Historique de la Gatineau

Historique de la rivière Gatineau

Longue de 443 km, la rivière Gatineau prend sa source dans le secteur du lac du Pain de Sucre, à environ 15 km au nord-est du lac Échouani et au sud du lac Radisson, dans le Haut St-Maurice et coule généralement vers le sud, traverse le réservoir Baskatong pour terminer sa course dans la rivière des Outaouais.

Les découvertes archéologiques confirment que les premières traces d’une présence humaine dans le bassin hydrographique de cette rivière remontent à environ 3000 à 7000 ans. Des pointes de flèches et des fragments d’outils en témoignent sur les berges des lacs Bras-Coupé et Désert.

Il semblerait qu’aux alentours de l’an 1000, les Algonquins sont les seuls occupants de l’Outaouais et ses environs. En effet, lors du passage des premiers Blancs dans l’Outaouais, au début du XVIIe siècle, le bassin de la Gatineau est occupé par les Kichesipirinis, l’une de la dizaine de tribus algonquines alors recensées au Québec.

Le 4 juin 1613, Samuel de Champlain découvre cette rivière pour les Européens, en route vers l’Isle-aux-Allumettes. Il note dans son récit : Nous passâmes proche d’une rivière qui vient du nord, où se tiennent des peuples appelés Algoumequins, laquelle va tomber dans le grand fleuve Saint-Laurent, trois lieues aval le Saut Saint-Louis, qui fait une grande ile contenant près de quarante lieues, laquelle n’est pas large mais remplie d’un nombre infinie de sauts qui sont fort difficiles à passer. Quelquefois, ces peuples passent par cette rivière pour éviter les rencontres de leurs ennemis, sachant qu’ils ne les recherchent en lieux de si difficiles accès.

Entre 1650 et 1670, les Algonquins fuissent la menace iroquoise et se retirent vers les régions de Trois-Rivières et du Saguenay. La dernière fois que l’existence des Kichesipirinis a été mentionnée remonte à 1664.

La rivière Gatineau a été connue des amérindiens sous le nom de Madôbadzoak (la rivière ridée).

Champlain décrit cette rivière qui vient du nord mais ne lui donne pas de nom. Selon le Bulletin des recherches historiques, publié en 1895, l’arpenteur Noël Beaupré rédige le procès-verbal de la rivière le 3 février 1721, mais sans la nommer non plus. Nous ne savons donc pas en que moment le toponyme Gatineau a apparu. Mais en 1783, dans un rapport adressé au gouverneur Haldimand, le lieutenant anglais David Jones désigne la rivière sous la forme River Lettinoe. Lucien Brault, dans son Histoire de la Pointe-Gatineau, parue en 1948, affirme qu’il s’agirait là de la première mention écrite du nom de la Gatineau. Plus tard, sur les cartes dressées  vers 1830, mais évoquant des événements vécus au début du XIXe siècle, le voyageur et marchand de fourrures Jean-Baptiste Perrault appelle la rivière Nàgàtinong ou Agatinung.

On verra le nom de Gatteno sur un plan du canal Rideau, dressé par le lieutenant-colonel John By en 1831. La définition « R. Gatineau » paraît sur la carte de William Henderson en 1831. Le même toponyme est repris sur la carte de Thomas Devine, en 1861. Cette désignation rappellerait le souvenir d’un commerçant de fourrures du XVIIe siècle, Nicolas Gatineau ou Gastineau dit Duplessis.

Selon Raymond Douville, un premier poste de traite fut établi à l’embouchure de la Gatineau à la fin du XVIIe siècle (ou du moins il s’agissait d’un relais sur une pointe située à l’embouchure de la rivière), sur le site de la future Pointe-Gatineau.

Son nom actuel honore l’explorateur Nicolas Gatineau du Plessis, habitant de Trois-Rivières, qui se noya en parcourant la région au XVIIe siècle. Nicolas Gatineau du Plessis et ses deux fils remontèrent le cours de la St-Maurice pour se rendre à la source de la rivière Gatineau et descendre son cours jusqu’à son embouchure sur l’Outaouais.

Un débat persiste pourtant sur ce point. Dans un récit datant de 1783, le coureur des bois Jean-Baptiste Perrault utilise trois noms amérindiens à consonance similaire pour en parler : Tenagatin, Nàgàtinong et Agàtinung, et qui signifieraient « rivière qui monte sans fin ».

La ressemblance de ces noms algonquins avec celui de Nicolas Gatineau laisse croire que ces toponymes pourraient avoir tout simplement dérivés du nom du premier explorateur blanc à y avoir navigué.

En 1819, la Compagnie du Nord-Ouest s’établit au confluent des rivières Désert et Gatineau, à un endroit qui deviendra plus tard Maniwaki. Les Algonquins reviennent s’installer dans la région sur une base permanente au début des années 1830, en même temps que se développe la colonisation et les chantiers forestiers du nord de la vallée de la Gatineau.

Au début du XXe siècle, la Gatineau devient une source importante de production d’énergie. Entre 1924 et 1927, on construit le barrage Mercier, afin de créer le réservoir Baskatong qui servira à alimenter en eau quatre centrales hydro-électriques : Paugan, Chelsea et Rapides Farmers, construite en 1927 et 1928, et une petite centrale connue comme la centrale de Corbeau, maintenant fermée. En 2007, s’est ajoutée à la chaîne une centrale à fleur d’eau au pied du barrage Mercier. Tous ces ouvrages ont une puissance totale de 515 MW.

La construction de ces barrages, surtout celui de Mercier, aura permis aussi de mieux contrôler le niveau des eaux de la Gatineau, le printemps. En effet, avant 1927, la crue printanière des eaux de la Gatineau provoquait une inondation majeure au moins tous les dix ans, parfois plus souvent. La pire de ces inondations est survenue en 1876 alors que, selon les témoignages de l’époque, le niveau de la rivière avait grimpé de 28 pieds pour atteindre 558.2 pieds à Maniwaki.

Pourtant, deux grandes inondations ont frappé la Vallée de la Gatineau depuis la construction de Mercier : celles de 1947 et de mai 1974. À cette dernière occasion, la crue a dépassé les 556 pieds et a forcé l’évacuation de 3000 personnes et inondé le tiers de la ville de Maniwaki.

rivière gatineau
Rivière Gatineau. Photo : © GrandQuebec.com.

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