Rapides, saults, remous

Rapides, saults, remous au Québec

Remous : un cours forme un remous quand il s’agite en créant des tourbillons.

Rapides de Cap-Saint-Jacques

Les rapides de Cap-Saint-Jacques, appelés aussi Rapides Saint-Jacques, d’une longueur approximative de 1,5 km, se situent là où le lac des Deux Montagnes devient la rivière des Prairies, entre Pierrefonds et la pointe sud-ouest de l’île Bizard. On ne connaît pas vraiment l’origine du nom Cap Saint-Jacques, mais on sait qu’il était déjà en usage en 1731 puisqu’il est utilisé dans l’aveu et dénombrement de l’île de Montréal pour désigner ce vaste terrain, alors non concédé. Tout au plus peut-on avancer l’hypothèse que cette appellation rappelle Jacques Bizard (1642-1692) à qui fut concédée en 1678 l’île qui devait porter plus tard son nom. Le parc régional du Cap-Saint-Jacques, le plus grand de la communauté urbaine de Montréal avec ses 342 hectares, est sis de part et d’autre de la rivière des Prairies.

Les Murailles

Les Murailles sont des rapides à Havre-Saint-Pierre, sur la Basse-Côte-Nord.

Les Bouillons-Blancs et Course de Chevaux

Les Bouillons-Blancs et Course de chevaux sont respectivement des rapides sur la rivière Blanche à Saint-Ulric près de Matane, sur la route 132 en Gaspésie et à Harrington, sur la route 327 dans la MRC d’Argenteuil.

Rapide-Danseur

Rapide-Danseur, sur la route 388, au sud du lac Abitibi, a une origine similaire. Son église, faite de pierres des champs, a été convertie en musée.

Chute Montmorency et Sault au Matelot

La vieille capitale possède deux entités sous le vocable de « sault ». À Beauport, la chute Montmorency avait inscrit « grand sault Montmorency » sur une carte en 1613. L’avenue du Sault a emprunté ce nom. Aujourd’hui, l’expression de Sault est encore en usage dans les environs. Au XVIIe siècle, un petit cours d’eau dévalait la falaise au pied de la côte de la Canoterie dans le Vieux-Québec : c’était le saut au Matelot, qui a aussi donné son nom à la rivière et à une rue. Qui était ce matelot ? Nul ne le sait avec certitude ; des rumeurs non fondées parlent d’un certain Guillaume Couillard de Lespinay (1591-1663) qui aurait exercé de métier.

Sault à la Puce

Plus à l’est, sur la Côte-de-Beaupré, la rivière du Sault à la Puce prend sa source dans un lacs du même nom. Elle coule par une série de cascades avant d’atteindre le Saint-Laurent à la hauteur de Château-Richer, une douzaine de kilomètres plus loin. Dans son livre Noms géographiques de la province de Québec, paru en 1906, Pierre-Georges Roy a noté : « Sault à la Puce (Montmorency). Le 2 mai 164-. Adrien d’Abancour dit la Caille et Etienne Sevestre partirent de Québec pour aller chasser dans les îles. Les vents ayant été fort impétueux, ils se noyèrent ». Au fil des années, on a vu les graphies « à la Pusse » et « à La Pulce ». Dans les années 1940, une scierie y a été active.

Sault aux Cochons

Plus à l’est encore sur la Côte-Nord, existent deux cours d’eau remarquables : la rivière du Sault aux Cochons et la rivière du Sault au Mouton. Au cœur du village du même nom, ce cours d’eau se transforme en une chute de 24 mètres de hauteur avant de se terminer dans la baie de Mille-Vaches. Pour cette raison, certains disent la rivière de Mille-Vaches. Autrefois, les riverains du fleuve donnaient le nom de « cochons de mer » aux bélugas et aux marsouins. La rivière du Sault aux Cochons coule sur près de 160 kilomètres, puis se déverse dans le fleuve à Forestville, sur la route 138.

Petit Sault

Dans le Bas-Saint-Laurent, la rivière du Petit Sault coule dans la municipalité de Saint-Éloi où a vu le jour, en 1892, Adélard Godbout, ancien premier ministre du Québec. Elle va rejoindre le fleuve devant l’île aux Pommes, non loin de L’Île-Verte. Dans le Centre-du-Québec, la municipalité de Sainte-Brigitte-des-Saults (sur la route 256, autoroute 20) – qui doit son nom à sainte Brigitte de Suède, canonisée en 1391 et renommée par ses prophéties et ses révélations mystiques – a grandi au bord des rivières des Saults et Nicolet.

Remous Grand-Remous

À la rencontre des routes 105 et 117, la rivière Gatineau est marquée d’un fort remous qui a donné son nom à un village qui s’est d’abord nommé Sicotte. L’appellation Grand-Remous a été officialisée en 1933. Bien avant, les Attikameks avaient nommé l’endroit Obémiticwang, « eux agitées », « grands remous ». Sur le chemin de la pointe à David, on peut voir, dans les broussailles, quelques croix anonymes du cimetière de l’ancien village de Baskatong, disparu avec l’aménagement du réservoir du même nom.

La partie nord de Sainte Angèle-de-Mérici, dans la région de la Mitis, à l’entrée de la Gaspésie, est familièrement appelée le Grand Remous. À une centaine de kilomètres au nord-ouest de Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, la rivière du Remous s’écoule du lac De la Blanche (ainsi nommé en l’honneur de l’éminent géographe français) vers le réservoir Outardes 4, après avoir traversé les lacs Carteret et du Remous.

Sault aux Récollets

Ahuntsic est un quartier de Montréal au bord de la rivière des Prairies. Le médecin et écrivain Joseph-Charles Taché (1820-1894) a laissé ce récit, « Le père Récollet et Ahuntsic », paru en 2015 : « Si nous savons que Nicolas Viel, né à Coutances, en Normandie, arrive en Nouvelle-France vers 1623 et se rend rapidement en Huronie, l’histoire est un peu plus floue pour ce qui est de l’origine d’Ahuntsic. À ce moment, on prétend qu’il est un Huron francisé, mais on apprendra plus tard qu’il est véritablement français et adopte le mode de vie huron-wendat, les locaux l’appellent Auhautsique voulant dire en langue wandat : frétillant, petit. Le jeune homme arrive en 1619, passera deux hivers à Québec avant de joindre le Père Viel pour sa mission vers les Grands Lacs.

Les Indiens ont l’habitude de ne jamais asseoir plus d’un seul Européen par canot, pourtant, selon les écrits, cinq hommes, trois locaux et nos deux comparses se lancent dans le rapide, l’eau frappe hardiment les côtes de l’embarcation, ce dernier rebondit dans les remous, le visage des trois Indiens s’assombrissent et leurs voix se taisent, c’est à ce moment qu’ils chavirent au dernier saut peu avant l’île de la Visitation. Le père récollet et son apprenti ne remonteront jamais à la surface vivants, ils ne se rendront jamais à Québec, leur sort en est jeté. Les corps furent retrouvés quelques jours plus tard et inhumés à Québec.

Rapide du Chef

Le rapide du Chef agite, à 35 km à l’est de la ville abitibienne de Val-d’Or, les eaux de la rivière Marquis, nommée par les Algonquins Obikickikak Okitadjiwan Sibi qui, sur 2,5 km, relie les lacs Guéguen et Simon. Là-bas se situe d’ailleurs la réserve indienne algonquine de Lac-Simon. C’est en souvenir du chef algonquin Chambrasi Papatie, décédé en 1936 à l’âge de 106 ans, que cette appellation a été attribuée, en 1982.

Rapides des Crans Serrés

Les rapides des Crans Serrés, toponyme relevé en 1960, agitent les eaux de la rivière Portneuf, dans la MRC de La Haute-Côte-Nord, à environ 20 km en amont de son embouchure dans le fleuve. Ils sont situés dans une zone au relief particulièrement accidenté de la municipalité de Saint-Paul-du-Nord. L’origine de l’appellation Crans Serrés proviendrait d’ailleurs du fait qu’à cet endroit la rivière coule dans un défilé d’une centaine de mètres, entre deux parois rocheuses qui la surplombent d’environ 75 mètres.

Rapides du Joug aux Bœufs

Les rapides du Joug aux Bœufs se situent sur le parcours de la rivière Mattawin, dans la région de Lanaudière, à 8 km en aval du barrage Mattawin qui retient les eaux du réservoir Taureau, juste au nord-est de Saint-Michel-des-Saints. On raconte que les passeurs avaient l’habitude d’atteler les bœufs avec des jougs, pièces de bois que l’on plaçait sur leur tête, avant de leur faire traverser la rivière Mattawin. En effet, à proximité des rapides, il est parfois possible du toponyme. Tributaire de la rivière Saint-Maurice, la Mattawin marque la limite entre la ZEC du Chapeau-de-Paille et la réserve faunique Mastigouche. Variante : Rapide Oxbow.

Rapides de Lachine

Obstacle très difficile à franchir, ces rapides du Saint-Laurent, qui présentent une dénivellation de 13 mètres, s’étendent sur une longueur de 3 kilomètres. Ils sont situés à la hauteur des villes de Lachine et LaSalle sur la rive nord du fleuve et de la réserve mohawk de Kahnawake, sur la rive sud. En 1535, ces rapides avaient empêché Jacques Cartier d’aller plus avant sur le Saint-Laurent. Il note : « il y a un sault d’eau, le plus impétueux qu’il soit possible de voir lequel ne nous fut possible de passer ». Samuel de Champlain, qui fait également une description détaillée de ces rapides, les appelle Grand Sault et Grand Sault Saint-Louis en 1611 parce qu’un Français s’y noya. Ils n’auraient donc pas été dénommés en l’honneur de Louis XIII, roi de France. « Ce pauvre Louis », note Champlain, « qui était au sieur de Mons qui se savait nager étant au fond de l’eau mourut misérablement ». Le nom de Sault Saint-Louis, pour déterminer ces rapides, paraît sur des cartes du XVIIe au XIXe siècle : Jean Deshayes (1695), Nicolas Bellin (1744), Joseph Bouchette (1815), qui parle constamment du « rapide de St.Louis », et William Sax (1829), par exemple, emploient cette dénomination. L’appellation actuelle s’est imposée vers 1850. Stanislas Drapeau écrit en 1863 : « … à la tête des rapides de Lachine, les plus dangereux de tous ceux du Saint-Laurent. »

Rapides de Mahkunutshiat

Une série de brusques dénivellations, se succédant sur près de 4 km, marquent le cours de la rivière Natashquan. Elles ont été relevées en 1979 sous le nom de Mahkunutshiat, d’origine montagnaise, signifiant « l’ours noir va à la pêche ».

Cascades Malignes

Situées dans le territoire non organisé du même nom, dans l’Outaouais, les cascades Malignes constituent une succession de chutes dans le réservoir Baskatong et forme la limite est de la réserve faunique La Vérendrye. Les draveurs qui descendent cette rivière l’avaient surnommée La Maline (pour « maligne ») parce que son parcours cachait plusieurs obstacles. On désigne également les cascades Malignes sous le nom de Rapide Malin.

Rapides Ouchougan

Succession de rapides sur la rivière Sainte-Marguerite, cours d’eau qui se déverse à 175 km plus au sud dans le Saint-Laurent, à quelques kilomètres à l’ouest de Sept-Îles. À l’intérieur de la zone des rapides, on observe plusieurs îles dont certaines sont assez imposantes. Aux limites nord et sud, le portage donnent accès à des lacs : au sud, le portage Enakatshut Anik Shemitapit, qui signifie, en montagnais, le crapaud qui a de la difficulté à se tenir debout, et au nord, le portage Ushukan, dont le sens est « hanche » mais qui est aussi employé comme patronyme montagnais. La forme Rapides Ouchouagan que l’on retrouve déjà en 1934 sur une carte de la région constitue sans doute l’adaptation française du mot ushukan que l’on connaît aujourd’hui. Les rapides sont aussi désignés par les Montagnais sous l’appellation Kakashnamassetshut, « rapides avec beaucoup de rochers et de grandes vagues ».

Rapides Pipestone

Sis au nord de la région abitibienne, les rapides Pipestone, déjà connus sous ce nom en 1937, troublent le cours de la rivière Bell à 7 km au sud-ouest de Lebel-sur-Quévillon. Terme de la langue anglaise signifiant « pierre à pipe, pipestone » identifie une pierre argileuse rose ou tachetée de rose et de blanc, appelée catlinite. Jadis, les Amérindiens la sculptaient pour en faire des pipes et il est possible qu’ils aient pu trouver cette pierre à proximité des rapides.

Rapides du Cheval Blanc

Les rapides du Cheval Blanc obstruent la rivière des Prairies à la hauteur de Pierrefonds et de Sainte-Dorothée, à Laval. Deux légendes seraient à l’origine de ce toponyme. Une première raconte qu’un cheval blanc aurait sauté du traversier de l’île Bizard, alors à la dérive près de ces rapides, et s’en serait tiré. La seconde veut qu’un cheval blanc ayant transporté les matériaux pour la construction de l’église du Sault-au-Récollet ait sauté par-dessus bord d’une embarcation au milieu des rapides. Il est par ailleurs intéressant de noter que deux autres rapides, l’un près de Sainte-Thérèse-de-la-Gatineau et l’autre près de Mont-Laurier, portent également ce nom. Cela permet de croire que ce toponyme serait plutôt d’origine métaphorique et qu’il aurait été inspiré par le bouillonnement et l’impétuosité des rapides que l’on a comparés à un cheval blanc. Variante : Rapides White Horse.

Rapide de l’Orignal

Le rapide de l’Orignal se situe dans la rivière du Lièvre, dans la région des Laurentides, en plein cœur de la ville de Mont-Laurier. Le motif d’attribution de ce toponyme proviendrait d’une légende amérindienne qui raconte qu’un superbe orignal, traqué par des chasseurs, aurait franchi d’un seul bond les rapides. L’arrivée des premiers colons à proximité des rapides, le 19 août 1885, marque en quelque sorte la fondation de Rapide-de-l’Orignal, village qui obtiendra le statut de municipalité de village depuis 1919. Les deux villages réunis constituèrent la ville de Mont-Laurier en 1915.

Chutes Kakahtshekaut

D’une hauteur totale de 27 m, les chutes Kakahtshekaut, toponyme dont l’usage est attesté en 1927, se trouvent sur le cours de la rivière Manitou à 7 km au nord du havre de Mingan, dans la municipalité de Havre-Saint-Pierre. Les chutes ont été nommées par des Montagnais qui vivent en grand nombre dans ce secteur de la Côte-Nord. Toponyme descriptif, Kakahtschekaut signifie « là où l’eau tombe à pic ».

Rapides de Hells Gate

Les rapides Hells Gate ou porte de l’enfer, se trouvent dans la réserve faunique La Vérendrye, à l’est du réservoir Cabonga et à la limite de la zec Petawaga. Les rapides s’agitent dans un rétrécissement de la rivière Gens de Terre, entre deux parois rocheuses, à 2 km au nord des rapides Noyés. Le relief accidenté et la proximité d’autres rapides où des personnes auraient trouvé la mort expliqueraient l’origine du toponyme Hells Gate, qui annonce un parcours éminemment périlleux. Ce nom de lieu a paru sur les cartes en 1965. Il avait été extrait d’un plan de la compagnie Canadian International Paper de 1953.

Rapides Lalemant

Les rapides Lalemant sont situés à l’ouest de Montréal, sur la rivière des Prairies, entre Laval et l’île Bizard. Le père Antoine Dalmas les évoque dès 1674, sans les nommer toutefois. Ce toponyme peut rappeler le souvenir d’un des trois pères jésuites, nommés Charles (1587-1674), Jérôme (1593-1673) de même que Gabriel (1610-1649), leur neveu, venus en Nouvelle-France au XVIIe siècle. Les rapides Lalemant ont été connus sous d’autres noms : Dutchman Rapids, ainsi que l’ont inscrit les cartographes anglais sur une carte de 1763 ; Rapides du Hollandais, parce qu’un moulin se serait effondré dans la rivière, emportant avec lui le meunier, un Hollandais ; Rapides du Moulin, car le moulin était construit à cet endroit, ou encore Rapides des Crochets, en raison de l’amoncellement des débris de bois ou autres obstacles s’y trouvant.

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Rapides à Sainte-Dorothée à Laval, sur la rivière des Prairies. Photographie de Megan Jorgensen.
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