Rivière Moisie : écologie

Rivière Moisie : Une santé éclatante

Le bassin versant de la rivière Moisie est à peine touché par par la présence humaine; la population y est stable à moins de 4 000 habitants. L’agriculture et l’exploitation forestière demeurent marginales. Seules la municipalité de Fermont et la mine du mont Wright pourraient avoir un impact sur la qualité de l’eau. L’activité minière émet des rejets chargés de particules d’oxyde de fer qui donnent à l’eau une couleur rouge. Pour les effets de ces sources de pollution très ponctuelles, le traitement des eaux usées semble efficace puisque la station d’échantillonnage, non loin de l’embouchure de la rivière, n’en détecte aucun.

La rivière présente une eau de très bonne qualité, dont les composantes fluctuent au cours de l’année selon un cycle naturel. L’acidité d’un certain nombre de lacs du bassin est liée à la présence de matières organiques dans les eaux de surface très peu minéralisées, sans rapport avec quelconque contamination. Le sol et le sous-sol de la Côte-Nord influencent fortement la composition de l’eau : fer, aluminium et phosphore en quantités non négligeables. Ces minéraux se présentant sous des formes non biodisponibles., ils sont inoffensifs pour l’environnement. Sans risque de se tromper, la rivière Moisie constitue un exemple et un idéal parmi les cours d’eau du Québec qui drainent le Bouclier canadien.

Ajoutons que les flux annuels d’azote et de phosphore véhiculés par la Moisie reflètent l’insignifiance, à l’échelle locale, des activités agricoles, industrielles et urbaines : un peu plus de 1 kilogramme d’azote par hectare, soit 2 000 tonnes par an, pour environ 0,2 kilogramme par hectare de phosphore, soit 411 tonnes par an. Comparons : les rivières qui drainent des territoires agricoles transportent de 5 à 10 fois plus d’axote et de phosphore par hectare.

Un unique défi attend toutefois la Moisie, celui de conserver ses acquis. La création de la réserve aquatique un pas dans la bonne direction.

Deux voisines harnachées

L’immunité de la Moisie permet d’établir un parallèle intéressant entre cette rivière et les deux rivières adjacentes qui ont subi des modifications majeures. Les barrages de la rivière aux Outardes et de la Manicouagan affectent directement la gestion de leur débit, contrarié par des réservoirs. L’eau ainsi retenue subit un processus de stratification des matières en suspension qui modifie les composantes de l’eau s’écoulant en aval.

On constate à ce niveau que le patron cyclique annuel des paramètres physicochimiques de l’eau, tels que le pH et la conductivité, a pratiquement disparu. De fait, les fortes teneurs en phosphore liées à la géologie des lieux n’apparaissent pas dans les deux rivières harnachées. Dans le bassin hydrographique de la Moisie, les masses de roches métamorphiques d’origine sédimentaire s’érodent aisément pour former, en plus du sable régulier, un sable noir riche en oxydes de fer (ilménité et magnétite). La magnétite contient une certaine proportion d’apatite, un phosphote de calcium; c’est pourquoi les concentrations de phosphore surtout particulaire atteignent des niveaux plus élevés au printemps, en période de crues. Or le phénomène ne se manifeste pas sur les rivières aux Outardes et Manicouagan, qui lessivent pourtant des masses de roches aussi riches en phosphore : le phosphore en suspension se déposant au fond des réservoirs ne s’écoule pas avec l’eau dans la rivière.

(Source : Rivières du Québec, Découverte d’une richesse patrimoniale et naturelle. Par Annie Mercier et Jean-François Hamel. Les éditions de l’Homme, une division du groupe Sogides).

Origine du nom de Rivière Moisie

On trouve le nom « rivière douce de Chevaulx » sur la carte de Mercator, dressée en 1569. Ce nom est dû aux mots de Cartier qui y décrit des chevaux (morses) qui vont à la terre de nuit. Marc Lescarbot écrit en 1609 que cette rivière est appelée aujourd’hui Chischedec d’un nom de l’imposition des Sauvages où il y grande quantité de chevaux aquatiques dits Hippopotames (morses). Samuel de Champlain emploie ce nom en particulier sur les cartes de 1612 et 1613. La dénomination actuelle s’ implante eau XVIIe siècle. La carte de J.B.L. Franquelin (1685) porte la dénomination « Rivière Moysye pour identifier ce cours d’eau. Lorthographe actuelle paraît sur la carte de Deshayes (1695). La forme R. Moisic, indiqué par Nicolas Bellin en 1744 ne s’est pas imposée. Joseph Bouchette indique É’oisi ou Moose River » en 1831. L’origine et la signification de ce nom sont inconnues. Pierre-Georges Roy écrit en 1906 qu’il peut s’agir d’un patronyme probablement français. Il est vrai que le nom de famille Moisy est encore assez répandu en France. René Bélanger avance l’hypothèse, en 1973, que Moisie vient peut-être de l’ancien français « moise, moyse, berge humide d’une rivière ». Une carte de 1870 donne à ce cours d’eau la double forme Rivière Moisy ou Mistshipu. En 1906, Eugène Rouillard écrit que « les sauvages appellent la rivière Moisie Mist-grande sipi, cd qui peut se traduire par grande rivière, tout comme Mississippi. René Bélanger dit que pour les Indiens, c’était Mastashibou, la grande rivière. Variante : Rivière Mishtashipit.

Voir aussi :

Moisie
Rivière Moisie, rapide de Katchapahun. Cet îlot s’et lové dans une courbe de la Moisie. Source de la photographie : commons.wikimedia.org/wiki/File:Moisie_Katchapahun_Fish_Ladder.jpg.

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