Ruisseaux au Québec

Quelques-uns des ruisseaux au Québec

Un ruisseau est un cours d’eau de petites dimensions et de faible débit. Si ce ruisseau dévale une pente raide de façon continue ou intermittente est un torrent. Ruisseaux et torrents alimentent des cours d’eau plus importants (comme le chante Jacques Michel, « Si les ruisseaux savent trouver la mer ». En fait, la mémoire de tout un chacun et chacune est peuplée d’un ou de plusieurs ruisseaux anonymes ou dûment nommés. Félix Leclerc, avec « Notre sentier », a d’ailleurs composé l’une de ses plus belles chansons sur ce thème.

Notons que le mot « ru » revient souvent dans les grilles destinées aux cruciverbistes, mais au Québec, ce mot n’est guère utilisé, les gens préférant parler de « petit ruisseau ».

Source (springs en anglais) : D’un strict point de vue, une source est le point d’émergence d’une nappe souterraine. En fonction de la configuration géologique du Québec, où prédomine un substrat granitique largement imperméable, les sources des cours d’eau sont surtout des lacs et des réservoirs où s’accumulent neige et eaux de précipitations.

Ruisseau de la Calvette

Le ruisseau de la Calvette arrose le territoire de la municipalité de Saint-Benjamin, située à quelque 20 km au nord-est de Saint-Georges, en Beauce. Appelé parfois Ruisseau Saint-Benjamin, ce petit cours d’eau de 4 kilomètres de longueur prend sa source aux environs du lac à Busque et va se jeter dans la rivière Famine, affluent de la rive droite de la Chaudière. Le spécifique Calvette a été retenu officiellement en 1980 pour identifier cette entité hydrographique. Ce québécisme est l’adaptation phonétique du mot anglais « culvert », qui désigne un ponceau.
Ruisseau Chamberry

Ce petit cours d’eau, qu’on appelle aussi la Coulée Chambéry et Chamberry Gully, draine les terres d’une partie de la paroisse de Vaudreuil avant de se jeter dans la rivière des Outaouais vis-à-vis de l’île Perrot, un peu à l’ouest de la pointe des Cascades. Il tient son nom d’un dénommé Claude Chambéry qui possédait un banc dans la chapelle de Pointe-des-cascades construite en 1728, alors qu’elle constituait une desserte de la paroisse des Cèdres établie officiellement en 1833.

Ruisseau Chaud

Petit cours d’eau d’environ 5 km de longueur se déversant dans le Saint-Laurent, le ruisseau Chaud se rattache au territoire de la municipalité Éboulements, située à 30 km à l’ouest de La Malbaie, dans la région de Charlevoix. Dès 1743, ce toponyme est utilisé pour désigner la limite occidentale de la seigneurie des Éboulements. Le déterminant Chaud a été retenu pour le ruisseau parce qu’il est alimenté par des sources chaudes. Le nom Ruisseau de la Lumière est parfois utilisé pour désigner ce cours d’eau en raison d’un phare installé à son embouchure. Variantes : Coulée à Féréol ; Ruisseau du Grand Fonds.

Ruisseau Crête-de-Coq

Petit cours d’eau de 2 km de longueur, tributaire du ruisseau des Bélanger, le ruisseau Crête-de-Coq se trouve dans le territoire de la municipalité de Sainte-Ursule, dans Maskinongé, à environ 45 km au nord-ouest de Trois-Rivières. Au dernier quart du XVIIIe siècle, des Loyalistes se sont établis à cet endroit, en particulier les familles Armstrong, Dunn, Elliot, Turner et Corck. Crête-de-Coq est l’évolution française de l’anthroponyme anglais Christian Corck. Cette expression populaire s’est apr la suite appliquée à une concession de la seigneurie de Maskinongé. Crête-de-Coq est également le nom primitif de la paroisse de Sainte-Ursule, érigée en 1836. L’hydronyme Ruisseau crête-de-Coq est de création récente. L’hypothèse prétendant que ce toponyme originel résulte de la transformation de Castor Cox n’est pas à retenir.

Ruisseau à Patates

Ce ruisseau coule en Gaspésie sur 13 kilomètres et débouche dans le Saint-Laurent à Sainte-Anne-des-Monts. L’histoire dit qu’un homme, natif de Rivière-au-Renard, aurait un jour vu sa récolte de pommes de terre emportée par une crue de printemps du ruisseau. Plus à l’est sur le littoral gaspésien, un hameau a reçu le nom de Ruisseau-à-Rebours en raison de l’effet de la marée montante à l’embouchure du cours d’eau.

Ruisseau de la Friponne

Ce ruisseau fait environ 5 kilomètres à Saint-Joachim, sur la Côte-de-Beaupré, au nord du cap Tourmente, à 365 m d’altitude. Il coule vers le rebord de la falaise du plateau laurentien et va se jeter dans le Saint-Laurent en se dirigeant vers le sud-est. Identifié successivement comme Rivière Saint-Joseph (1641), Grande rivière dudit Cap (1657) – comprendre le cap Tourmente – et Rivière de la Nouvelle Ferme (1751), ce n’est qu’en 1877 que Rivière de la Friponne apparaît sur le plan officiel de la paroisse de Saint-Joachim. Le générique « Ruisseau » a remplacé celui de « Rivière », comme l’indique le Répertoire géographique du Québec (1969), étant donné le faible débit du cours d’eau. Ce nom a d’abord été attribué à une ferme du Séminaire durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, puis à la rivière qui coulait tout près. Il ne faut pas croire à quelque gaudriole ou histoire épicée. La Commission de toponymie du Québec évoque quelques hypothèses pour expliquer l’origine du nom, avant de conclure : « On peut aussi croire que le toponyme s’explique par une caractéristique du cours d’eau : malicieux, trompeur, méchant, d’allure changeante. » On pourrait expliquer cette singulière attribution par le fait que Michel Cadet, responsable de malversations avec l’intendant Bigot, fut un temps administrateur des fermes du Séminaire à Saint-Joachim où sa renommée le précédait. La Friponne, c’était le surnom que les Canadiens donnaient, vers 1753-1756, à une maison de commerce aux affaires louches, fondée par Pierre Claverie, de connivence avec Bigot, et où Cadet avait ses entrées. Si le surnom se justifiait à Québec, sa présence à Saint-Joachim reste cependant surprenante. En outre, Bigot, qui n’aimait pas cette appellation dérisoire lui inventa une explication lors de son célèbre procès. Il prétendit que la dénomination provenait du fait qu’une servante, voleuse en plus, avait justifié ce nom de la Friponne, attribué ensuite à la maison.

Ruisseau des Gelottes

Après avoir traversé une partie du canton de Watford, ce petit ruisseau rejoint la rivière des Abénaquis à quelque 13 km au nord-est de Saint-Georges, près de sa confluence avec la rivière Famine, elle-même tributaire de la Chaudière. Dans cette partie de la Beaux, Gelotte est le sobriquet d’une des familles Gilbert. Par ailleurs, le verbe geloter, synonyme de gelasser, est utilisé à l’occasion d’une gelée légère. L’usage populaire de ce toponyme remonte sans doute à la seconde moitié du XIXe siècle. Le nom Ruisseau Beaver existe aussi pour désigner ce cours d’eau.

Coulée des Genoux

Ce petit ruisseau du canton de Falardeau, au Saguenay, prend sa source dans le lac Genoux, à 5 km au sud-est du lac La Mothe. Il coule ensuite vers l’ouest au fond d’une déclivité assez abrupte – ce qui justifie l’utilisation du terme coulée – et termine sa course dans la rivière Shipshaw, à 9 km au nord de la municipalité de Saint-David-de-Falardeau et à 30 km au nord de Chicoutimi. Dans la terminologie maritime, un «genou » désigne une pièce courbée qui unit la varangue à l’allonge d’un bâtiment de bois. Les arbres croissant le long de la coulée possédaient une certaine courbure naturelle, en raison de la forte pente des versants, qui répondait aux besoins de la construction navale de l’époque. Ils étaient donc utilisés dans les chantiers maritimes canadiens et britanniques vers la fin du XIXe siècle. Le toponyme Coulée des Genoux paraît sur des documents cartographiques au moins depuis 1914. Variante : Ruisseau Génois ; Rivière Genots.

Ruisseau de la Goudronnerie

Né à l’ouest de la montagne des Orignaux, à un peu plus de 5 km au nord du hameau de Cap-aux-Corbeaux, ce petit cours d’eau coule, sur un peu plus de 3 km vers le nord-ouest puis tourne vers le sud-ouest et se jette dans la rivière du Gouffre, à environ 6 km au nord de Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix. Datant de la fin du XVIIe siècle, ce toponyme rappelle la mise sur pied d’une goudronnerie royale à la baie Saint-Paul en 1670. Voulue et réalisée par l’intendant Jean Talon (1625-1694), cette entreprise devait produire du goudron à partir de la résine de pin et favoriser ainsi la construction navale en Nouvelle-France. Ayant fait expulser les goudronniers en 1676 par l’intendant Duchesneau, monseigneur de Laval et le Séminaire de Québec tenteront par la suite de tirer parti de l’entreprise, mais sans grand succès. Dans certains documents du milieu du XVIIIe siècle, le ruisseau de la Goudronnerie porte le nom de Ruisseau des Godronniers et, sur la carte de Joseph Bouchette de 1831, celui de Rivière Ste-Croix.

Ruisseau Grandmont

Le ruisseau Grandmont, localement dénommé Rivière Grandmont et identifié par Grand-Mont sur une carte de comté en 1934, n’a que 2,5 km de longueur. Coulant du sud-est au nord-ouest, il se jette dans le lac Saint-Jean à 1 km au nord de Saint-Gédéon. Il tire son nom de Joseph Grandmont, contremaître de la compagnie Price qui y exploitait des chantiers vers 1860. Identifié sous le nom de Joseph-Germain Auré, dit Grandmont au baptême de sa fille, il est sans doute un descendant de René Houray, dit Grandmont (1630-1706), défricheur à Cap-de-la-Madeleine vers 1662. L’officialistion de ce toponyme remonte à 1968.

Ruisseau de la Grillade

Ce petit cours d’eau de la Côte-du-Sud, long d’environ 5 km, prend sa source dans la région du mont Saint-Magloire, serpente vers le nord-ouest et se jette dans la rivière Armagh, immédiatement au sud du lieu-dit de la Grillade, à 5 km au nord-est du village de Buckland. Le terme « grillade » désigne une tranche de viande – et surtout du lard salé – que l’on a fait frire ou griller. Quelques hypothèses ont été émises sur l’origine de ce toponyme, vraisemblablement apparu au tournant du XXe siècle. Le ruisseau aurait reçu son nom de l’ancien rang de la Grillade, situé à proximité, lequel conduit à Saint-Philémon. Selon certains, les premiers habitants de ce rang ne mangeaient que des grillades de lard. D’autres croient que ces pionniers habitaient à l’origine le rang ou village de la Grillade ouvert à la fin du XVIIIe siècle, de la paroisse de Saint-Henri-de-Lauzon (maintenant Saint-Henri). Enfin, une tradition orale veut que, au début du XXe siècle, des écureuils soient venus ravager un campement établi dans les environs du rang et du ruisseau, dévrant sur leur passage toute la nourriture qu’ils trouvaient, à l’exception des grillades.

Ruisseau Jean IV

D’une longueur d’environ 12 km, ce minuscule cours d’eau de l’île d’Anticosti, tributaire gauche de la rivière Jupiter, atteint celle-ci à la hauteur du camp sportif Jupiter-Douze. Ce ruisseau emprunte le nom de Jean Menier (1913-1944), petit-neveu du chocolatier français Henri Menier qui fut le propriétaire de l’île à partir de 1895 et quatrième fils de Georges et Simonne Menier.

Ruisseau Jureux

Ce petit cours d’eau de la municipalité de la paroisse de Saint-Irénée se jette dans le Saint-Laurent à environ 6 km en aval de Cap-aux-Oies. Il prend sa source dans le lac Saint-Antoine. Ce mot, tournure québécoise de « jureur », est pris dans le sens de hurleur ou tapageur. Il a d’abord été attribué au ruisseau à cause du bruit que font ses eaux en dévalant, sur 2 km, une dénivellation de 250 m. Ce toponyme semble relativement ancien puisque la carte de Bouchette de 1831 indique Ruisseau Jareux. On relève la graphie actuelle en 1843, dans l’acte délimitant la paroisse. À proximité on trouve un hameau, Ruisseau-Jureux, et une pointe Jureux.

Coulée des Larmes

Tributaire de la rivière à Mars, affluent de la rive droite du Saguenay, ce ruisseau prend sa source au sud du mont des Conscrits, dans la partie nord-est de la réserve faunique des Laurentides. Également connu sous le nom Ruisseau des Larmes, cette entité géographique a été plutôt désignée par le générique Coulée parce que ce petit cours d’eau, qui arrose le canton de Dubuc, emprunte un ravin, terme synonyme de coulée. Quant au spécifique Larmes, il évoque une réalité douloureuse de la Première Guerre mondiale alors que, pour échapper à la conscription, plusieurs appelés de la région durent se cacher dans les bois environnants. Pareilles évasions de produisirent ailleurs sur le territoire québécois, notamment aux abords d’un autre ruisseaux des Larmes à La Trinité-des-Monts, dans l’arrière-pays de Rimouski.

Pointe Graham

S’avançant d’environ 400 mètres dans les eaux du lac des Deux Montagnes près de Rigaud, sur le territoire de Sainte-Madeleine-de-Rigaud, cette pointe de terre habitée rappelle le souvenir d’une ancienne famille d’origine anglaise, venant du comté de Cumberland (Angleterre) et arrivée dans la région vers 1820, avec plusieurs autres, dont les Parsons. Cette langue de terre forme avec la pointe à la Raquette, du côté ouest, une baie nommée L’Anse. Après la Seconde guerre mondiale, on la désignait sous l’appellation Pointe des Marins. Aujourd’hui, et ce, en raison de la proximité d’un camp de scouts, on la nomme aussi Pointe des Boy Scouts. Le premier maître de poste du secteur engagé en 1909 portait le nom de William Graham et une île située à 2 km à l’est se nomme Île Graham.

Ruisseau du Mauvais Pas

Nom d’un petit cours d’eau d’environ 2 km de longueur qui arrose le hameau de l’Anse-à-Figuère, sur le territoire municipal de Gaspé, dans le parc national Forillon. Le ruisseau, situé entre les villages de Rivière-au-Renard et de l’Anse-au-Griffon, a un nom d’origine anecdotique. Il rappelle le « mauvais pas » accidentel du dénommé Fugère qui a perdu la vie en voulant traverser ce cours d’eau. Ce toponyme a paru sur une carte de la péninsule de Gaspé, en 1954. Cependant, le frère E. – B. Deschênes affirme que le nom de lieu est connu depuis le milieu du XIXe siècle.

Hameau de Brookbury

Dans les Cantons-de-l’Est le nom du hameau de Brookbury, près d’East Angus, provient de l’agglutination de mots anglais, « brook » (ruisseau) et Bury (nom du canton).

Stream

Le mot anglais « stream » peut aussi se traduire par « ruisseau », « torrent ». En Beauce, à la frontière du Québec et du Maine, se dresse le mont Sandy Stream, d’une altitude de 950 mètres. Autrefois, un ruisseau, le Hall’s Stream, devenu la rivière Hall, avait donné le nom originel de village d’East Hereford, dans les Cantons-de-l’Est.

Ruisseau de Dorvilliers

Ce petit cours d’eau coule dans la partie nord du territoire de la municipalité de Sainte-Anne-de-la-Pérade, sur la rive nord du Saint-Laurent, entre Québec et Trois-Rivières. Il doit son nom à François Chorel de Saint-Romain, dit d’Orvilliers (1639-1709), à qui son frère Edmond cède, en 1714, la partie est de la seigneurie de Sainte-Anne-De-la-Pérade. Arrivé à Trois-Rivières en 1660, il s’établit à Champlain où il s’occupe du commerce. À Trois-Rivières, en 1663, il épousera Marie-Anne Aubuchon. La carte du cadastre de Sainte-Anne-de-la-Pérade indique que deux rangs arrosés par le ruisseau comportent le constituant Dorvilliers dans leur dénomination. On aura noté l’usage parallèle de graphies différentes issues d’une même source : Dorvilliers, Dorvillier, d’Orvilliers, cette dernière présente dans le nom du hameau nommé Le Village-d’Orvilliers, qui a d’ailleurs donné son nom au ruisseau du Village-d’Orvilliers, tributaire du ruisseau Dorvilliers.

Coulée Honorius

Ce nom s’applique à un ruisseau qui se jette dans la rivière Cap-Chat, en Gaspésie. Ce petit cours d’eau descend sur 1,5 km dans un ravin étroit aux pentes raides couvertes par la forêt. Son nom évoque un entrepreneur forestier, Honorius Roy, qui a fait chantier dans ce secteur vers 1908. Une carte du canton de Romieu, réalisée en 1936, identifiait le ruisseau Honorius, le toponyme actuel a été ratifié en 1977. Te terme « coulée », synonyme de ravin, désigne habituellement une dépression de terrain allongée, aux versants souvent abrupts et au fond de laquelle coule généralement un ruisseau plus ou moins intermittent, par extension, on désigne aussi le cours d’eau lui-même. On rencontre des coulées sur l’ensemble du territoire québécois mais, parmi les quelque 500 toponymes de ce type recueillis lors d’enquêtes toponymiques, on constate que plus de 60 % sont localisés dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, avec une concentration particulièrement élevée dans la région de Cap-Chat.

Voir aussi :

J’aime ce pays, et j’aime y vivre parce que j’y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l’attachent à ce qu’on pense et à ce qu’on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l’air lui-même. (Guy de Maupassant Le Horla). Photographie d'un ruisseau par Megan Jorgensen.
J’aime ce pays, et j’aime y vivre parce que j’y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l’attachent à ce qu’on pense et à ce qu’on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l’air lui-même. (Guy de Maupassant Le Horla). Photographie d’un ruisseau par Megan Jorgensen.

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