Rivière Kipawa
La rivière Kipawa est l’un des affluents de l’Outaouais. Dans le passé, le Glacier Laurentien, le plus gros glacier, situé au-dessus de la Baie d’Hudson, recouvrait la majorité de l’Est du Canada. Il y a 10 ou 12 000 ans, ce glacier se retira de la région du Nord-Ouest québécois aujourd’hui connue sous le nom de Témiscamingue. La retraite et la fonte du glacier laissa dans son sillon de grandes quantités d’eau. Une partie de l’eau résultant de la fonte du glacier s’engouffra à l’intérieur d’une fissure dans l’armure précambrienne du Bouclier Canadien et forma la Kipawa, une rivière de 90 mètres de dénivellation entre le lac Kipawa et le Lac Témiscamingue sur 16 km à partir de l’emplacement actuel du village de Laniel jusqu’à l’embouchure de la rivière.
Aujourd’hui, le lac Kipawa se déverse dans la rivière Kipawa à travers le barrage de Laniel et dans le ruisseau Gordon à travers le barrage de Kipawa. Le Ministère des Travaux Publics du Canada possède et contrôle ces barrages. Notons que la rivière Kipawa en est la seule voie d’écoulement naturelle, parce que le ruisseau Gordon a été construit en 1883, quand trois compagnies forestières décident de se créer un ruisseau artificiel, afin d’acheminer le bois du lac Kipawa au lac Témiscamingue. Ce ruisseau est presque parfaitement droit et long de 15 kilomètres.
Bien qu’elle soit courte, la rivière Kipawa est précieuse. À l’extrémité nord de la rivière se trouve une zone naturelle magnifique. Il s’agit d’une zone boisée et non aménagée. Les berges du lac Témiscamingue, sur un relief accidenté, sont incroyablement belles et témoignent d’un patrimoine historique. De son côté, le lac Kipawa, d’une superficie de plus de 280 km carrés, constitue un véritable labyrinthe avec sa multitude de grandes baies et d’îles.
Cette rivière et le lac qui l’alimente furent nommés Kipawa par les Algonquins.
Les plus anciennes références écrites concernant la rivière nous proviennent des missionnaires catholiques qui l’avaient longée sur sa route de l’évangélisation des Algonquins. Les bons pères font mention des Marmites de Géants aux Grandes Chutes. Ces Marmites sont en fait des cavités creusées dans le granite par la force de l’eau faisant tourbillonner des cailloux dans le lit rocheux de la Kipawa.
L’histoire de la rivière fut marquée par les opérations forestières dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ensuite, au XXe siècle, ce secteur enchanteur est devenu le terrain de jeu de riches New-Yorkais qui y établirent leurs résidences d’été. Ils ont utilisé le site pour tourner quelques longs métrages hollywoodiens.
À 8 kilomètres au nord de Laniel, un sentier boisé longe la rivière Kipawa sur 7 kilomètres. Plusieurs grandes stars hollywoodiennes foulèrent ce sol : Rita Hayworth, Lana Turner, John Wayne et Kirk Douglas entre autres.
Aujourd’hui, il n’y a aucune route, aucun bâtiment ou chalet le long du cours de la rivière, à l’exception de la vieille halte routière où la rivière se rapproche de la route 101 sur une courte distance. On retrouve sur ses rives boisées un mélange d’épinettes, de pins, de sapins baumiers, d’érables, de bouleaux et de cèdres.
En aval du rapide du Pont Brisé se dressent de gigantesques pins blancs et pins rouges surplombant la bordure de cèdres plus près du rivage.
On y rencontre des huards, des canards, des becs-scie et des hérons. Dans la section inférieure, à l’endroit où le rapide Hollywood se jette dans le lac Témiscamingue, des balbuzards, des faucons émerillons et des faucons pèlerins ont été observés. Orignaux, chevreuils, ours et rats musqués ont été aperçus sur ses berges.
Cette rivière magnifique et presque limpide compte plusieurs séries de rapides ainsi qu’une chute de près de 27 mètres de hauteur.
Les amateurs des sports nautiques, notamment, les pagayeurs, découvrent la Kipawa en 1971. En effet, cette année-là, Jose Mediavilla et Joseph Jacob, deux canoéistes de Rouyn effectuent la première descente exploratoire de la rivière. À cette époque, il n’y avait pas encore de route menant au débarquement et la descente en bateau se terminait par un retour à pied de sept km vers la route principale.
Parmi les pionniers à parcourir la rivière, on compte notamment André Tessier, Pierre Guillemette, Normand Duhaine, Marc Ruel et Bernard Beland.
Jose Mediavilla continua à descendre la rivière. À partir de 1976, il utilisa la Kipawa pour y dispenser ses cours de certification en eau vive, sanctionnée par la Fédération québécoise de canoë-kayak d’eau vive.
En 1985, Jose fit découvrir la rivière à quelques pagayeurs de l’Ontario, ce qui fût le prélude à la naissance du Festival de la rivière Kipawa. Ce festival a été pendant des décennies, un moyen merveilleux de faire connaître la beauté de la rivière Kipawa et la magie de ses sautes d’humeur à des milliers de personnes. Traditionnellement, ce festival se déroule la troisième fin de semaine de juin. La beauté inégalée de la rivière, son rythme rapide et ensorceleur ainsi que ses paysages enchanteurs attirent des centaines de pagayeurs.
En 1998, Hydro Québec annonçait son intention de construire une mini-centrale hydroélectrique sur la rive québécoise du lac Témiscamingue. Hydro Québec désire donc creuser un canal jusqu’à deux petits lacs et construire un nouveau barrage entre Laniel et la ville de Témiscaming. Ce projet nécessiterait la construction d’environ cinq kilomètres de route, la reconstruction d’une portion de 1km de la route 101 ainsi que la construction d’un nouveau pont. Mais finalement Hydro Québec a retiré son projet Tabaret de détournement des eaux de la rivière.
La rivière Kipawa est assurément l’une des meilleures rivières pour pratiquer le kayak d’eau vive de niveau intermédiaire de l’Est du Canada. Elle est praticable peu importe le débit.
Le niveau de difficulté du parcours sur la rivière est de classe R II-R V (selon le débit). À son niveau le plus bas, les rapides ne dépassent pas le niveau R III, sauf le Dragon de Pete, les trois seuils centraux du rapide Hollywood (niveau technique élevé de classe R IV).
Notez que le barrage de régulation de débit situé sous le pont de la grande route à Laniel, a été reconstruit et n’est plus navigable.
Le rapide Rock and Roll est de classe R III-IV+ (selon le débit). Ce rapide est fréquemment portagé par les kayakistes qui n’aiment pas son aspect abrupt et rocailleux. La descente consiste à passer à droite du centre, immédiatement à gauche de deux petits rouleaux formés en réaction à un muret de pierre effleurant la surface de l’eau. La difficulté de ce rapide augmente avec l’augmentation du débit.
Le rapide Tumbling Dice est de classe R III, peu importe le débit : Après un virage en aval de Rock and Roll, la rivière se rétrécit, ce qui indique le début d’un long et facile rapide. Le deuxième seuil de ce rapide a une vague sur laquelle on peut surfer, surnommée The Two-Four Way. Le rapide continue après le virage en une série de vagues faciles pour aboutir à une section d’eau calme en bordure de la route 101.
Le rapide Buttonhook est de classe R III-IV+, selon le débit. Quand le niveau de l’eau est bas, ce rapide est l’endroit où on remarque le lit rocheux pour la première fois. Si le niveau est plus élevé, ce rapide devient l’endroit où on pourra goûter à la force et au caractère dynamique de la Kipawa.
Le rapide Three Blind Mice, de classe R III à tous les débits : trois petits seuils faciles à descendre. Il y a une petite vague où l’on peut s’amuser à gauche du deuxième seuil.
Le rapide Broken Bridge, classe III pour tous les débits. Il est possible de pratiquer de l’open-wave play à certains débits.
Le rapide Island Rapid, classe R III à tous les débits. Après le Pont Brisé, la Kipawa se divise autour d’une île. La branche de gauche est plus facile. La branche de droite est praticable à tous les niveaux, mais on y trouve des rochers quand le niveau est bas, ce qui requiert une attention particulière. La rivière se calme pour un moment après ce rapide.
Le rapide Log Jam Rapid, classe R III, peu importe le débit. Ce rapide est le début de la partie la plus abrupte de la Kipawa. Ne vous aventurez pas en amont de l’île de l’Embâcle. Descendez avec la veine centrale située sur le côté gauche de l’île. Situez-vous juste à droite du centre et demeurez-y.
Le rapide Zipper, de la classe R III-IV, selon le débit. Ce rapide est l’endroit où l’on retrouve la plus grande vague de la rivière. Un peu plus bas, après un petit virage, on retrouve un replat rocheux formant un rouleau du côté droit de la rivière et une vague du côté gauche. La vague forme parfois un rappel, mais elle est toujours praticable. La vague vous pousse vers la gauche, ce qui peut être dangereux parce que ce côté est très rocheux. Si la vague est très puissante, approchez-la vers la droite et vous vous en sortirez bien.
Le rapide Upper White Pine, classe R III à tous les débits Il s’agit d’une série de virages et de vagues où l’on trouve un petit et populaire endroit pour surfer.
Le rapide Lower White Pine, classe R III à tous les débits. Aussi connu sous le nom de Cattle Prod, cette chute courte et abrupte forme un seuil de presque deux mètres si le débit est bas. Vagues diagonales très agréables et beaucoup d’action.
Le rapide Picnic. Classe III-VI selon le débit Ce rapide doit son nom à la table de pique-nique installée sur le promontoire rocheux de la rive droite. C’est un trou qui barre la rivière sur toute sa largeur et qui est aisément franchissable mais peut rappeler pour des débits supérieurs à 70 m3/s.
La Grande Chute. N’y pensez même pas! Portagez à droite. C’est une cascade de trente mètres avec trois chutes R IV-V.
Les deux chutes suivantes n’ont jamais été descendues avant le 24 août 2001. Brent Cooper, Mike McCubbin et Ben Aylsworth ont résolu le mystère des Grandes Chutes à un débit extrêmement bas.
Le rapide Elbow Rapid, classe R III-IV+. Mettez-vous à l’eau en bas de la Grande Chute et vous êtes sur le rapide du Coude.
Le rapide Hollywood, classe R IV-VI, selon le débit. Ce rapide fut nommé ainsi en hommage aux cinéastes qui firent de cette propriété leur résidence d’été, il y a de cela bien longtemps. C’est une descente difficile en bateau et encore plus difficile à la nage. À faible débit, ce rapide peut être descendu du début à la fin. La section centrale fut appelée le Dragon de Pete après que Peter Karwacki l’eut descendue pour la première fois. Elle comporte essentiellement trois seuils très rapprochés. C’est une descente exigeante dans des eaux tourbillonnantes avec tellement de vagues surprenantes que l’on se demande d’où elles peuvent bien sortir.
Pour plus de détail, consultez le site web : kipawariver.ca.
Canton de Raisenne
De nombreux lacs de petites dimensions baignent ce canton situé à 25 km environ au sud-est de Témiscaming. Les plus importants d’entre eux se nomment Spearman, de la Tête d’Orignal, du Pin Rouge, Bryson et Cottentré; ils se déchargent tous vers l’ouest dans la rivière des Outaouais par la rivière Beauchesne. Ce nom qui apparaît sur la carte du Québec en 1946, possède un lien direct avec la région où il se trouve et rappelle la mémoire de sœur Raisenne, une religieuse des Sœurs de la Charité qui, de 1866 à 1896, a servi d’analyste à la nouvelle colonie du Témiscamingue fondée en 1862 par le père oblat Jean-Marie Pian. Venant du couvent d’Ottawa, elle était accompagnée d’une autre religieuse du nom de sœur Vincent. Le patronyme Raizenne (Raisenne) provient du nom de l’ancêtre de cette famille, Josiah Rising, un Anglais originaire de Suffield en Nouvelle-Angleterre, qui fut fait prisonnier par les Indiens et les Français lors du fameux sac de Deerfield, le 2 février 1694.
Chutes Matcimanito
Situées sur le territoire de la MRC de Témiscamingue, les chutes Matcimanito marquent le cours de la rivière Dumoine, à 6 km au sud-est du lac Dumoine. Le nom Matcimanito, d’origine algonquine, signifie « le diable », de « matci », mauvais, et « manito », esprit. Le toponyme recueilli lors d’une enquête sur les noms de lieux, en 1981, mais qui est sûrement antérieur, connaît quelques variantes graphiques, dont les plus usitées sont Matchimanito et Matchi-Manito.
Lac Saint-Cirque
Le lac Saint-Cirque, long de 2 km, se trouve au Témiscamingue, sur la ligne séparative des cantons d’Abertford et d’Eddy, à 3 km au nord de la rivière des Outaouais dans la ZEC Dumoine. Le nom de ce lac fut attribué en 1948, en souvenir du capitaine Jean-Louis de Jadon, écuyer, sieur de Saint-Cirque (Sircq ou Cyrque), tué dans la nuit du 1er août 1691 en défendant le fort de la Prairie de la Magdeleine attaqué par les troupes de Peter Schuyler. Il remplaçait alors le chevalier Louis-Hector de Callière, qui, malade, gardait le lit à l’intérieur du fort. Auparavant cette nappe d’eau était connue sous le nom de Lac Kennedy, nom que d’aucuns continuent à utiliser.

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