Saint-François : rivière et lac

Historique de la rivière et du lac Saint-François, leur toponymie 

Lac Saint-François

Nom donné à cette partie élargie du haut Saint-Laurent comprise entre Salaberry-de-Valleyfield et Akwesasne, en Montérégie. Long de 50 kilomètres et d’une largeur maximale de 8 kilomètres, le lac Saint-François chevauche la limite du Québec et de l’Ontario. Dans cette province, son nom officiel est cependant Lake St.Francis. Un grand nombre d’îles et d’îlots parsèment la section amont du lac. L’attribution du nom remonte à l’année 1656, alors que des Jésuites avaient entrepris une expédition pour « faire la guerre aux Démons » chez les Hurons.

Partis de Québec, ce 17 mai 1656, cinq missionnaires accompagnés de plusieurs Français remontent le Saint-Laurent sous la direction du père François Le Mercier, supérieur des missions de la Nouvelle-France. Un mois plus tard, ils arrivent à l’entrée du lac : Le dix-septième du même mois, nous nous trouvâmes au bout d’un lac que quelques-uns confondent avec le Lac de Saint-Louis ; nous lui donnâmes le nom de Saint François pour le distinguer de celui qui le précède. Il a bien dix lieues de long et trois ou quatre de large en quelques endroits ; il est rempli de quantité de belles îles en ses embouchures. Le grand fleuve du Saint-Laurent s’élargissant et repandant ses eaux d’espaces en espaces, fait ses beaux Lacs, puis en les resserrant, il reprend le nom de Rivière (Relations des Jésuites). Il est difficile de se prononcer avec certitude sur l’origine du toponyme. Il est possible que les missionnaires aient voulu honorer la mémoire de saint François Xavier, canonisé en 1602, le premier des leurs à établir une mission en Chine. Mais on peut penser aussi qu’il évoque François de Lauson, alors seigneur de la Citière, qui en avait détaché la seigneurie de la Prairie-de-la-Madeleine en 1647. Cette même année 1656, paraissait la carte du géographe Nicolas Sanson d’Abbeville intitulée « Le Canada ou Nouvelle-France ».

Le lac Saint-François y est représenté avec l’indication toponymique Naroua Lac, un nom de signification inconnue et sans doute d’origine amérindienne.

Le lac Saint-François constitue un exemple intéressant de stabilité toponymique. Depuis son attribution en 1656, ce nom n’a pas varié, hormis l’adaptation anglaise qui en a été faite. Ainsi, retrouve-t-on Lac S. François sur une carte de Guillaume Delisle (1703), Lac St. François sur une carte de Bellin (1755) et L. St. François sur la carte d’Eugène Taché (1870). Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la forme anglaise préexistait à la conquête. Le nom St. François Lake figure sur la carte de Herman Moll (1715 ; révisée en 1732). De son côté, Joseph Bouchette emploie Lake St. Francis sur sa Carte topographique de la province du Bas-Canada (1815).

Rivière Saint-François

Principal cours d’eau de l’Estrie, la rivière Saint-François arrose aussi la région des Bois-Francs, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, dans lequel elle se jette à la hauteur du lac Saint-Pierre. Elle coule sur près de 200 kilomètres depuis le lac Saint-François, une grande nappe d’eau située à 140 kilomètres à l’est de son embouchure, dans la MRC des Appalaches (anciennement la MRC de L’Amiante). Jusqu’à Sherbrooke, son cours est nord-est – sud-ouest, conforme à la structure appalachienne ; de là, il s’oriente sud-est – nord-ouest, en suivant la pente et à travers la plaine du Saint-Laurent.

Souvent désignés sous la forme anglaise St. Francis (Saint-Francis) au XIXe et au début du XXe siècle, le lac et la rivière tirent leur nom de François de Lauson, en faveur de qui la Compagnie des Cent-Associés avait accordé, dès 1635, à son père Jean, la seigneurie de la Citière, bornée par ce cours d’eau, comme le mentionne un acte signé de la main du gouverneur de Montmagny en 1638.

Selon Maurice O’Bready, la rivière fut d’abord nommée Saint-Antoine en 1632 par les Jésuites. Pour sa part, Jean de Lauson retient le nom Rivière Saint-François des Près dans la concession de la seigneurie de Saint-François en 1662 à Pierre Boucher de Grosbois.

Pour contrer les invasions iroquois et anglaises, le gouverneur Frontenac fait installer, près de la rivière, en 1682, quelques centaines de familles abénaquises, venues de Nouvelle-Angleterre. Depuis la mission de Saint-François, créée peu après, les Abénaquis voyagent fréquemment par la rivière pour leurs activités de chasse et de pêche, construisant des cabanes sur les berges qui ont ensuite longtemps servi de relais. Ils ont dénommé ce cours d’eau Alsigontekw ou Arskiansegou, qui, selon les auteurs, se traduisent dans le premier cas par rivière aux herbes traînantes ou rivière aux coquilles, et, dans le second, par rivière où il n’y plus personne, cette dernière interprétation fait allusion à la période 1690-1693, qui a vu la dispersion des Abénaquis, qui ne sont revenus à cet endroit qu’après 1697.

La carte de Guillaume Delisle de 1703 porte le nom R.S.François. De nombreux colons s’étaient installés dans la seigneurie en bordure supérieure de la vallée du Saint-François a été ouverte à la colonisation et à l’exploitation forestière, ce qui a graduellement fait fuir le gibier et les Abénaquis qui perdaient ainsi leur source de subsistance. Les nombreuses chutes de la rivière ont favorisé le développement industriel de la région. Des villes telles que East Angus, Lennoxville, Sehrbrooke, Windsor, Richmond et Drummondville ont ainsi pris un essor qui se poursuit de nos jours.

Long de plus de 25 kilomètres et d’une largeur moyenne de 2,5 kilomètres, le lac Saint-François est situé à 15 kilomètres au sud de Thetford Mines. Près de la moitié de ses rives font partie du parc national de Frontenac. Pour l’essentiel, les berges sont affectées à des activités de villégiature et de loisirs et ce depuis plusieurs décennies. Un barrage érigé à sa décharge en 1918 régularise ses eaux qui se déversent vers le lac Aylmer. Les Abénaquis désignent le lac Saint-François sous le nom de Onkobagok, qui se traduit par « au lac relié ».

Circonscription électorale de Saint-François

D’une superficie de 412 km carrés, cette circonscription électorale établie en 1972, est constituée de huit municipalités dont les villes de Lennoxville, de Fleurimont et de Sherbrooke pour une petite partie. En 1992, la municipalité d’Ascot Corner fut intégrée à la circonscription voisine de Mégantic-Compton. Délimité à l’intérieur du bassin hydrographique de la rivière Saint-François, son territoire prend place également dans le plateau appalachien, où l’altitude varie entre 200 et 500 mètres. Si le nord-est est plutôt boisé et le nord-ouest, urbanisé, en revanche le sud forme une région rurale prospère qui compte plusieurs centaines de fermes. Les agriculteurs tirent la plus grande partie de leurs revenus de la production laitière, de l’élevage des porcs, des bovins de ferme procurent à plusieurs d’entre eux un revenu d’appoint substantiel. Quant à la centaine d’entreprise manufacturières, elle fournit du travail dans les produits du caoutchouc, les vêtements, le papier peint et la machinerie électrique.

MRC Le Haut-Saint-François

Située en Estrie, à une quinzaine de kilomètres à l’est de Sherbrooke, le long de la frontière avec l’État du New Hampshire, cette municipalité régionale de comté couvre 2359 km carrés. Comme sa voisine à l’est, la MRC du Granit, son territoire chevauche deux régions naturelles : le plateau appalachien comprenant collines et montagnes à travers lequel coulent le Saint-François et ses affluents ; d’une part, et les Montagnes Blanches adossées à la frontière, de l’autre. Elle partage d’ailleurs avec cette MRC le mont Mégantic.

La rivière Saint-François, dont le cours supérieur traverse la municipalité régionale de comté, a inspiré son nom ; l’adjectif Haut dans le Haut-Saint-François fait précisément allusion à la partie supérieur du cours du Saint-François Établie en janvier 1982, cette MRC se compose de 24 municipalités, dont East Angus, la plus populeuse. Surtout rurale, la population haut-francisois parle très majoritairement le français et compte en son sein une minorité anglophone d’environ 15 %, en régression en pourcentage aussi bien qu’en nombre absolu.

La papeterie d’East Angus et la fabrication de contenants en plastique à Cookshire forment le pivot de l’économie de la MRC. L’industrie du vêtement, celle du bois et d’articles de bois, de même que l’agriculture, qui est relativement spécialisée et prospère, constituent des activités économiques importantes.

Île aux Liards

Appartenant à la municipalité de la paroisse de Saint-Ignace-de-Loyola, l’île aux Liards émerge à 5 km à l’ouest de l’embouchure de la rivière Saint-François dans le lac Saint-Pierre. Surnommé l’île de la Queue de Rat, ce petit banc de sable et d’argile plus ou moins recouvert de limon constitue une des trois îles aux Sables. D’une longueur de 1,5 km, l’île aux Liards est basse et monotone, souvent inondée par la crue des eaux et couverte d’une variété de peupliers communément appelés « liards ».

Île à Light

Cette île, de forme allongée et de petite dimension, baigne dans les eaux de la rivière Saint-François, non loin de la réserve indienne d’Odonak et du village de Pierreville. Elle fait partie, comme l’île Sakatouche, à quelques kilomètres en aval, du territoire assigné aux Abénaquis d’Odonak. Sur une carte cadastrale de 1930 du comté de Yamaska apparaît la forme Île à l’Ail, que l’on retrouvait sous la graphie Laie dès 1702. Au début du siècle, on y aurait construit un phare, ce qui expliquerait que les éléments light et ail aient coexisté dans l’usage. La Grande Île, qui est une autre variante pour la désigner, tire son origine du mot abénaquis Kwanobagenagasit signifiant l’île longue.

Pour en apprendre plus :

Rivière Saint-François.
Rivière Saint-François. Photographie de GrandQuébec.com.

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