Ecologie et environnement

Le sel qui pollue et qui détruit

Le sel qui pollue et qui détruit

Les effets du sel de déglaçage sur les automobiles seraient particulièrement coûteux.

En utilisant l’énoncé d’une étude réalisée en 1976 par l’ingénieur canadien Robert Poitras il en aurait coûte aux automobilistes québécois en 1978 au chapitre de la corrosion des voitures plus de $800 millions. Cette année-là. 2,052.567 voitures de promenade étaient immatriculées au Quebec.

L’ingénieur Poitras avait étudié le problème de la corrosion sous l’égide de Transport – Canada qui aurait, par la suite, refusé d’endosser les conclusions du chercheur.

L’étude de Poitras établissait le coût annuel de la corrosion pour chaque automobiliste a $400.

En 1975. d’autres études fixaient à $300 la perte annuelle. La Society of Automotive Engineers concluait pour sa part, dès 1968. que l’automobiliste américain perdait chaque année a cause de la corrosion, $100.

D’autres chercheurs américains ont par la suite évalué les pertes causées par la corrosion à un demi-milliard de dollars au seul chapitre du remplacement des silencieux et des tuyaux d’échappement.

Une étude récente (19781 menée à terme aux États-Unis établit à $2 milliards la perte annuelle subie par les automobilistes américains.

Ajoutons à cela que General Motors en était arrive à l’évidence que la proportion des voitures avariées par la rouille était beaucoup plus élevée dans les localités où on répand du sel que dans les climats plus chauds où on n’a pas besoin de déglacer les routes.

L’eau

Au chapitre de la qualité des eaux, une étude de la Commission des eaux de l’Ontario a déjà démontré que le lac Ontario, dans la région de Toronto, subissait un apport annuel en chlorure évalué à 1.670.000 tonnes dont 20 pour 100 était attribue au sel de déglaçage.

Durant les 50 années qui ont précédé une enquête américaine réalisée en 1967. la concentration de chlorure dans le lac Erié avait triplé Le sel utilisé sur les routes et dans les rues avait contribué à cet apport dans la proportion de 11 pour 100.

À Springfield au Massachusetts, la concentration de chlorure dans les réserves d’eau de la municipalité avait augmente rapidement après l’ouverture du Massachusetts Turnpike survenue en 1958.

Selon la Commission des lacs et des rivières de l’État du Wisconsin, la teneur en chlorure dans les lacs de la région de Madison n’a cessé de croître et continue à progresser.

Le Massachusetts Turnpike Authority a reconnu, à la suite de plaintes, que des puits voisins ont pu être pollués par le sel utilisé sur l’autoroute.

On admet généralement que les méfaits causés à l’eau de surface et aux eaux souterraines s’accroissent proportionnellement à la cumulation, dans l’espace et dans le temps, des quantités de sel épandue.

Le sol

Les observations relatives au comportement des sols affectés par le sel d’épandage mènent à des conclusions moins précises que celles concernant les autres composantes de l’environnement.

Certaines études ont quand même démontré une concentration de sel importante à la surface du sol sis à environ cinq pieds d’une route Par contre, à plus de cent pieds, la situation est à peu près normale à une profondeur de cinq pieds.

La flore

Les espèces végétales sont généralement sensibles aux effets du sel. Il existe toutefois certaines espèces tolérantes telles le cèdre, le pin sylvestre, le chêne, l’orme, etc.

Les arbres plantés en bordure des routes souffrent inévitablement de l’épandage du sel De deux façons. D’une part, par l’accumulation au gré des années dans les tissus de la plante des ions de sel puisés dans le sol: d’autre part, par les embruns salins soulevés par le va-et-vient des véhicules.

En 1971. un phitotoxicologue canadien (spécialiste de la toxicologie des plantes) a conclu que le sel de déglaçage avait contribué aux dommages observes sur les arbres bordant la route no 11 près de Gravenhurst en Ontario.

Quant aux plantes herbacées, elles se montrent généralement plus résistantes Encore qu’elles subissent elles aussi, des dommages parfois passagers, parfois mortels. dont le degré de gravité est influencé par les conditions climatiques du moment.

Prudence nécessaire

Une prudence élémentaire s’impose toutefois quand il s’agit d évaluer les dommages causés par le sel Ainsi, au domaine de la corrosion, de nombreux facteurs autres que le sel interviennent. Mentionnons les matières et gaz polluants en suspension dans l’atmosphère dont l’oxyde de soufre.

Les variations climatiques prennent une part active dans l’évolution du phénomène. Plus le climat est humide, plus sont grandes les possibilités de corrosion.

Le fait d’être à proximité de grands bassins d’eau salée joue également. Les embruns chargés de chlorure de sodium sont agents de rouille et de corrosion.

Le mauvais assujettissement de certaines pièces sur une voiture ou encore la forme de certaines autres augmentent les probabilités de corrosion.

Si nous ajoutons à cela les chocs causés aux véhicules lors de leur usage par le gravier, les pierres, les débris rencontrés sur les routes, les égratignures. les coups de toute nature, nous percevons immédiatement la difficulté qu’il y a de déterminer de façon précise la part que joue le sel de déglaçage dans le phénomène de la corrosion et l’établissement des pertes qui en découlent.

D’autant plus que l’industrie automobile s’est efforcée, depuis quelques années, d’apporter de nombreuses améliorations au niveau de la protection contre la corrosion en utilisant le placage électrolytique. le mordançage au trempé, les peintures spéciales, le remplacement de pièces chromées par des pièces en aluminium ou encore la modification de pièces jugées particulièrement vulnérables.

Du côté de l’environnement, la même prudence s’impose.

L’accumulation du chlorure dans les eaux de surfaces comme dans les eaux souterraines peut être aussi la résultante de la disposition des eaux usées provenant d’industries ou de milieux urbanises.

Les conditions hivernales, la pollution atmosphérique, une situation de sécheresse peuvent avoir des effets néfastes sur la flore, essences ligneuses comme espèces herbacées.

On a également remarqué que les méfaits du sel de déglaçage sur les arbres s’amoindrissaient selon que la distance augmentait entre le point d’épandage et la plante.

Enfin, tous les chercheurs ne sont pas unanimes au sujet de l’action polluante du sel Ainsi, pour exemple, le Département de géologie de l’université du Connecticut doute que l’épand du sel sur les routes puisse constituer une menace de pollution pour les eaux souterraines.

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Voitures enneigées
Voitures enneigée à Montréal. Photo de GrandQuebec.com.

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