Les eaux du Québec

Historique de la Lièvre

Historique de la Lièvre

Historique de la rivière du Lièvre

Dans le bassin versant de la Lièvre, les sites archéologiques attestent de la présence humaine depuis six à sept mille ans.

Lors de l’arrivée des Européens au XVIIe siècle, le nord du bassin était occupé par les Attikameks et le sud par les Oueskarinis, les deux de souche algonquine. Les premiers étaient spécialisés dans la chasse à l’orignal et les seconds dans celle du wapiti. Les deux peuples descendaient la Lièvre (Wabos Sipi) en été pour le commerce avec les autres peuples, notamment les Hurons des Grands Lacs, dans leurs campements d’été, aménagés sur les battures de la rivière des Outaouais (la Katchesipi).

Les Atikamekws qui occupaient de vastes contrées au nord du territoire actuel de Mont-Saint-Michel, étaient divisés en trois bandes que les Européens ont appelées Têtes-de-Boule, Gens-des-Terres et Poissons blancs.

Les Oueskarinis, par leur part, vivaient dans la partie sud du cours de la rivière, de Ferme-Neuve jusqu’à Gatineau. En 1653, les Oueskarinis furent décimés par les Iroquois près du Petit lac Nominingue, situé au nord-ouest de la vallée de la rivière Rouge.

L’abondance du lièvre d’Amérique dans ces contrées explique sans doute la dénomination de ce cours d’eau, mais il y existe une autre explication qui implique la présence du légendaire Homme-Lièvre (Grand-Lièvre) qui, pour les Anishinabeg, fait référence à un esprit du bien doté d’importants pouvoirs terrestres et aquatiques. Apte à se déplacer rapidement sur de longues distances, l’Homme-Lièvre se manifestait aux endroits où l’eau et les rochers s’affrontaient en permanence. Ces lieux vénérés étaient marqués à l’ocre rouge sur les parois rocheuses par les Algonquins.

Samuel de Champlain mentionne la rivière du Lièvre en 1613 sans la nommer. Voici l’extrait de son récit du voyage : « Continuant notre route amont ladite rivière, en trouvâmes une autre fort belle et spacieuse qui vient d’une nation appelée Oueskarinis, lesquels se tiennent au nord d’icelle et à quatre jours de l’entrée ». Toutefois, les premiers Européens à l’explorer furent Étienne Brûlé et Nicolas du Vigneau au début du XVIIe siècle.

La rivière devient au cours du XVIIe siècle une voie de contournement importante pour les peuples voulant commercer avec les Français et éviter les embuscades tendues par les Iroquois.

L’appellation française de la rivière remonte au moins à 1686, mais la rivière est devenue officiellement la rivière du Lièvre en 1914 lorsqu’elle paraît dans le dictionnaire des rivières et lacs de la province de Québec.

L’activité principale des premiers colons blancs est la trappe et la traite des fourrures, en particulier le castor. L’arrivée des Européens créé pourtant des rivalités nouvelles chez les Amérindiens. Les nations algonquines subissent des assauts des Iroquois, de telle sorte que la rivière des Outaouais devient dangereuse à naviguer. La rivière du Lièvre est alors le chemin permettant de contourner ces obstacles. Pour atteindre les Grands Lacs, les Amérindiens remontent la rivière du Lièvre, pour ensuite redescendre dans le Témiscamingue et passer par le lac Nipissing et la rivière des Français.

En 1720, les Français ouvrent un poste de traite à l’embouchure de la Lièvre et un siècle plus tard, un autre poste sera ouvert en 1826 au lac aux Sables, près de Notre-Dame-du-Laus. C’est vers 1840 que l’on assiste au début de la colonisation des terres. Un premier poste de traite ouvre en 1720 à l’embouchure de la rivière du Lièvre.

plongeon huard

Plongeon huard sur la Lièvre (huart à collier, plongeon imbrin). Photo : © Lucie Dumalo.

Toutefois, le XIXe siècle marque le déclin du commerce des fourrures et pendant la période des guerres napoléoniennes, l’économie de la région s’oriente plutôt vers l’industrie forestière. Ainsi, en 1806, Philemon Wright, un Bostonnais émigré au Canada, commence l’exploitation de la forêt en Outaouais.

En 1824, les autorités concèdent les premiers droits de coupe dans la vallée de la rivière. Les premiers droits sont accordés à Bowman (1824) et à Bigelow (1826). Ces deux noms de Buckingham vont marquer l’histoire de la rivière du Lièvre. Les premières coupes exploitent le grand pin blanc, pour la construction de navires. Le pin recherché devait être très droit sans nœuds, crevasses ou moisissures. Ce bois était acheminé jusqu’au port de Québec, pour être envoyé ensuite en Grande-Bretagne. La richesse forestière de la Haute-Lièvre a été à l’origine de la puissance de l’Empire britannique.

Plusieurs entrepreneurs emboîtent le pas, mais deux grandes compagnies prennent le quasi-monopole des droits de coupe, soit la James Maclaren Company Limited et la Canadian International Paper Company (C.I.P) et le quasi-monopole de ces deux compagnies s’y installe.

Au milieu du XIXe siècle, James Maclaren lance un moulin à Buckingham, ainsi que les droits de coupe de Bowman et transforme la façon de descendre le bois sur la rivière.

À cette époque, il n’y avait qu’un grand ouvrage artificiel sur la rivière : une longue glissoire de 130 mètres sur la rive droite des chutes de High Falls, dont la pente de 60 mètres de haut était assez prononcée, afin d’éviter que le bois, surtout des pins équarris, ne s’y brise.

James Maclaren fait construire à plusieurs endroits sur les affluents et les ruisseaux des digues et des barrages avec des caissons de bois pour permettre un meilleur flottage du bois.

Les pins blancs sont coupés à telle vitesse que vers le milieu du XIXe siècle ils deviennent très rares. D’ailleurs à partir du milieu du XIXe siècle, les bateaux d’acier sont de plus en plus utilisés ce qui fait que les grands pins deviennent moins utiles pour la construction navale.

D’autres essences comme le sapin, l’épinette et la pruche sont alors exploitées, en plus du pin et l’activité forestière se tourne alors vers la transformation dans les scieries. Au tournant du XXe siècle, on y voit apparaître les premières pulperies ainsi que la construction des premiers barrages. Pour la première fois au Québec, le bois coupé dans la région est transformé : il est scié à Buckingham et Masson, pour ensuite être vendu à Montréal, Boston et New York. C’est l’époque de l’urbanisation des grandes villes du nord-est des États-Unis, qui seront construites en grande partie avec le bois de l’Outaouais.

En 1902, une première pulperie, mise sur pied par les fils de James Maclaren, s’installe à Masson et la famille Maclaren se lance dans de grands travaux en béton pour faciliter la descente du bois : barrage des Rapides-des-Cèdres à Notre-Dame-du-Laus, et barrage High Falls à Val-des-Bois, ainsi que la construction d’un imposant tunnel sous la terre de huit mètres et demi de diamètre et de 1,6 km de long, entre Buckingham et Masson.

La première route est ouverte 1885 et le chemin de fer en 1909, permettant la fondation d’un chapelet de villages le long de la Lièvre. Ensuite, la route vers l’Abitibi, ouverte dans les années 1930, permet de transporter le bois par la voie terrestre. Le chemin de fer, après un long déclin, est démonté en 1989 et en 1993, la drave cesse sur la rivière du Lièvre.

C’est le début de l’époque du développement du récréotourisme et de la villégiature aux abords de la rivière. La nouvelle route nationale permet aussi le développement rapide de Mont-Laurier et de la Haute-Lièvre, même si le tourisme connaît un essor dans la première moitié du XXe siècle au niveau de la chasse, la pêche et la villégiature.

Sur l’ancienne emprise du chemin de fer démantelé, le parc linéaire Le P’tit Train du Nord, a été aménagé à des fins récréatives.

Rivière du Lièvre

L’un des principaux affluents de la rivière des Outaouais, ce cours d’eau, qu’on appelle communément La Lièvre, coule du nord au sud sur plus de 400 km depuis le lac Némiscachingue, aux confins du bassin hydrographique du Saint-Laurent.

La rivière du Lièvre emprunte d’abord une ample vallée parsemée de méandres ; puis, de Ferme-Neuve à Notre-Dame-de-la-Salette, son cours est plutôt enserré entre les montagnes. Sur les quelque 40 derniers kilomètres, la vallée s’ouvre à nouveau ; on quitte alors un environnement boisé pour entrer dans un milieu largement défriché. Elle se jette enfin dans la rivière des Outaouais à 25 km en aval de Gatineau et d’Ottawa.

Tout au long de son tracé, la rivière traverse de nombreux lacs et reçoit les eaux de plusieurs tributaires importants, notamment les rivières Mitchinanmecus et du Sourd. L’abondance du lièvre d’Amérique (Lepus americanus virginianus) dans la vallée, anciennement, explique sans doute la dénomination de ce cours d’eau que les Algonquins désignaient sous l’appellation de Wabos Sipi qui se traduit par « rivière du lièvre ».

Encore appréciée de nos jours, la viande de ce petit mammifère servait d’ailleurs de principale nourriture hivernale aux Amérindiens et aux trappeurs. De plus, dans la mythologie algonquine, le lièvre occupe une place fort importante. C’est en effet Michabou ou le Grand Lièvre, maître des animaux, qui envoie la loutre chercher le grain de sable qui deviendra la Terre. Michabou crée également les êtres humains. L’appellation française remonte au moins à 1686. Cette année-là, en effet, le chevalier de Troyes l’utilise dans son journal de voyage mais, trois ans plus tard, il parle de la rivière Lelièvre dans un autre texte. En 1703, Lahontan cartographie la rivière du Lièvre et l’identifie comme telle. Joseph Bouchette (1831 et Stanislas Drapeau (1863) quant à eux citent la rivière aux Lièvres.

La forme Rivière du Lièvre, parue dans le Dictionnaire des rivières et lacs de la province de Québec (1914) semble constante depuis ce temps. Par ailleurs, une enquête toponymique, en 1979, a recensé le nom algonquin Okai Sipi qui signifie « rivière aux dorés ». Jusqu’au début du XIXe siècle, la vallée n’était connue que des chasseurs, des trappeurs et des pêcheurs. Vers 1820, s’amorce l’exploitation forestière qui marquera toute la région. Une première scierie est bâtie à Buckingham, à 10 km de l’embouchure de la rivière ; on expédie le bois bûché en amont par flottage sur la rivière. L’âge d’or de l’exploitation se situe entre 1885 et 1920, avec l’aménagement de barrages pour régulariser le débit des eaux et en tirer de l’hydroélectricité et l’établissement des premiers colons sur l’emplacement qui allait devenir Mont-Laurier. Bien que le genre actuel et reconnue de ce cours d’eau, en l’absence du générique, soit le féminin, le masculin a été relevé dans quelques publications dont le Dictionnaire des rivières et lacs de la province de Québec, éditions de 1914 et de 1925.

Ce texte, rédigé par une jeune fille, est basée sur la publication « Noms et lieux du Québec », publiée par la Commission de toponymie du Québec. L’auteure de ce texte l’a rédigé étant très malade et écrire ces textes l’aidait à lutter contre sa maladie. Malheureusement, il a perdu cette lutte, mais on garde ces textes en son honneur.

Pour compléter la lecture :

3 Comments

  1. Morin Tremblay dit :

    Bonjour

    Je voudrais savoir en l’honneur de qui le Barrage Rhéaume a
    été nommé….(entre Masson et Buckingham)
    Merci beaucoup
    Aline Morin Tremblay

  2. Pierre Valois dit :

    Je trouve que vous avez peu de conscience professionnelle. De larges parties de votre texte sur l’historique de la Lièvre sont du plagiat. Je n’en cite qu’une source: Noms et lieux du Québec, par la Commission de toponymie du Québec. Vraiment déplorable.

  3. admin dit :

    Merci. On a mi à jour le texte, on a ajouté la source et on a expliqué la situation.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *