Rivière Windigo
Traversant du nord au sud une partie des Laurentides, en Haute-Mauricie, sur une distance de près de 100 kilomètres, cette rivière, dont une branche porte le nom de Windigo Ouest, débouche dans le Saint-Maurice, plus précisément vis-à-vis du hameau de Windigo implanté sur la rive ouest du réservoir Blanc, un élargissement de cette rivière. La voie ferrée du Canadien National traverse ce hameau.
Quelques-uns des lacs situés à la source de la Windigo, se nomment Syroga, de la Grosse Île, du Droit et Lareau. Plusieurs autres petits plans d’eau s’y trouvent, notamment: le ac de la Hauteur et lac du Pigamon. Ces lacs sont entourés de montagnes dont les sommets atteignent jusqu’à 700 mètres. En descendant des montagnes, les eaux de la rivière traversent les lacs l’Abbé, de l’Adiante, Wilfried, Windigo, Wageguma et le lac du Compas.
La rivière coule du nord au sud en milieu forestier. En descendant, les eaux de la Windigo traversent le territoire non organisé du Lac-Ashuapmushuan, puis le territoire de La Tuque. À environ 2,5 kilomètres avant son embouchure, la Windigo bifurque vers l’ouest. La rivière se déverse dans le Réservoir Blanc en face du hameau Windigo, situé du côté ouest de la rivière Saint-Maurice. Le Réservoir Blanc constitue un élargissement artificiel de la rivière Saint-Maurice à cause du barrage de Rapide-Blanc.
L’embouchure de la rivière Windigo est à 6 kilomètres en amont du coude de la rivière Saint-Maurice, situé près du hameau McTavish.
Les principaux tributaires de la rivière Windigo sont (en partant de l’embouchure) : côté ouest: ruisseau Two and a Half Mile, ruisseau des Cinq milles, rivière Windigo Ouest, ruisseau Coulombe, ruisseau Spartan, rivière Windigo Nord-Ouest et ruisseau Kennedy. Côté est: ruisseau Veillette, ruisseau Doucet, ruisseau Arsenault, ruisseau Wapposening, ruisseau Bédard, ruisseau du Chasseur, ruisseau Nastapolk, ruisseau Hilda (provenant du lac Hilda), rivière Cabeloga et rivière du Genévrier.
L’arpenteur Gédéon Gagnon indique Rivière Windigo dans son rapport de 1874. Un bureau de poste fut ouvert à Windigo entre 1921 et 1964. Dans De Ker-Is à Québec (1990), Fernand Grenier écrit que « Chez les Algonquins et les Cris, le Windigo (ou Wendigo) est un monstre fabuleux, géant, puissant, quelquefois anthropophage, Possédé de mauvais esprit, fou détraqué, le Windigo doit être abattu à la première occasion. On utilise le même terme lorsqu’on veut assagir les enfants : c’est alors une sorte de croque-mitaine ou de bonhomme Sept Heures! Dans la langue québécoise, « partir à la windigo » signifie généralement s’éloigner dans les bois, aller dans les chantiers ou courir l’aventure dans des lieux éloignés et souvent mal famés. » Une légende chère aux Amérindiens veut que le Windigo ait réservé cette rivière pour son usage personnel.
Au total, une vingtaine d’entités géographiques du Québec portent cette appellation dont, entre autres, les rapides Windigo qui animent les eaux de la rivière Saint-Maurice, dans le canton de Bourassa, à l’intérieur des limites de la Municipalité régionale de comté du Haut-Saint-Maurice, soit à environ 40 kilomètres au nord de Weymontache.
Les Abénaquis identifient la rivière Windigo sous le nom Kiwakwazibo, rivière du géant et les Attikameks connaissent ce cours d’eau comme Witiko Sipi, rivière du monstre. On l’appelait également autrefois La Main.
Canton d’Albani
De forme presque irrégulière, ce canton, proclamé en 1965, est irrigué par les rivières Windigo et Windigo Ouest, d’ailleurs, le Saint-Maurice lui sert partiellement de limite au-sud-ouest. Inhabité et couvert de forêts, bien que traversé par une route menant à Windigo, il contient une foule de lacs de moyennes dimensions distribués sur un terrain monteux dépassant les 500 mètres d’altitude. Le nom d’Albani rappelle la mémoire d’une des plus célèbres cantatrices québécoises. Née à Chambly en 1847, Emma Lajeunesse reçut une solide formation musicale à Montréal, Milan et Paris. À la suggestion de son professeur d’italien, elle adopta Albani comme nom de théâtre, à cause de sa consonance italienne mais aussi pour rappeler qu’elle avait commencé sa carrière comme soliste à l’église Saint-Joseph d’Albany, État de New York, de 1864 à 1868. Emma Albani se signala dans les plus grandes capitales du monde, principalement en Europe, de même qu’au Metropolitan Opera de New York et au Canada. Elle eut l’occasion de côtoyer plusieurs souverains dont la reine Victoria, qui l’honorait de son amitié. Elle se produisit aux côtés d’aussi grands compositeurs que Brahms, Dvorak, Gounod, Liszt et Hans von Bulow. Elle mourut à Londres en 1930 où, en 1878, elle avait épousé Ernest Gye, fils du directeur de Covent Garden.
Lac Wokmisma
Élargissement de la rivière Windigo, d’une longueur de 5 km, ce lac, d’une longueur de 5 km, ce lac est situé dans le territoire de la MRC du Haut-Saint-Maurice à quelque 45 km au nord-est de la réserve indienne de Weymontachie. Il alimente le réservoir Blanc qui se trouve sur le cours de la rivière Saint-Maurice. Le toponyme Lac Wokmisma, relevé localement en 1981, a été officialisé en 1983, à l’occasion de la journée internationale des femmes. En atikamekw, ce terme signifie la petite femme. Le lac est aussi connu sous l’appellation de Lac Boivin dont l’origine est inconnue.
Lac Flamand
Le lac Flamand, d’une diamètre dizaine de kilomètres de longueur et aux rives inhabitées, s’écoule au nord par un étroit couloir dans la rivière de même nom qui va gonfler les eaux du réservoir Blanc en Haute Mauricie. Ce toponyme remonterait à 1829 et rappellerait le souvenir d’un chasseur québécois qui a passé une quarantaine d’années chez les Attikameks à chasser dans les environs du lac et de la rivière (territoire non organisé de Rivière-Windigo).
Lac Ronfleux
Compris dans le territoire non organisé de Rivière-Windigo, aux confins des régions de la Mauricie, du Centre-du-Québec et du Saguenay-Lac-Saint-Jean, cette nappe d’eau est située à 3 km au sud du lac Bignell et ne mesure que 300 m de longueur. Le lac Ronfleux est le seul lieu du Québec à porter ce nom. L’expression « ronfleux », c’est-à-dire, ronfleur, est un terme régional qu’on retrouve au Québec aussi bien qu’en France, et qui s’emploie comme adjectif ou comme substantif. L’origine de ce toponyme est inconnue. On peut penser soit à un véritable ronfleur, soit à un bruit quelconque plus ou moins constant, comme le bruissement des feuilles ou un écoulement d’eau. Le nom Lac Ronfleux figurait sur une carte du club de chasse et de pêche nommé Arctic et il a été recueilli en 1977.
Hameau de Sanmaur
Au début du XXe siècle, l’accroissement de la demande d’énergie hydroélectrique amena le gouvernement québécois et la compagnie Shawinigan Water and Power à régulariser le débit de la rivière Saint-Maurice.
Divers travaux furent entrepris, particulièrement, l’édification du barrage Gouin, en 1917, par la compagnie Fraser Brace, qui se devait de s’établir près de la voie ferrée du National Continental, aujourd’hui le Canadien National.Il s’installa au confluent de la rivière Manouane et de la rivière Saint-Maurice, en face de la réserve indienne de Weymontachie.
On baptisa l’endroit Sanmaur, contraction de la prononciation anglaise de Saint-Maurice. Ce poste acquit rapidement de l’importance jusqu’au milieu des années 1950, car, entre-temps, la compagnie Brown de La Tuque en avait fait le centre de ses activités forestières. On y trouvait environ 75 familles, un bureau de poste depuis 1901, une école, une gare, une salle de cinéma et un dispensaire. Aujourd’hui, Sanmaur ne compte plus qu’environ une vingtaine d’habitants.
Canton de Payment
C’est dans le canton de Payment sis à quelque 25 km au nord-ouest de La Tuque, aux portes du vaste territoire forestier du Haut-Saint-Maurice, que se trouve le hameau de Rapide-Blanc, près de la confluence de la rivière Vermillon et du Saint-Maurice. Cet endroit a vu passer de nombreux contingents de bûcherons dont le folklore québécoise a chanté la mémoire. L’abbé Étienne Payment (1818-1861), originaire de Berthierville, fut notamment desservant à Champlain (1843-1844) et missionnaire de la région du Saint-Maurice, avant de devenir curé de Sainte-Marguerite de Dorchester (1845-1847), puis de Charlesbourg (1847-1861). Le nom du canton de Payment a paru dans « Noms géographiques de la province de Québec » de 1921.
Canton de Lafitau
Traversé du nord au sud par la rivière Wabano, affluent du Saint-Maurice, ce canton se situe à un peu plus d’une centaine de kilomètres à l’ouest de Roberval dans une région au relief heurté et encore largement forestière, soit le territoire non organisé de Rivière-Windigo. Missionnaire en Nouvelle-France de 1711 à 1717, le jésuite Joseph-François Lafitau (1681-1746) vécut principalement au Sault-Saint-Louis, aujourd’hui Kahnawake, auprès des Iroquois qui l’aidèrent à reconnaître le ginseng, déjà signalé en Chine par le père Pierre Jartoux. De retour en France, Lafitau fit part de sa découverte dans un mémoire publié en 1718. Quelques années plus tard, en 1724, il publiait « Mœurs des sauvages américains, comparées aux mœurs des premiers temps », important ouvrage de caractère ethnographique dont Montesquieu, sans le citer, s’est abondamment inspiré dans son « Esprit des lois » (1748). Les écrits de Lafitau sont l’une des sources importantes de l’histoire du pays au début du XVIIIe siècle. Pendant plusieurs années, après 1718, le père Lafitau s’est occupé à Paris des missions du Canada, à titre de procureur. Il est décédé à Bordeaux, qui était sa ville natale. La « Nomenclature des noms géographiques de la province de Québec » de la Commission de géographie (1916) signale la nouvelle dénomination du canton.
Canton Laflamme
Partagé entre la MRC, du Haut-Saint-Maurice, d’une part, et celle du Domaine-du-Roy, d’autre part, ce canton montagneux et forestier se trouve à 100 km à l’Ouest de Roberval. Il est arrosé notamment par la rivière Windigo Nord-Ouest et par la rivière du Petit Rocher. Désigné vers 1915, le canton porte le nom d’un des pionniers de l’enseignement de la géologie et de la géographie physique au Québec. Originaire de Saint-Anselme (Bellechasse), Joseph-Clovis Kemner Laflamme (1849-1910) fit ses études et sa carrière au Séminaire de Québec. Ordonné prêtre en 1872, il enseigne déjà la minéralogie et la géologie au Séminaire depuis deux ans, ce qui lui vaudra le titre de professeur à la Faculté des arts de l’Université Laval, dont il sera d’ailleurs recteur de 1893 à 1909. Auteur de plusieurs travaux, en particulier sur la Montmorency, le Saguenay et la Beauce, il est surtout connu par ses « Éléments de minéralogie, de géologie et de paléontologie », publiés en 1898, ainsi que par ses études sur les glissements de terrain et sur L’œuvre scientifique du docteur Michel Sarrazin. Membre de plusieurs académies et sociétés savantes, canadiennes et étrangères, Joseph-Clovis Kemner Laflamme fut comblé d’honneurs et de distinctions aux États-Unis, en France, en Belgique et ailleurs. Roe lui avait confié le titre de Protonotaire apostolique.
Canton de Lavallée
Le canton de Lavallée se trouve à 75 km au nord-ouest de La Tuque, dans la MRC du Haut-Saint-Maurice. Partiellement arrosé par la Petite rivière Flamand, il est délimité dans sa partie nord par le Saint-Maurice que double la voie ferrée du Canadien National. Le toponyme évoque Calixa Lavallée (1842-1891), originaire de Verchères, pianiste et violoniste dont le talent se manifesta très tôt. Lauréat d’un concours international de musique instrumentale tenu aux États-Unis, Lavallée fit une tournée brillante de concerts dans les Amériques puis se perfectionna à Paris, de 1873 à 1875, y étudiant en particulier la composition. De retour à Québec, il devient notamment organiste à l’église St. Patrick. C’est là qu’il fut incité par des amis à écrire la musique sur un poème composé par Adolphe-Basile Routhier et intitulé Ô Canada. Exécuté solennellement sur les plaines d’Abraham, le 24 juin 1880, à l’occasion d’un congrès de toutes les Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Canada et des États-Unis, l’hymne fut spontanément adopté par les Canadiens français. Un siècle plus tard, en 1980, cet hymne allait être officiellement adopté pour tout le Canada, avec, pour la version anglaise, un nouveau poème composé par le juge Robert Stanley Weir. En dépit de ce succès, Lavallée dut poursuivre sa carrière aux États-Unis où il fit, jusqu’à son décès, organiste et maître de chapelle de la cathédrale de Boston. Lavallée a laissé un oratorio, deux opéras, des marches et un grand nombre de mélodies et études pour le piano.
Canton de Lavigne
Traversé dans sa partie nord par la voie ferrée du Canadien National qui relie Parent à Senneterre, ce canton de la MRC du Haut-Saint-Maurice est baigné par quelques petits lacs dont l’un porte précisément le nom de Lavigne. Cette désignation, tout comme celle du canton, relevée dès 1913, souligne l’apport de quelques membres de cette famille à l’activité musicale québécoise. Le plus connu, Ernest Lavigne (1842-1909), s’engagea dès l’âge de 17 ans avec les zouaves pontificaux afin de défendre le Saint-Siège. Après 1870, il profitera de son séjour en Europe pour visiter notamment l’Italie, la France, l’Allemagne et l’Angleterre. Au retour, avec son frère Arthur, il fonde un premier magasin de musique à Québec. Il fera de même à Montréal en 1882 en s’associant à Joseph Lajoie. Propriétaire du célèbre parc Sohmer, fondé en 1892, Ernest Lavigne y organise nombre de concerts et présentations d’opéras et vaudevilles. Il fonde la Bande de la Cité, qui est à l’origine de l’orchestre symphonique de Montréal et qui offrira des concerts au parc Viger pendant la saison estivale. Son œuvre comprend d’assez nombreuses mélodies, des compositions instrumentales et des pièces de circonstance, marches, ouvertures, valses. Ses frères Arthur (1845-1925) et Émery (1859-1902) connurent également du succès dans la carrière musicale.
Canton de Letondal
Le canton de Letondal, qui se trouve dans le territoire de la MRC du Haut-Saint-Maurice, est situé à 110 km au nord-ouest de La Tuque. Traversé au nord par la voie ferrée du Canadien National, il est arrosé par les lacs Letondal, Guénette, Freddy et Capimit. Invité par les Jésuites à enseigner la musique au collège Sainte-Marie, Paul Letondal (1831-1894) fut longtemps l’un des principaux professeurs de musique de Montréal. Il avait étudié, à l’Institution des jeunes aveugles de Paris, à la fois l’orgue, le piano, le violoncelle et la composition. Organiste à l’église du Gésu, il collabora à la fondation de La Revue canadienne (1863) et fut président de L’Académie de musique de Québec, fondée en 1868. Ce canton a été désigné après 1910.
Canton de Nevers
À 260 km au nord-ouest de Trois-Rivières, dans la partie sud-est du réservoir Gouin, se trouve ce canton inhabité et couvert de plusieurs plans d’eau comme le lac Nevers et la baie Bouzanquet. Tout comme ses voisins dont les noms évoquent des écrivains et des hommes de lettres, celui-ci reprend le nom d’Edmond Boisvert (1862-1906), qui se fit connaître sous le pseudonyme d’Edmond de Nevers. Originaire de Baie-du-Febvre et après quelques années de pratique du droit, il entreprit un long périple européen qui lui permit d’étudier avec le célèbre historien allemand Theodor Mommsen et de pratiquer le journalisme à l’agence Havas de Paris. C’est dans cette ville qu’il publiera deux ouvrages importants, « L’avenir du peuple canadien-français » d’abord, en 1896, puis « L’âme américaine », en deux volumes, en 1900. Son mauvais état de santé le fit revenir au pays et il occupera le poste de publiciste vacant depuis le décès d’Arthur Buies. Il décédera à Central Falls (Rhode-Island) peu après.
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