L’année de tous les désastres

2010 : l’année de tous les désastres

C’est vraiment une année faite pour les amateurs de catastrophes
(Stephen Baxter, Déluge, traduit par Dominique Haas).

Canicules incroyables, inondations, séismes, éruptions de volcans, glissements de terrain, sécheresses, super-tempêtes se sont unis pour faire 250 000 victimes en 2010. C’est le bilan le plus lord des catastrophes naturelles depuis 1885. En effet, en 2010, ces phénomènes ont causé plus de victimes que toutes les attaques terroristes combinés des 40 dernières années, selon la Federal Emergency Management Agency des États-Unis.

Pendant toute l’année, on aurait dit que les catastrophes arrivaient une après l’autre et par vagues, ainsi l’expression « événement qui n’arrive qu’une fois par siècle » a perdu son sens.

L’histoire de l’humanité nous enseigne que les tremblements de terre et les éruptions volcaniques sont essentiellement constants, alors, il ne s’agit pas d’un changement radical du comportement de notre planète. Cependant, la plupart des cas sont attribués par les experts en phénomènes naturels aux êtres humains. Alors, nous n’avons que nous-mêmes à blâmer, parce que si plusieurs de ces catastrophes survenues en 2010 ont semblé aléatoires, l’impact de l’activité humaine a contribué à faire de 2010 une année particulièrement bizarre, extrême, coûteuse et mortelle.

Amateurs de catastrophes

Prenons, à titre d’exemple le séisme qui a fait environ 250 mille victimes en Haïti en janvier 2010. Port-au-Prince, la capitale du pays, compte aujourd’hui près de trois fois plus d’habitants qu’il a 25 ans (la plupart vivent par ailleurs dans la pauvreté dans les bidonvilles qui entourent le secteur central). Des experts estiment que le tremblement de terre aurait tué trois fois moins de personnes en 1985 jusque parce que la population a augmenté et les gens se sont établis sans respecter aucune mesure de protection.

En février 2010, un séisme beaucoup plus puissant que le séisme haïtien a secoué le Chili, pays beaucoup moins pauvre, où la plupart des édifices sont mieux construits et les gens agissent avec beaucoup plus de responsabilité envers leurs résidences Résultat?  Moins de mille victimes, beaucoup moins de destructions et beaucoup moins de l’aide internationale.

Les canicules et les inondations, quant à elles, seraient en partie dues aux changements climatiques causés par nos activités industrielles et agricoles. Pas moins de 18 pays ont connu en 2010, la journée la plus chaude de leur histoire depuis le début du service météorologique. Par exemple, en été 2010, une canicule écrasante s’abattue sur la Russie, où de violents incendies de forêt combinés à de températures de plus de 40 degrés C ont fait de l’été un enfer.

Les eaux ont inondé une zone de plus de 160 mille kilomètres carrés au Pakistan, sur une distance de près de 2000 kilomètres, le long du fleuve Indus, où 10 millions de personnes ont été privées de leur logement. Un quart du Pakistan était sous l’eau au pic de l’inondation en août. À eux seuls, ses phénomènes ont fait plus de morts que tous les écrasements d’avions depuis plus d’une douzaine d’années.

Amateurs de catastrophes (suite)

Le nombre d’événements météorologiques extrêmes qui se sont produits en 2010 illustre les effets des changements climatiques annoncés depuis longtemps. Les experts disent par exemple, que la canicule meurtrière qui a déferlé sur la Russie ne se produirait qu’une fois aux 100 000 ans sans le réchauffement climatique.

Plusieurs diront qu’il s’agit d’une forme de suicide, parce que nous construisons des maisons dans des zones inondables et nous nous y noyons, nous construisons des maisons qui nous tuent lors de séismes et nous détruisons nos forêts pour ensuite tomber victimes de grandes sécheresses. C’est notre responsabilité de ne pas avoir anticipé des conséquences de nos actions, mais la Terre fait simplement ce qu’elle a à faire.

L’exemple le plus éloquent, c’est la catastrophe écologique causée en fait par la fuite de pétrole le 20 avril à la suite d’une explosion sur une plateforme de British Petrolium (BP) au large de la Louisiane du golfe du Mexique. L’explosion a fait alors 11 victimes. Lors de la marée noire, environ 800 millions de litres de brut se sont donc déversés dans les eaux. BP n’a réussi à boucher le puit que le 4 août. Au-delà de la pollution de l’océan, la situation affecte fortement la pêche et le tourisme dans le golfe.

Hélas, il ne faudra pas croire que 2010 fera figure d’exception. Nous avons créé des conditions qui font que même les plus petits soubresauts de la planète ont un impact démesuré sur nos vies.

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L’homme – le seul responsable de tous les désastres? Image: Boaz Yiftach / FreeDigitalPhotos.net.

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