Vivement le printemps !
Bouleversements météorologiques, texte de Conrad Bernier, paru dans La Presse, 16 mars 1990.
Ne vous embarbouillez surtout pas dans les théories filandreuses ou savantes pour expliquer les bouleversements météorologiques des derniers jours aux États-Unis, au Canada et au Québec. Ça n’a surtout rien à voir avec le libre-échange. C’est essentiellement météorologique.
D’accord, hier, les New-Yorkais et les Torontois crevaient de chaleur et boustiffaillaient aux tables des cafés-terrasses, des tornades dépoussiéraient le centre des États-Unis, la neige ensevelissait l’Ouest américain, l’air frais imbibait la vallée du Saint-Laurent.
Aucun mystère là-dedans. Aucune conspiration constitutionnelle ou anticonstitutionnelle non plus. Tout est tellement plus simple! Il y a belle lurette, en effet, qu’on sait pratiquement tout, ou presque, sur les phénomènes météorologiques. Qui plus est, les météorologistes, aujourd’hui, sont tous diplômés. Pas n’importe quels diplômés! Des diplômés d’universités.
Et chaque jour, avec une application et une rigueur de bénédictin, les météorologistes décodent, déchiffrent et refilent les dossiers aux spécialistes en information météorologique. Des gens irremplaçables et méconnus, ces spécialistes en information météorologique !
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Les météorologistes leur refilent, en effet, un «produit brut», communément appelé LES PRÉVISIONS. Des prévisions plus souvent qu’autrement farcies d’explications si savantes que seuls quelques initiés peuvent les digérer. C’est là que le spécialiste en information météorologique entre en scène et prouve que, sans lui, nous serions tous continument dans la brume en dépit-du savoir des météorologistes et des belles températures.
Sa responsabilité, ainsi que l’un d’eux, Jacques Pelletier, l’a expliqué hier à La Presse, est «d’adapter ce produit brut, de le raffiner et de le divulguer».
Comme dit M. Pelletier, «en ce moment, tout dépend de cette configuration atmosphérique au-dessus de l’Amérique, qui favori se sur l’Est du continent une circulation d’air qui vient du Sud. Mais dans une région comme la vallée du Saint-Laurent, par exemple, l’air froid, plus lourd parce que plus dense, demeure plus longtemps sous l’air chaud qui passe par-dessus».
En bref, une masse d’air chaud est une masse d’air chaud. Et quand celle-ci, comme c’est le cas, provient du golfe du Mexique, avec un léger parfum de rhum ou de tequila, qu’elle est poussée vers le Nord-Est à cause d’une zone de haute pression sise au delà de la Caroline du Sud et d’une zone de basse pression au Texas, ça donne les turbulences météorologiques des derniers jours, ça enivre les uns et ca re froidit les autres !
Quoi qu’il en soit, on prévoit pour aujourd’hui une alternance de soleil et de nuage, de la pluie dans l’après-midi, une soirée relativement agréable. Il fera chaud, avec des températures variant entre 16 et 20 degrés. Samedi, de la pluie, temps doux, maximum de 10 degrés. Dimanche, un front froid, des averses de pluie et de neige fondante, maximum de 8 degrés. Lundi, retour de l’hiver !
Le printemps, c’est pour mardi à 16 h 19 locale.
