Lac Salé de la Côte-Nord et ses environs
Située à 28 kilomètres au nord-est de la réserve indienne de La Romaine, cette nappe d’eau saumâtre de la Côte-Nord est alimentée par la rivière Coacoachou, exutoire du lac du même nom, et elle se déverse dans la baie nommée également Coacoachou, un rentrant du golfe du Saint-Laurent. Épousant vaguement la forme d’un triangle inversé dont la hauteur mesure 7 km et la base 5 km, le lac Salé s’étend sur 14 km2 de superficie. Une carte de 1913 du département des Terres et Forêts intitulée La Côte Nord du golfe Saint-Laurent indique son nom de Lac Salé. Ce toponyme paraît au Répertoire géographique du Québec (1969). Les Montagnais de Natashquan désignent sous le nom de Kuekuatsheunakapiu Nipia l’ensemble formé par le lac Salé et le lac Coacoachou ; cette dénomination signifie « lacs de l’ancien site de campement du carcajou ».
Les Montagnais de la Romaine ont quant à eux un nom particulier pour le lac Salé : Atauinipeku Nipi, c’est-à-dire « lac ou la mer vient ici ». Le nom français est celui possédant donc une source d’inspiration géographique commune.
Outre le lac Salé, la nomenclature géographique officielle du Québec, compte onze lacs Salé, cinq Petit lac Salé et deux Grand lac Salé. On retrouve également une désignation collective : Petits lacs Salés. Étant donné qu’un lac constitue une nappe d’eau douce entourée de terre, ces entités hydrographiques saumâtres ne forment pas de lacs à proprement parler. Certaines d’entre elles bien que porteuses de l’étiquette toponymique Lac Salé, dont celui-ci, voient les marées du golfe et de l’estuaire les envahir chaque jour ; pour d’autres, l’ennoyage n’a lieu qu’aux plus grandes marées de l’année.
Canton de Peuvret
À 125 km à l’est de Natashquan, sur la Basse-Côte-Nord, s’étend ce canton, proclamé en 1908. Le golfe du Saint-Laurent le délimite au nord. Le lac Salé et la baie Coacoachou le délimient donc à l’est. Ce toponyme rappelle Jean-Baptiste Peuvret Demesnu (1632-1697), soldat arrivé en Nouvelle-France en 1651. Bientôt secrétaire du gouverneur Jean de Lauson (1653), il devient notaire et greffier de la Sénéchaussée de Québec (165701659), procureur fiscal de la Compagnie des Indes occidentales (1666), receveur du Domaine du Roi (vers 1670), greffier en chef et secrétaire du Conseil souverain (1663).
Il signe alors les actes de concession sur la côte du Labrador, ce qui justifie sans doute que son nom ait été attribué à un canton localisé à cet endroit. À tous ces titres, Peuvret a ajouté encore celui de seigneur. De la famille Lauson, il hérita de la seigneurie de Gaudarville, il fut en outre propriétaire d’un arrière-fief à l’Île d’Orléans.
Canton Le Gardeur
Le canton de Le Gardeur s’étend sur la rive nord du golfe du Saint-Laurent, entre la baie des Loups et la baie Coacoachou, à 240 km à l’est de Havre-Saint-Pierre. Son territoire, borné à l’ouest par les lacs Salé et Coacoachou, est couvert d’une multitude de petits lacs dont quelques-uns portent des noms montagnais, notamment les lacs Pihiu et Pien Uhalamehim.
Le nom pertinemment choisi pour le désigner, souligne le rôle joué par un pionnier de la mise en valeur de la Côte-Nord, dès le début du XVIIIe siècle. Après une carrière militaire qui l’avait mis en contact réussi avec les Amérindiens, Augustin Le Gardeur de Courtemanche (1663-1717), né à Québec, se fit concéder, en 1702, la bordure de côté et les îles s’étendant de la rivière Kegaska jusqu’à la baie Kessessakiou (Hamilton) pour une période de six ans, avec le droit exclusif de la traite et de la chasse aux phoques ainsi que le droit de pêcher la baleine et la morue.
Courtemanche construisit le fort Pontchartrain et en fit son poste principal. La concession fut renouvelée à perpétuité en 1714. cette même année, Courtemanche était nommé commandant de roi sur la côte du Labrador. Heureux dans ses relations avec les Montagnais dont il utilisait largement les services, le commandant eut moins de succès avec les Inuits qui, en 1716, attaquèrent le fort et firent d’importants dégâts. À son décès, la concession passa aux membres de sa famille. Proclamé en 1908.
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