Rivière du Gouffre

Rivière du Gouffre dans la région de Charlevoix

Sinueuse, très accidentée en raison de ses nombreux rapides, cette rivière charlevoisienne, longue de 72 kilomètres, prend sa source dans une région baignée, dont le lac Pierre, le lac du Cœur et le lac du Gouffre, à environ 5 kilomètres à l’est du lac des Martres et 10 kilomètres à l’ouest de la rivière Malbaie.

Serpentant vers le sud-ouest, elle se jette dans le Saint-Laurent, en face de l’île aux Coudres, par la baie Saint-Paul. La ville de Baie-Saint-Paul s’étend, sur ses deux rives, près de son embouchure. Dans ses « Voyages » (1608), Samuel de Champlain précise qu’il y a une petite rivière que entre assez avant dedans les terres, que nous l’avons nommée la rivière du Gouffre, d’autant que la travers d’icelle la marée y court merveilleusement, si bien qu’il face calme, elle est toujours fort « esmeuë », y ayant grande profondeur.

Le tourbillon qui se forme au pied du cap aux Corbeaux, un peu à l’est de la rivière du Gouffre, débute à l’étale des marées et disparaît au plus fort de ces dernières.

Longtemps les navigateurs de Charlevoix ont eu à affronter ce phénomène, source de terreur, puisque leur départ se faisait justement à l’étale. Il en résultera de nombreux naufrages.

Le toponyme créé et bien expliqué par Champlain désigne justement ce courant tourbillonnaire.

Une hypothèse, non confirmé à l’histoire, veut que la rivière du Gouffre ait reçu ce nom à cause des glissements de terrain qui se produisent à l’occasion sur son parcours, surtout dans la région de Saint-Urbain. On a d’ailleurs dû ériger plusieurs murs de soutènement le long de ses rives car elle connaît, chaque printemps, d’importantes crues. Le toponyme Rivière du Gouffre se retrouve notamment dans l’acte de concession, effectué le 15 janvier 1636, de la seigneurie de la Côte-de-Beaupré, à Antoine Cheffault de la Renardière ou Regnardière par la Compagnie des Cent-Associés, et sur une carte de Duchesneau de 1678. On en relève aussi la mention à plusieurs reprises dans un aveu et dénombrement de 1732. Champlain avait indiqué la baie du Gouffre – maintenant Baie-Saint-Paul – mais non la rivière du Gouffre est appelée Rivière du Nord-Est sur la carte d’Ignace Plamondon de 1735.

Un document cartographique anonyme également de 1735, signale la rivière du Nord-Est ou de la Mine.

Cap aux Corbeaux

Cap de 335 mètres de hauteur constituant l’extrémité oriental de l’entrée de la baie Saint-Paul, en face de l’île aux Coudres, et faisant partie du territoire de rivière du Gouffre, dans la région de Charlevoix. Ce très ancien toponyme, qui s’applique également à un hameau et à un rang du secteur, désigne, par extension, tout le rebord du plateau délimitant à l’est la basse vallée du Gouffre, la baie proprement dite et une petite portion du littoral fluvial. Son utilisation remonte au début de la colonisation de Baie-Saint-Paul puisque Cap aux Corbeaux figure sur la carte de Chaussegros de Léry en 1739.

Ce toponyme tire son origine de la présence de corbeaux sur ce cap. Si l’on en croit l’abbé Henri-Raymond Casgrain, les croassements de ces oiseaux auraient hanté l’imagination des navigateurs qui se voyaient naufragés et dévorés par ces corbeaux noirs ou gris évoquant le malheur.

Cap du Diable

Rattaché au territoire de Rivière-du-Gouffre, dans la région de Charlevoix, ce cap boisé haut de quelque 365 mètres surplombe la batture nord du Saint-Laurent, en aval du cap aux Corbeaux, en face de l’île aux Coudrex. L’origine du nom est imprécise. D’après certains, il aurait été attribué par les employés qui ont construit le chemin de fer parce qu’ils entendaient des cris de hiboux cachés dans les bois.

Selon d’autres, ce toponyme qui évoque la peur ou le malheur serait apparu dans l’usage populaire dès les débuts de la colonisation de cette région, vers la fin du XVIIe siècle. Alexis Mailloux, dans « Promenade autour de l’île aux Coudres » (1880), explique ainsi son origine : « Vous allez apercevoir le Cap au Diable, dont la cime, couverte de sombres sapins, doit offrir une retraite chérie à cet esprit noir et ténébreux. Je serais assez porté à croire que ce nom lui a été donné par les premiers habitants chrétiens de ce pays pour rappeler les souvenirs qu’avant la découverte du Canada les diables y tenaient leurs grandes assemblées, ou que l’ombre de sa noire couverture a dû servir de prison spéciale à quelques mauvais démons dont Lucifer ne pouvait dompter l’insubordination.

On connaît aussi le cap au Diable sous le nom de Cap de la Lumière. Il est plausible que cette désignation ait été inspirée par un repère lumineux utilisé pour la navigation, car c’est un capitaine qui a révélé l’existence de ce nom. Le toponyme Cap au Diable a paru sur la carte cadastrale du comté de Charlevoix publiée en 1926 par le ministère des Terres et Forêts. Diable se retrouve à de nombreux exemplaires dans la toponymie du Québec, notamment dans les régions de Bellechasse, de Kamouraska et des Îles-de-la-Madeleine.

TNO Rivière-du-Gouffre

Deux explications principales sont avancées pour justifier le nom de ce territoire de la région de Charlevoix, bordée à l’est par Les Éboulements et à l’ouest par la rivière du Gouffre, et voisine de Baie-Saint-Paul.

On croit que la dénomination Gouffre, qui a également servi à identifier une seigneurie jadis, désigne la spirale que le courant de la rivière forme à l’endroit où celle-ci se déverse dans le fleuve.

Déjà Champlain avait mentionné le cours d’eau qu’il a nommé et ses dangers en 1608, car ce tourbillon marin se révélait souvent catastrophique pour les navires qui s’abimaient dans le gouffre dans le gouffre ainsi formé. D’ailleurs Léo Simard, dans sa « Petite histoire de Charlevoix », fera observer que la rivière « possède des fosses et des rapides assez nombreux, particulièrement où elle passe à une dizaine de milles au sud de Notre-Dame-des-Monts ».

Certains commentateurs estiment, probablement à tort, que des glissements de terrain survenus le long de la rivière du Gouffre constitueraient un meilleur argument explicatifs. Ainsi, anciennement on aurait pu observer un tel phénomène, la rivière engouffrant l’une de ses rives argileuses. Quoi qu’il en soit, cette appellation, comme celle des Éboulements tout près, provoque un rapprochement spontané avec quelques cataclysmes mystérieux. La municipalité de Rivière-du-Gouffre a été officiellement établie le 20 juillet 1921.

Hameau Cap-aux-Corbeaux

Hameau de la municipalité charlevoisiene de Rivière-du-Gouffre, Cap-aux-Corbeaux s’étend sur près de 2,5 km au-dessus d’un cap qui constitue l’extrémité orientale de l’entrée de la baie Saint-Paul et dont il tire son nom. On y accède facilement par la route 362 reliant, le long du fleuve, les villes de Baie-Saint-Paul et de La Malbaie Du haut de ce promontoire qui s’élève à plus de 300 mètres, un site panoramique offre une vue plongeante et imprenable de la baie et permet d’admirer à loisir le paysage environnant. L’utilisation de ce toponyme remonte aux premiers établissements à Baie-Saint-Paul. Par exemple, il figure sur la carte de Chaussegros de Léry intitulée « 1739 carte de la Baye St-Paul située à 18 lieues au dessous de Québec à la côte Nord du fleuve St. Laurent ».

Le cap tire son nom de la présence de nombreux corbeaux dont les croassements répétés tourmentaient l’imaginaire des navigateurs. Leurs cris, tel un appel, évoquaient des scènes de naufrage et d’oiseaux de proie dévorant les victimes. Qui plus est, de forts courants agitant les eaux au pied du cap ont depuis toujours rendu la navigation périlleuse, comme un témoigne cette appellation évocatrice, Le Gouffre, attribuée à une anse située immédiatement en aval. Au XIXe siècle, les habitants de la région croyaient même que le cap, fréquemment enveloppé d’épais nuages, était devenu le repaire des démons, d’où l’origine de l’appellation Cap au Diable, attribuée à un autre cap du même secteur.

Cap aux Rets

Le cap aux Rets, important promontoire, s’avance sur la rive est de la baie Saint-Paul, entre la pointe extrême du cap aux Corbeaux et le fond de la baie. La plus ancienne mention de ce toponyme remonte à 1739, année où plan de l’ingénieur français Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry indique Cap à la Raye. Cette dénomination a connu diverses transformations, orthographiques et phonétiques : des sources cartographiques mentionnent Cap aux Rex (vers 1830), Cap à la Baie (1831), Cap aux Retz (1881), Cap à la Page (1927) et Cap au Retz (1929). La forme actuelle, Cap aux Rets, s’est progressivement imposée depuis 1881. Ce toponyme évoque les pièges à poisson appelés « rets », dont les pêcheurs se servaient autrefois.

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Rivière du Gouffre à Baie-Saint-Paul. Source de la photographie :  commons.wikimedia.org/wiki/File:Riviere_Gouffre.JPG Auteur : Stéphane Batigne.
Rivière du Gouffre à Baie-Saint-Paul. Source de la photographie :  commons.wikimedia.org/wiki/File:Riviere_Gouffre.JPG Auteur : Stéphane Batigne.

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