consommation de poissons prélevés dans des secteurs non touchés par le complexe La Grande, mais elle n’en est pas moins forcée de prendre sa part de responsabilité Cetraines ententes signées avec les populations cries mettent des fonds à leur disposition pour lutter contre le fléau du mercure.
Heureusement, l’accumulation du mercure dans les écosystèmes aquatiques artificiels ne s’avère pas exponentielle, selon les données amassées au complexe La Grande ainsi que dans d’autres réservoirs du Bouclier canadien et de la Finlande. On estime que le retour à des teneurs en mercure comparables à celles des milieux naturels advient de 15 à 25 ans après la mise en eau, pour les espèces de poissons non piscivores, de 20 à 30 ans pour les espèces piscivores. D’autres études font état de 30 à 60 ans, d’autres encore de plus de 100 ans.
Parmi les conséquences sur l’environnement de la création de réservoirs, on note les pertes d’habitats causées par les inondations et la diminution de la diversité végétale riveraine attribuable à l’érosion et au marnage des plans d’eau. Plusieurs éléments de la faune aquatique répondent assez mal aux fluctuations du niveau de l’eau. Finalement, plusieurs études récentes tendent à démontrer que les réservoirs artificiels des régions boréales seraient des sources notables de méthane et de gaz carbonique (CO2), des gaz à effet de serre.
