Lac à l’Épaule
La route 175 reliant Québec au Saguenay-Lac-Saint-Jean passe à proximité du lac à l’Épaule, situé à la limite est du parc de la Jacques-Cartier, à 50 km au nord de la capitale. Il s’étire sur presque 7 km dans un décore montagneux enchanteur. À 4 km au nord-est, dans la réserve faunique des Laurentides, se trouve le Petit lac à l’Épaule, source de la rivière à l’Épaule. Celle-ci alimente et décharge le lac principal en direction de la rivière Jacques-Cartier où elle se jette, au pied de la montagne de l’Épaule. Un barrage a été aménagé il y a quelques décennies à la sortie du plus grand de ces lacs.
L’appellation est d’origine incertaine mais est très ancienne. Un rapport daté de 1829 et signé par l’arpenteur John Adams mentionne la rivière L’Épaule et la montagne de l’Épaule, alors que William Ware décrit les environs du lac Épaule en 1835. Cette zone fut fréquentée dès le XVIIe siècle par les Jésuites qui se rendaient par un sentier montagnais au lac Saint-Jean.
Le plan du chef huron Nicholas Vincent, dressé vers 1829, identifie la rivière sous son appellation huronne Huaonjacaronte. Ce secteur, à la périphérie des établissements de colons, a connu quelques tentatives de défrichement, car des abattis y ont été repérés en 1867. Le gouvernement y fit alors construire un abri relais pour les voyageurs du Lac-Saint-Jean et plus tard, une route jusqu’au lac Jacques-Cartier. À partir de 1907, les pêcheurs sportifs ont été à leur tour desservis par des installations d’hébergement, auxquelles s’est ajouté plus tard le camp Devlin.
Le lac à l’Épaule a accueilli, à l’été 1943, sir Winston Churchill et Franklin Delano Roosevelt, réunis à Québec pour une conférence des Alliés. Un pavillon plus important, érigé par une entreprise forestière en 1946, est devenu par la suite un lieu de rencontre réservés aux instances gouvernementales. Un événement marquant de l’histoire contemporaine s’y est déroulé en septembre 1962 et a rendu célèbre l’expression « faire ou tenir un lac à l’épaule ». Un conseil est tenu, en effet, pour décider le déclenchement d’une élection référendaire sur le thème « Confier à Hydro-Québec le mandat d’unifier et d’intégrer les ressources hydroélectriques québécoises ». Au sujet de la signification du toponyme, on a émis l’hypothèse suivant laquelle « épaule » (épaulement) pouvait désigner ici un replat à pente assez douce servant au raccord de deux vallées dont le niveau diffère. Le phénomène est fréquent dans les régions qui ont connu des glaciations.
Remarquons que le terme « lac-à-l’épaule » est souvent employé au Québec pour désigner une réunion ou assemblée de planification stratégique, en particulier lorsqu’elle se tient dans un endroit retiré. Le terme peut s’appliquer aussi bien à un parti politique qu’à une entreprise, une assemblée des résidents d’un quartier ou à toute autre institution ou organisation. Cette expression est née de la réunion de Winston Churchill et de de F.D. Roosevelt, à l’été 1943 et de la réunion du conseil des ministres du gouvernement Jean Lesage, qui a eu lieu les 4 et 5 septembre 1962 au camp de pêche du Lac à l’Épaule. Cette réunion, où a été décidée entre autres la nationalisation de l’électricité, est considérée comme un des temps forts de la Révolution tranquille des années 1960.
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