
Rivière et lac Musquaro et leurs environs
Lac Musquaro
Long de 4,3 km, large de 8 km et d’une superficie de près de 207 km carrés, cet élargissement majeur de la rivière du même nom possède une configuration pour le moins capricieuse et ce lac est parsemé d’îles et de presqu’îles de toutes dimensions.
Plusieurs de ses baies étonnent par leur profondeur essentiellement longitudinale. Celle de l’ouest ressemble plutôt à une croix. Situé sur la Côte-Nord, à environ 25 km au nord du hameau de Musquaro et du golfe du Saint-Laurent, ce lac reçoit ses eaux de quelques lacs et rivières dont le lad D’Auteuil, à l’ouest, qui paraît plutôt en être une extension.
Les auteurs font l’unanimité sur la traduction de Musquaro par “queue d’ours noir”. Les Montagnais utilisent d’ailleurs l’appellation Makhuanu Nipi ou “lac de la queue d’ours noir”. Le père Charles Arnaud signale qu’en remontant la rivière Musquaro, on rencontre une montagne qui a la forme d’un ours à qui rien ne manque “pas même la queue”.
En ce qui a trait incidemment à la rivière Musquaro, elle prend sa source à quelques kilomètres au sud-ouest de la rivière Olomane Ouest, serpente vers le sud sur une distance de près de 150 km, crée quelques lacs au passage et termine sa course dans le golfe du Saint-Laurent. Poissonneaux, ce cours d’eau présente également aux chasseurs un bassin riche en gibier à plumes et à fourrures. Les Français ont d’ailleurs construit un poste de traite, ves 1710, à l’embouchure de la Musquaro. Un autre comptoir l’aurait remplacé vers 1779 et il aurait cessé ses activités en 1925. Les Montagnais désignent aussi la rivière, ou des sections de celle-ci, par Kapitahkuiat Hipu, rivière longue et monotone à naviguer ou Mahkuanu Hipu, rivière de la queue d’ours noir. Quant aux N Naskapis, ils l’appellent Maskuanu Shipis, la petite rivière de queue d’ours noir.
On rencontre ce toponyme dans les documents du XVIIe siècle, mais écrit d’une autre façon. Par exemple, en 1685, J.-B.-L. Franquelin indique Mascourarou sur sa carte du fleuve Saint-Laurent. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, les façons d’écrire le toponyme se font nombreuses, mais la prononciation varie peu. Rouillard inventorie les formes suivantes : Muskwaro, Mascourau, Maskuaro, Masquaro et Musquaro. À ces graphies s’ajoutent celles de Maskouaro et de Musquarro.
Lac Musquanousse
Le lac Musquanousse est situé sur l’arrière-ligne des cantons de Bissot et de Lalande, sur la côte nord du golfe du Saint-Laurent, à environ 30 km au nord-ouest de la réserve indienne de La Romaine. La proximité du lac et de la rivière Musquaro est à l’origine de cette dénomination ; en effet, ce nom serait un terme montagnais qui est traduit par “queue d’ours noir”. Musquannousse viendrait de “mahkuanush”, un diminutif de “musquaro”, signifiant “petite queue d’ours noir. C’est l’arpenteur J.B.A. Gould qui a attribué ce nom en 1899 dans un rapport d’arpentage. Le lac s’étend sur une longueur de 19 km et sur une largeur de 4,7 km. Ses eaux poissonneuses se déchargent dans la rivière Musquanousse et forment plusieurs petits lacs sur son cours ; la rivière descend par des chutes et de nombreux rapides vers une large baie en forme de T. Qui communique par un étroit goulot avec le golfe.
Rivière Musquanousse
Alimentée par le lac portant le même nom, la rivière Musquanousse trace d’abord péniblement son chemin à la sortie de sa source à travers d’innombrables lacs ; elle coule ensuite sur une vingtaine de kilomètres avant d’atteindre les eaux du golfe du Saint-Laurent, à 10 km environ à l’est de la rivière Musquaro. De dimensions beaucoup plus modest que celle-ci, la rivière Musquanousse, plus ou moins ignorée dans les documents cartographiques, doit être apparentée à la rivière Musquaro, Eugène Rouillard dans “La côte nord du Saint-Laurent”, ouvrage publié en 1908, écrit : “La rivière Musquanousse appelée aussi Petit Musquarro”. L’appariement de ces deux rivières est déjà signalé par Louis Jolliet en 1694, lorsqu’il note qu’il “faut marquer l’ance et les Rivières mascoûarou et mascoûarouchouchis”. On croit voir dans ce dernier toponyme une désignation relative à la dimension du cours d’eau, littéralement “petite rivière de la queue d’ours noir”.
Canton Musquaro
Ce canton que recouvrent plusieurs centaines d’étangs et de petits lacs, fait partie de la municipalité de Côte-Nord-du-Golfe-Saint-Laurent, à 160 km à l’est de Havre-Saint-Pierre. Son territoire est arrosé par la rivière Musquaro, à l’embouchure de laquelle se trouve un hameau du même nom sur le site d’un ancien poste de traite établi dans cette région vers 1710. En 1780, le territoire est concédé à la Labrador Company of Québec qui la reconcéde en 1803 à la Compagnie du Nord-Ouest. La compagnie de la Baie d’Hudson, qui avait pris la relève en 1821, abandonnera définitivement le poste en 1925. Proclamé en 1869.
Hameau de Musquaro
Situé à 35 km à l’est de Natashquan sur la Basse-Côte-Nord, ce hameau est le site d’un poste de traite fortifié, établi vers 1710 à l’embouchure de la rivière portant le même nom. En 1780, le poste se trouvait sur le territoire concédé à la Labrador Company of Québec. Vingt-trois ans plus tard, la concession passait à la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1821.
Fermé pour un temps en 1859, le poste est resté occupé jusqu’en 1925. Cette stabilité du poste ne se retrouve pas nécessairement dans la graphie du toponyme. Louis Jolliet, en 1694, avait identifié le cours d’eau par Mascoûrou ce qui est conforme au nom qui paraît sur la carte de Jean-Baptiste Franquelin (1685), qui n’utilisait cependant pas le tréma.
En 1755 le sieur d’Anville emploie l’orthographe Nasquirou. Au XIXe et au début du XXe siècle, les variantes graphiques du toponyme se firent nombreuses. Eugène Rouillard en a inventorié au moins six, auxquelles s’ajoutent celles de Maskouaro, relevée par l’abbé J.-B-.A. Ferland en 1858, et Musquaro, qui était employée sur la carte générale de Gustave Rinfert en 1913. En outre, en 1979, fut recueillie la forme Mahkuanu. Ces différentes manières d’écrire le nom cachent la signification simple d’un toponyme stable, soit queue d’ours noir, qui, de façon métaphorique fait allusion au piémont de la montagne de Mascoûarou que Louis Jolliet avait dessinée et notée en 1694. Le gentilé Masquaronien, formé sur l’une des variantes graphiques, peut être relevé en 1846 dans une lettre du père Flavien Durocher à l’archevêque de Québec.

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