Environnement : un seul reproche au gouvernement canadien
“Lieux el parcours privilégiés”, ce programme annoncé aujourd’hui par le premier ministre Trudeau et le ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, M. Jean Chrétien, rejoint le thème de la qualité de la vie. qui est devenu au cours des dernières années l’une des priorités non seulement du gouvernement mais des principaux partis d’opposition.
Alors qu’à peu près tous les premier ministres canadiens antérieurs faisaient valoir que la principale distinction entre le Canada et les États-Unis était la monarchie, M. Trudeau a rapidement diminué l’intensité de ce projecteur sur la royauté pour intensifier celui sur la qualité de la vie.
Depuis quelques années en effet et particulièrement au cours de lu présente campagne électorale, M. Trudeau a souvent parlé de la qualité de la vie, c’est-à-dire de ce sens de la préservation de la nature. Au Canada, la nature est moins polluée qu’elle ne l’est aux États-Unis et ce, pour le plus grand bien-être des citoyens.
Lois sur l’environnement
Le premier ministre félicite souvent les mouvements de jeunes contestataires qui, dans le passé récent, ont commencé à montrer l’urgence de protéger l’environnement.
Pour sa part, le gouvernement, rappelle toujours M. Trudeau, a pris ses responsabilités en faisant voter par le Parlement des lois pour protéger ies eaux cl le sol de l’Arctique, où’.’équilibre écologique peut être facilement rompu.
Il y a eu aussi ce précdent international de la loi sur la limite des eaux territoriales à 100 milles des côtes pour éviter la pollution par les pétroliers ou autres cataclysmes modernes.
Plus spécifiquement en ce qui concerne les parcs nationaux, on a constaté au Canada que leur utilité et
même leur nécessité se fait de plus en plus sentir.
Onze nouveaux parcs
Dans le document rendu public aujourd’huion dit notamment: “Vers 1965, les Canadiens urbanisés commencèront à se rendre compte que leur mode de vie les privait d’une grande richesse, celle du contact avec la nature. Et ils allèrent chercher paix et tranquilité, détente et aventure hors de leurs villes enfumées. De cinq millions en 1962, la fréquentation des parcs nationaux a passé à 15 millions
de personnes en 1972.”
Depuis 1963. le ministre Jean Chrétien a battu tous les records en établissant onze parcs nouveaux alors qu’il n’y en avait eu seulement quatre dans les 30 années précédentes. Pour la première fois, le gouvernement fédéral peut dire qu’il y a au moins un parc par province. C’est sans doute au Québec que les luttes uni été les plus ardues surtout en ce qui concerne le parc Forillon en Gaspésie.
Un second a par la suite été créé dans la région de la Mauricie. où M. Chrétien est député.
A Shsnwinigan la semaine passée M. Trudeau a révélé qu’il avait voulu retirer les parcs nationaux de la responsabilité de M. Chrétien étant donné le travail énorme qu’il y avait à faire
avec les indiens.
« Jean s’est battu pour garder les pares et aujourd’hui je comprends pourquoi”, a confessé M. Trudeau en
provocant le rire dans l’assistance.
Avec le programme annonce aujourd’hui, le gouvernement canadien indique son intention de protéger l’environnement partout au Canada, aussi bien dans les sentiers des plaines de l’Ouest que dans les eaux glacées du Yukon ou dans le golfe du Saint-Laurent.
Le seul reproche que les partis d’opposition pourront faire au gouvernement Trudeau sera sans doute d’avoir annoncé ce programme en pleine campagne électorale.
(Une nouvelle qui date du mardi, 10 octobre 1972).
