Rivière Ashuapmushuan

Rivière Ashuapmushuan

La source principale de la rivière Ashuapmushuan est le lac du même nom, dont les dimensions sont de 14 kilomètres de longueur et de 2,3 kilomètres de largeur. Des marchands de fourrures français fondèrent près de ce lac, en 1685, un poste de traite qui demeura presque toujours en activité jusqu’au milieu du XIXe siècle. L’établissement commercial releva successivement de la Traite de Tadoussac (Régime français), des Postes du Roi (Régime anglais), de la Compagnie du Nord-Ouest (1802) et de la Compagnie de la Baie d’Hudson (1821). Le nom Lac Chomoncouane fait son apparition sur les cartes du père Laure : sur sa carte préliminaire, puis sur celles de 1731 et 1732 (avec ou sans l’e final).

Ashuapmushuan est un mot montagnais signifiant endroit où l’on guette l’original. La rivière Ashuapmushuan se déverse dans le lac Saint-Jean, à la hauteur de Saint-Félicien, après une course de plus de 200 kilomètres. En 1672, le père Charlesw Albanel l’utilise pour entreprendre son voyage à la baie d’Hudson. Il ne sera pas le seul puisqu’elle servira, pendant longtemps, aux marchands et aux coureurs de bois pour atteindre une région riche en animaux à fourrure. Les Français établissent d’ailleurs un poste de traite à son embouchure dès lafin du XVIIe siècle. Les premiers explorateurs et cartographes semblent identifier l’Ashuapmushuan, ou au moins une partie de la rivière, par l’appellation Necouba, une des variantes de Nicabau.

Ce nom apparaît, par exemple, sur les cartes de Louis Jolliet, en 1679, de Jean-Baptiste-Louis Franquelin (1686) et de Guillaume Delisle (1703). L’arpenteur Normandin, en 1732, considère qu’il s’agit d’une erreur. Son véritable nom, selon lui, est Chomotchouane « parce que le premier Lac qu’elle décharge se nomme Chmontch8ane ». Necoubeau désigne plutôt la rivière qui « vient tomber dans le Lac de Chomontch8ane ». En 1917, la Commission de géographie adopte Chamouchouane, le toponyme de Normandin dont l’orthographe a été modernisée, de préférence à Ashuapmushuan et aux différentes graphies utilisées à l’époque. Ce dernier nom revient sur les documents officiels en 1984. De nous jours, la rivière Ashuapmushuan représente la frayère privilégiée de la ouananiche, poisson que l’on trouve surtout dans le lac Saint-Jean.

La Ashuapmushuan – une échappée belle

Le 7 février 2003, les Jeannois poussaient un soupir de soulagement parce qu’Hydro-Québec renonçait définitivement au développement hydroélectrique de la rivière Ashuapmushuan, l’un des affluents protégés du lac Saint-Jean. Peu avant, le gouvernement québécois avait adopté le décret conférant le statut de « réserve aquatique » à un joyau naturel qu’ils entendaient conserver intact dans son écrin vert. La société d’État s’entêtait à mesurer le potentiel de l’Ashuapmushuan depuis le début des années 1980, malgré l’opposition des défenseurs du cours d’eau et des deux tiers de la population concernée. Pourquoi sauvegarder à tout prix une petite rivière au nom quasi imprononçable ? Les uns vantèrent sa beauté du diable, d’autres souhaitaient protéger les dernières frayères de la ouananiche, cousine dulcicole du saumon atlantique; le décret fut applaudi par tous.

La rivière Ashuapmushuan traverse la réserve faunique éponyme, au nord du lac Saint-Jean, dans un décor de collines et de terres basses. Faut-il attribuer au hasard ou au caprice un nom qui embarrasse la langue des non-initiés, alors qu’il signifie « là où on observe l’orignal » en langue montagnaise ? Fort prisée par les adeptes du canotage et du canot-camping, la rivière donne accès à plusieurs tournées inattendus du décor. L’une des sections les plus spectaculaires du parcours est sans contredit la chute de la Chaudière bouillonnante entre les rochers et crachant sa furie dans un grondement de bête sauvage. Une force de la nature que l’on approche béat d’admiration, à bord d’un rabaska mené de main de maître par un guide innu. Sensations fortes garanties! Mais aussi des moments de grande quiétude. Un détour enchanteur que la lutte pour la préservation de l’Ashuapmushuan justifie largement. Un reportage du National Geographic de 1939 ne louange-t-il pas le secteur de la rivière qui vient folâtrer aux abords de Saint-Félicien ? Preuve que cette rivière a dévoilé se charmes depuis belle lurette et qu’elle l’a « échappé belle » en 2003.

Belle c’est l’évidence même, et utile à sa façon : en effet, l’Ashuapmushuan constitue l’un des habitats les plus importants pour la reproduction de la ouananiche. On estime que 70 à 90% de la production d’ounaniches du lac Saint-Jean provient de cet affluent. Par ailleurs, le doré jaune, le grand brochet, la perchaude, les meuniers noir ou rouge, la lotte, le poulamon atlantique, le grand corégone, l’éperlan arc-en-ciel et le cisco de lac fréquentent fidèlement les eaux de l’Ashuapmushuan.

Canton de Drapeau

Le canon de Drapeau, situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest du lac Saint-Jean, est irrigué par la rivière aux Saumons dont le parcours ouest, coupé par la ligne sud du canton, remonte à l’est pour ensuite se diriger vers la rivière Ashuapmushuan. La rivière aux Saumons draine plusieurs ruisseaux et quelques étendues d’eau, tels les lacs à l’Ours, Clairvaux, Clair et à Côté dont les rives sont partiellement habitées.

Ce canton doit son nom, adopté en 1954, à Jean-Baptiste-Stanislas Drapeau (1821-1893), né à Québec dans la paroisse de Saint-Roch, typographe, journaliste, éditeur, auteur et ardent défenseur de la colonisation. Son activité intense l’amena à fonder plusieurs journaux et revues qui eurent tous une vie éphémère, notamment « Le Ménestrel » (1844), revue musicale qui remplaçait le journal « L’Aristan », fondé l’année précédente. Dès 1844, il publiait le Manuel ou règlement de la Société de température dédié à la jeunesse canadienne, de Charles Chiniquy, qui eut un retentissant succès.

En 1876, il fondait Le Foyer domestique, revue à la fois littéraire, historique, scientifique, artistique et agricole, devenue deux ans plus tard L’Album des familles, puis la Lyre d’or en 1888, publication d’excellente tenue pour cette époque. Fondateur de la Société de colonisation en 1856, Drapeau devient, en 1859, agent de colonisation pour le Bas-Canada et se fait le promoteur de sociétés de secours, dont la devise est « Religion et Patrie », afin de venir en aide aux défricheurs. De ses ouvrages, le plus important s’intitule « Études sur les développements de la colonisation du Bas-Canada depuis dix ans : (1851-1861) », un volume de 593 pages publié avec cartes en 1863 par Léger Brousseau, à Québec. Cet ouvrage complète admirablement bien les dictionnaires topographiques de Joseph Bouchette publiés en 1815 et 1832, en traçant un utile portrait d’ensemble du Québec juste avant la Confédération.

Canton de Desgly

Le canton de Desgly, désigné Desglis peu avant 1921 et repris sous la forme D’Esglis, est situé à l’est et près de la route qui relie Saint-Félicien à Chibougamau, à mi-chemin entre ces deux villes.

Le lac Desgly et de nombreuses petites étendues d’eau parsèment la plus grande partie de cet espace arrosé par les premiers kilomètres de la rivière Ashuapmushuan. Les plus hauts sommets atteignent environ 500 m. Ce nom rend hommage à Louis-Philippe Mariauchau d’Esgly – qui signait Desglys – huitième évêque de Québec (17010-1788), premier Canadien de naissance élevé à la dignité épiscopale, en 1772, deux ans après avoir été choisi coadjuteur par monseigneur Jean-Olivier Briand.

Il avait été nommé curé de Saint-Pierre (île d’Orléans) en 1734, l’année de son ordination à la prêtrise, et, comme il aimait cette paroisse, il y demeura comme coadjuteur et y administra son évêché, de 1785 1788, alors qu’il était évêque. Il n’avait occupé les locaux de l’évêché de Québec que pendant l’année 1784-1785. Ses restes ont été transférés dans la crypte de la basilique de Québec en 1969.

Lac La Bruère

Ce lac arrose le canton du même nom, d’où il tire sans doute son appellation, ainsi que celui de Laflamme. Il est situé à la source de la rivière Wabano, laquelle alimente le Saint-Maurice. Le lac La Bruère présente une forme effilée de 11 km de long, où plusieurs presqu’îles balisent des passes étroites. On a noté la forme Lac Labruère sur des cartes à partir de 1926 et La Bruère après 1951, mais le nom Lac Cyprès a laissé aussi sa marque antérieurement, car ce dernier toponyme figure sur un plan de 1914 ; on l’a ensuite appliqué à un lac voisin. Un hameau sis au sud du lac La Bruère est désigné sous le nom de Lac-Cyprès. Un dépôt forestier y a été aménagé, il y a quelques décennies ; des chemins sillonnent d’ailleurs la forêt environnante. Le Maskoutain Pierre Boucher de La Bruère (1837-1917), fils de Pierre Boucher de La Bruère, ici honoré, était un homme politique qui s’est illustré surtout dans le domaine de l’éducation.

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Les chutes à Michel sur la rivière Ashuapmushuan, Saint-Félicien. Auteur : Clou, source de l’image: upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/97/Chutes_%C3%A0_Michel.jpg.

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