Automobile et ville

Faut-il sortir l’automobile de la ville ?

Les villes sont les principales responsables de la pollution de l’environnement. Aussi devront-elles devenir de plus en plus frugales et éliminer graduellement l’accès des automobiles aux zones centrales.

Ce message, doublé d’un avertissement, a été donné le 9 mars 1992 par M. Guy Peyretti, le directeur-adjoint de l’Institut national de génie urbain de Lyon, la seconde ville française, au Symposium international sur le génie urbain qui se tient au Palais des congrès de Montréal.

La pollution de l’air urbain est l’un des problèmes les plus préoccupants pour la santé des personnes et l’équilibre vital de la nature en général, a dit l’expert. Les citadins du monde – c’est inévitable, croit-il – devront se rendre compte que la présence de l’automobile dans les villes est dangereuse pour l’environnement.

Les villes européennes, précise M. Peyretti, ne sont pas devenues des mégalopoles ingouvernables. Conçues à l’échelle humaine, leur situation environnementale est généralement considérée comme «réversible». Et c’est dans leurs murs mêmes qu’il a problème. «En Europe, il semble que la lutte contre la pollution industrielle et celle due au chauffage ait porté des fruits, comme en témoignent les taux décroissants de SO2. Mais maintenant on peut dire que le problème principal est la pollution due aux transports».

«On ne peut s’en sortir, lance-t-il, il faudra éliminer l’auto des villes». Il signale, à cet égard que plusieurs villes européennes prennent le taureau par les cornes. Le meilleur exemple est celui de Strasbourg où l’on a déjà restreint l’accès des voitures au centre-ville et où l’on s’apprête à réimplanter une version ultramoderne du tramway.

bixi a montreal
Bixi, service de vélo à Montréal (arrondissement Outremont, stationnement). Photo : © Grandquebec.com

Ce spécialiste estime que les progrès qui découlent de réglementations plus sévères ou de l‘introduction de carburants plus «propres» sont contrecarrés par l’augmentation croissante du parc de véhicules et de la congestion urbaine. Par ailleurs, l’automobile est «la première dévoreuse d’espace et de temps».

En revanche, le directeur adjoint du Service des travaux publics de Montréal, M. Serge Pourreaux, soutient que la métropole du Québec ne peut envisager de limiter l’accès du centre-ville aux voitures. Il a dit craindre en effet qu’en agissant ainsi, l’administration municipale n’incite les citadins à fuir encore davantage vers la banlieue…

auto et ville
Automobile et ville. Photo : © Grandquebec.com

M. Peyretti, pour sa part, signalé que de grandes villes européennes, Rome au premier abord, ont déjà commencé à limiter l’accès du cœur urbain aux automobiles. Athènes a une politique de restriction limitée, mais elle s’apprête à adopter une réglementation d’interdiction absolue.

L’ingénieur urbain, somme toute, croit M. Peyretti, devra informer la population qui, dans un contexte de ressources limitées, la ville doit faire preuve de frugalité.

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